Taubira "espère" que la déchéance de nationalité ne figurera pas dans la Constitution

Christiane Taubira, le 25 novembre 2015. - Miguel Medina - AFP
Christiane Taubira le redit encore: si elle a décidé de quitter le gouvernement, c'est en raison d'un "désaccord politique majeur". Dans un entretien au Monde, l'ancienne garde des Sceaux, qui vient de publier un livre Murmures à la jeunesse, revient sur les circonstances de son départ. "Je suis partie sur un désaccord politique majeur", affirme-t-elle comme lors de son départ.
En cause: la déchéance de nationalité et son inscription dans la Constitution, annoncée par François Hollande lors de son discours devant le Congrès.
"Je pense qu'il y a eu une courte fenêtre pendant laquelle il était possible de prendre de la distance par rapport à ce que le président de la République a dit au Congrès (…) Mais j'ai cependant compris très vite que, sur l'essentiel, il n'y aurait pas de retour en arrière et que (…) ma place n'était plus au gouvernement"
Ce qui ne l'empêche pas de lancer un dernier appel à François Hollande: "J'espère que la déchéance de nationalité ne sera pas inscrite dans la Constitution", dit-elle. "Oui, j'espère très sincèrement que la gauche n'aura pas à assumer une telle décision".
"La gauche, ce n'est pas un chef bonapartiste!"
L'ex-ministre en appelle également à une partie de la gauche dont elle sait le désaccord avec une telle mesure.
"Je ne suis pas seule à l'oeuvre. Il y a une dynamique. J'ai vu des députés pourtant archi-loyaux à l'égard de la majorité avoir le courage d'écrire des tribunes en ce sens dans la presse de leur circonscription. La gauche, ce n'est pas un chef bonapartiste! C'est un mouvement et le sens de la délibération collective".
Au gouvernement, Christiane Taubira a été remplacée par Jean-Jacques Urvoas. "Je n'ai aucun commentaire à faire sur M. Urvoas. Vous le jugerez sur ses actes", déclare-t-elle simplement. Quant à ses désaccords avec Manuel Valls, elle concède qu'ils existent, "c'est incontestable". "Mais lorsqu'ils sont survenus j'ai demandé un arbitrage, c'est ainsi en démocratie. Je n'écris pas un livre pour répondre à Manuel Valls. Je m'adresse à la jeunesse".