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Harcèlement sexuel: "Nous ne nous tairons plus", assurent 17 anciennes ministres

Dans un appel lancé dans le Journal du Dimanche, 17 anciennes ministres de gauche et de droite s'unissent pour dénoncer le sexisme dans le monde politique mais aussi dans la société.

Cinq ans jour pour jour après le début de la tonitruante affaire du Sofitel impliquant Dominique Strauss-Kahn, cet appel raisonne comme un rappel à l'histoire. Dix-sept anciennes ministres de droite et de gauche lancent ce dimanche un appel, dans le Journal du Dimanche, contre le sexisme qu'elles dénonceront désormais "systématiquement".

"Nous partageons la volonté que le sexisme n’ait pas sa place dans notre société", écrivent Roselyne Bachelot, Michelle Demessine, Cécile Duflot, Elisabeth Guigou, Aurélie Filippetti, Chantal Jouanno, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarde, Marylise Lebranchu, Corinne Lepage, Monique Pelletier, Fleur Pellerin, Valérie Pécresse, Yvette Roudy, Catherine Trautmann, Dominique Voynet et Rama Yade.

"Est-ce que tu portes un string?"

Cette démarche intervient quelques jours après les révélations de Mediapart et France Inter sur Denis Baupin. Le député écologiste est accusé par plusieurs femmes d'harcèlement et d'agression sexuels, ce qu'il conteste. Aujourd'hui, dans cette tribune au JDD, les anciennes ministres parlent de "fléau" qui touche toutes les couches de la société.

Partant de leur propre exemple, elles racontent, sans pudeur, ce qu'elles ont pu entendre dans les couloirs des ministères ou sur les bancs de l'assemblée. 

"A part ses seins magnifiques, elle est comment?". Ou encore: "Ta jupe est trop longue, il faut la raccourcir" ou "Est-ce que tu portes un string?".

"Nous avons été ministres, nous sommes ou avons été élues. Et comme toutes les femmes qui ont accédé à des milieux auparavant exclusivement masculins, nous avons eu à subir et à lutter contre le sexisme." Mais pour ces anciennes élues, le monde politique a "un devoir d'exemplarité" sur cette question du sexisme. "J’ai pu mesurer, pour avoir été députée européenne pendant cinq ans, la différence avec le Parlement européen où des propos de ce genre de comportements serait impensable", explique sur BFMTV, l'une des signataires, Corinne Lepage.

"Nous ne nous tairons plus"

Aujourd'hui, Roselyne Bachelot, Elizabeth Guiguou, Rama Yade ou encore Cécile Duflot souhaite que la peur change de camp. "Cela arrive tous les jours à des femmes dans les transports, dans les rues, dans les entreprises, dans les facultés", insistent-elles. Mais le changement de mentalité est encore long car "peu de femmes portent plainte et très peu de plaintes débouchent sur des condamnations", déplorent-elles.

"Cela suffit. L’impunité, c’est fini. Nous ne nous tairons plus", clament ces élues.

La preuve par l'exemple. A la publication de plusieurs articles sur cette tribune, Cécile Duflot, la députée écologiste, a recensée plusieurs tweets qualifiés de sexiste.

Ces anciennes ministres énumèrent alors une série de propositions pour libérer la parole comme l'allongement des délais de prescription en matière d'agression sexuelle, qui est de trois ans actuellement, la possibilité pour des associations compétentes de porter plainte à la place des victimes ou encore le jugement des affaires de viols aux assises et non plus devant des tribunaux correctionnels. Actuellement, 80% des agressions sexuelles sont considérées comme des délits et non comme des crimes.

J.C.