Sébastien Lecornu chahuté au Sénat par la droite au moment d'évoquer la suspension de la réforme des retraites

"Suspendre, ce n'est pas renoncer, ce n'est pas reculer". Au lendemain de son annonce devant l'Assemblée nationale de suspendre la réforme des retraites, Sébastien Lecornu s'exprimait ce mercredi 15 octobre devant le Sénat, dominé par une droite hostile à cette décision.
"Le gouvernement proposera un texte pour suspendre dès maintenant la réforme de 2023 sur les retraites jusqu'au lendemain de l'élection présidentielle. C'est un acte de compromis pour la stabilité du pays, y compris pour son économie, comme l'a rappelé le nouveau prix Nobel Philippe Aguillon. Et cet acte devra être financé comme toute chose", a défendu le Premier ministre sous les premiers éclats de voix de sénateurs.
Le locataire de Matignon a ensuite évoqué la proposition dans les semaines à venir de réunir une grande conférence sur les retraites, mais aussi le travail, avec les organisations syndicales et patronales, mais aussi les meilleurs d'experts avec pour échéance, le printemps.
"Suspendre ce n'est pas renoncer"
"La gestion de notre système de retraite devra être réinterrogée. Toutes les propositions seront à étudier. Certains veulent les systèmes par points, d'autres par capitalisation, d'autres veulent abandonner toute référence d'âge. Mais ces propositions ne valent que si l'on sait qui est responsable. Aux partenaires sociaux de s'emparer de cette question centrale", a-t-il ajouté.
Après avoir longuement parlé de la méthode, il est revenu sur les désaccords exprimés par ses opposants. "Suspendre ce n'est pas renoncer, ce n'est pas reculer non plus, si nous savons utiliser ce temps avec intelligence et volonté d'avancer, la cohésion sociale, l'unité du pays et donc sa stabilité sont une force, la droite dans le passé, à su le montrer, la division, elle, a un coût", a déclaré le Premier ministre, couvert par des éclats de voix de sénateurs au point que le président Gérard Larcher a dû leur demander de cesser le chahut.
Déception d'un sénateur LR
Interrogé sur BFMTV, le sénateur LR de l'Oise, Philippe Paccaud a expliqué pourquoi ses collègues ont bruyamment réagi au discours de Sébastien Lecornu. "Nous n'avons pas été convaincus par son discours parce qu'il nous propose plus d'impôts, 14 milliards, plus de dette, et moins de pouvoir d'achat pour les Français", a-t-il résumé.
Le parlementaire a déploré la suppression de l'abattement fiscal de 10% pour les retraités ou le gel du barème de l'impôt sur le revenu. "200.000 foyers vont rentrer dans l'impôt et ils gagnent 11.500 euros par an, ce sont des gens modestes. Il y a beaucoup d'impôts nouveaux comme les taxes sur les petits colis. Il y aura une grosse baisse de pouvoir d'achat (...) ce budget penche très nettement à gauche", a poursuivi Philippe Paccaud qui a annoncé qu'il voterait la censure, s'il était député, en évoquant la suspension de la réforme des retraites.
"Cette réforme est très simple, parce qu'elle repose sur des données mathématiques et démographiques têtues, la population vieillie, il y a de moins en moins d'actifs qui peuvent financer les pensions des inactifs, et elle est très compliqué parce qu'elle demande des efforts et il faut un peu de courage et M.Lecornu fait preuve de tout sauf de courage".