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Hollande, un candidat pas si "naturel" à gauche pour 2017

François Hollande est le premier Président de la Vème République à ne pas faire autorité dans son propre camp en vue de la présidentielle de 2017.

François Hollande est le premier Président de la Vème République à ne pas faire autorité dans son propre camp en vue de la présidentielle de 2017. - AFP

François Hollande peut-il se représenter à la présidentielle en 2017? Au plus bas dans les sondages, contesté dans son propre camp, pour la première fois, le président sortant n'est pas le candidat naturel à sa réélection.

Le président sortant est-il forcément incontestable pour prendre la relève? Plus si sûr. Alors que tous les présidents de la Ve République se sont présentés pour un second mandat -à l'exception de Georges Pompidou, décédé pendant son premier mandat en 1974 -, François Hollande semble mal engagé dans la course qui s'annonce. Et malgré les fidèles qui le soutiennent publiquement, à l'image du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, jeudi matin sur BFMTV-RMC, cinq obstacles empêchent François Hollande d'être le candidat naturel de la gauche en 2017.

> Une impopularité historique

François Hollande est le président le plus impopulaire de la Ve République. Depuis son élection, les sondages se suivent et se ressemblent pour le pensionnaire de l'Elysée. En juin 2012, soit deux mois après son élection, 55% des électeurs lui faisaient confiance pour "résoudre les problèmes qui se posent en France".

Deux ans plus tard, en septembre 2014 il atteint son niveau le plus bas avec seulement 13% d'électeurs confiants. Un niveau qui remonte après les attentats du 13 novembre, qui boostent artificiellement la côte de confiance de l'exécutif. Un répit de courte durée, François Hollande passe en un mois de 34 à 23% de confiance.

> Un PS fracturé 

Droit de vote des étrangers, déchéance de la nationalité, politique sécuritaire: François Hollande n'a pas ménagé la gauche au cours des trois premières années de son mandat. Face au défi du terrorisme, et assisté d'un Premier ministre contesté lui aussi, le président de la République a opté pour la voie sécuritaire, au risque de s'aliéner son propre camp en multipliant les renoncements.

Résultat, ses députés le lâchent. Plusieurs dizaines ont déjà annoncé qu'ils étaient ouvertement contre la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme. Une fracture d'autant plus visible que François Hollande s'est fait des ennemis encombrants parmi les ténors du PS. Arnaud Montebourg, Martine Aubry ou encore Aurélie Filippetti ont déjà sonné la charge contre le président. Arnaud Montebourg a même évoqué avec l'ancien ministre grec Yanis Varoufakis une éventuelle candidature en 2017.

> La menace d'une primaire à gauche

La nouvelle est tombée il y a quelques jours: de nombreuses personnalités de gauche veulent une primaire en vue de 2017. Daniel Cohn-Bendit (EELV), Yannick Jadot (PS) ou encore Thomas Piketty demandent la tenue d'une élection pour choisir le candidat "de la gauche" à l'élection présidentielle de 2017.

Une possibilité inscrite dans les statuts du Parti socialiste et que François Hollande avait promis d'envisager, estimant que le président sortant n'était pas forcément le meilleur candidat de son camp. Un avis qui a évolué depuis, l'échéance approchant. "Si elle n'est pas impossible", cette primaire est "improbable", a commenté le patron du parti Jean-Christophe Cambadélis. La méthode Coué fonctionnera-t-elle pour tempérer la gronde rue de Solférino ? 

> Le chômage, encore et toujours

C'était l'engagement numéro 1 de son mandat, inverser la courbe du chômage en France. Mainte fois répété, l'objectif est pourtant loin d'être atteint, à un an de la fin du premier mandat de François Hollande. Les plans d'urgence et le pacte de responsabilité passé avec le patronat n'ont rien changé à l'affaire: le chômage est au plus haut en 2016.

En décembre 2015, le taux de chômage a atteint son plus haut niveau depuis 18 ans. Il a bondi au troisième trimestre 2015, à 10,2% de la population active en France métropolitaine (+0,2 point sur un an) touchant au total 2,941 millions de Français en métropole selon l'INSEE.

> D'autres candidats plus en vue

Détesté à droite, contesté à gauche, François Hollande n'est plus l'homme de la synthèse comme il avait pu le laisser penser en 2012. Et la place étant libre, de nombreux candidats sont sur les rangs. En première ligne, son propre Premier ministre, Manuel Valls.

Préféré au président pour représenter la gauche en 2017, le pensionnaire de la Place Beauvau est pourtant au plus bas dans les sondages d'opinion. Un indicateur que les électeurs de gauche choisissent celui qui, leurs yeux, a le plus de chance de faire gagner le PS en 2017, même s'il est contesté jusque dans son propre camp.

Mais c'est à droite que vient le plus grand danger pour François Hollande. Si Nicolas Sarkozy n'a jamais réussi à attirer à lui les électeurs de gauche, Alain Juppé semble réussir la synthèse. Au point d'être le candidat préféré des Français pour 2017, loin devant Marine Le Pen et François Bayrou. A ce classement, François Hollande arrive... dernier.

Paul Aveline