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Christiane Taubira, furieuse, interrompt une interview dans Complément d'enquête

Christiane Taubira

Christiane Taubira - BFMTV

L'émission Complément d'enquête diffusée ce jeudi soir sur France 2 comporte une séquence montrant l'ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira, mettre fin avec colère à une interview. Elle a interrompu l'entretien car elle n'a pas approuvé qu'on lui demande de regarder des images datant de 2013 où une militante frontiste la comparait à un singe.

Lors de l'émission prévue à la diffusion ce jeudi soir, les journalistes de l'émission Complément d'enquête ont remis une tablette entre les mains de Christiane Taubira, l'ancienne ministre de la Justice. Il lui était demandé de revoir les images d'une femme, à l'époque candidate frontiste (exclue du Front national par la suite) aux municipales de Rethel dans les Ardennes, assumant d'avoir comparé la Garde des Sceaux à un singe. Ces propos avaient été diffusés le 17 octobre dans une autre émission du service public, Envoyé spécial. Elle a été condamnée il y a un an à 3.000 euros d'amende. 

"Ça dure combien de temps cette cochonnerie?" s'inquiète en préambule Christiane Taubira au moment de réentendre le parallèle insultant opéré alors par l'Ardennaise. Elle finit par couper court et s'emporte:

"Quand on subit une telle violence, c’est à moi de venir? Face à cette dame et à ce qu’elle dit? Je vais venir faire de grands développements philosophiques? Enfin, où sommes-nous? (...) Elle attaque juste une personne? Elle attaque un pays, des valeurs, une histoire? Et vous m’interrogez-moi?"

"Ce n'est pas un sujet pour moi"

Au journaliste qui tente alors de se justifier en expliquant qu'il espérait connaître son sentiment sur la réaction de la classe politique, elle répond, furieuse: "Ce n’est pas un sujet pour moi. Vous vous posez la question de la violence que ça représente pour des gamines de trois ans, de cinq ans, de treize ans, de vingt ans, vous vous posez la question de savoir ce que ça représente? Et vous voulez que moi je vienne faire quoi? Des mondanités? Des discussions philosophiques, politiques? Vous vous rendez compte de ce que c’est?" "Maintenant, c’est bon", dit-elle ensuite prenant congés de son interviewer.

"Il faut être honnête, en montrant ces images à Christiane Taubira, nous n'avions peut-être pas mesuré combien ces paroles de haine pouvaient blesser, même cette ministre pourtant habituée à encaisser", admet bientôt une voix-off. 

Le même reportage présente aussi les injures subies par Kofi Yamgnane, un homme politique franco-togolais, secrétaire d'Etat à l'Intégration dans les gouvernements Cresson et Bérégovoy entre 1991 et 1993, et député socialiste entre 1997 et 2002. Lisant une lettre d'insulte reçue durant sa carrière politique, il analyse la mentalité de l'expéditeur raciste: "Quand on est noir et qu’on a des responsabilités politiques en France, c’est ça que ça veut dire: je ne suis décidément pas à ma place, car cette place est réservée à un Blanc." 

Robin Verner