BFMTV
Gouvernement

Sébastien Lecornu engagé dans une course contre-la-montre pour former un nouveau gouvernement

placeholder video
Le nouveau Premier ministre, de nouveau nommé ce vendredi 10 octobre par Emmanuel Macron, fait face aux pressions de tous bords alors que le vote du budget presse.

De nouveau sous la menace d'une censure après sa reconduction très critiquée, Sébastien Lecornu doit constituer, dans un délai très court, son nouveau gouvernement afin de pouvoir présenter un projet de budget ce lundi 13 octobre.

Emmanuel Macron a annoncé ce vendredi 10 octobre la reconduction à Matignon de Sébastien Lecornu, à l'issue d'une folle semaine entamée par sa démission et celle de son premier gouvernement, qui n'aura survécu que 14 heures.

Nouvel essai, donc: le président lui donne "carte blanche" pour proposer une nouvelle équipe gouvernementale et mener "les négociations" avec les partis politiques. Dans la foulée, le Premier ministre démissionnaire a dit accepter la mission "par devoir", et va devoir s'atteler dès ce samedi 11 octobre à la formation de son équipe.

Entre menaces de censure et manque de liant

Entre les menaces de censure des oppositions et un socle commun largement mis à mal, sa tâche s'annonce éminemment difficile. Avec d'abord une première question urgente: qui asseoir à la table du Conseil des ministres lundi pour la présentation du projet de budget 2026, dont l'examen au Parlement doit démarrer au plus vite?

Sébastien Lecornu le sait, sa nomination n'est que la première étape d'un week-end fastidieux pour l'exécutif. "Sur proposition du Premier ministre, le président de la République nomme les autres membres du gouvernement. Il faut ensuite qu'ils se réunissent en Conseil des ministres pour confirmer le projet de budget et qu'il soit soumis au Parlement", explique la constitutionnaliste Marie-Anne Cohendet, à BFMTV.

Que pensez-vous de la re-nomination de Sébastien Lecornu ? - 11/10
Que pensez-vous de la re-nomination de Sébastien Lecornu ? - 11/10
4:00

À force de tergiversations, les délais sont désormais resserrés. Le futur gouvernement doit transmettre son projet loi de finances ce lundi 13 octobre au plus tard afin de faire adopter un texte avant la fin d'année. Le texte doit en effet suivre un chemin parlementaire précis, 40 jours à l'Assemblée, 20 au Sénat et dix pour une fin de navettes entre les deux chambres.

"Si au bout de 70 jours, le Parlement ne s'est pas prononcé, alors le budget peut être adopté par voie d'ordonnance. Donc, ça donne une grosse sécurité sur l'adoption du budget", précise la constitutionnaliste Marie-Anne Cohendet. Ajoutant: "Ceci dit, il est toujours possible de reconduire par des lois spéciales mais ça sera beaucoup plus compliqué et incertain." Dès la semaine prochaine, Sébastien Lecornu pourra également formuler son discours de politique générale et solliciter, s'il le souhaite, un vote de confiance déterminant pour la survie de son gouvernement.

Un "renouvellement et la diversité des compétences"

Sébastien Lecornu a prévenu que le futur gouvernement "devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences", demandant aux prochains ministres de "s'engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027".

Ce qui semble exclure a priori plusieurs poids lourds de son ancien gouvernement, comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin, mais surtout le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, détonateur de la chute de Lecornu I et qui a d'ailleurs assuré ce samedi devant les parlementaires LR qu'il ne participera au futur exécutif. Alors que la gauche ne sera pas non représentée qui, au sein du socle commun qui a implosé au cours de cette séquence politique, en sera?

Les Républicains, doivent décider dans la matinée de leur participation. Les députés de son groupe lui ont toutefois déjà apporté leur soutien. Autre formation, le parti Horizons d'Édouard Philippe, qui envisage un soutien sans participation au gouvernement si celui-ci touche au "coeur" de la réforme des retraites de 2023.

Or, le Premier ministre a promis que "tous les dossiers évoqués" pendant ses consultations avec les partis seraient "ouverts au débat parlementaire".

"Une honte démocratique"

Mais pris en étau entre la gauche et l'aile droite de sa coalition, Sébastien Lecornu devrait faire preuve de doigté pour rouvrir la réforme de 2023 d'Élisabeth Borne. Pour se prononcer, le Parti socialiste attend la déclaration de politique générale du Premier ministre prévue la semaine prochaine. La date exacte n'est pas encore connue.

Mais il a prévenu: sans confirmation "de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons".

Le reste des formations politiques d'opposition de gauche n'ont pas attendu longtemps. Dès l'annonce de la reconduction, La France insoumise, le Parti communiste français et les Écologistes ont immédiatement promis de censurer. Tout comme le Rassemblement national.

Une nouvelle motion de destitution?

"Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir. La France et son peuple sont humiliés", a écrit le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur X, en précisant que la formation de gauche radicale déposerait "une nouvelle motion de destitution du président de la République" et censurerait "immédiatement" le prochain gouvernement.

"Nous proposons dès ce soir aux parlementaires de la gauche de l'hémicycle de signer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution du président de la République", a précisé le groupe insoumis à l'Assemblée nationale.

Même son de cloche à l'autre bout du spectre politique, où le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré que son parti "censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir", en dénonçant "une mauvaise plaisanterie, une honte démocratique et une humiliation pour les Français". Position également adoptée par l'allié du RN, Éric Ciotti.

AV avec agences