Sébastien Lecornu à Matignon: entre départs, hésitations et défections, qui soutient encore le Premier ministre au sein du socle commun?

Le Premier ministre Sébastien Lecornu à l'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, le 11 octobre 2025 - Martin LELIEVRE
Il ne restait plus grand chose samedi du socle commun, cette coalition du centre et de la droite qui a gouverné la France cahin-caha depuis que la dissolution surprise de l'été 2024 a jeté la France dans une crise politique sans précédent. Etat des lieux des positions des uns et des autres.
• Ceux qui claquent la porte du gouvernement
Emmenés par leur chef, qui avait précipité il y a une semaine la chute du premier gouvernement Lecornu tout juste formé, les Républicains ont décidé samedi de ne pas participer à la prochaine équipe gouvernementale.
Le bureau politique, instance acquise à Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur démissionnaire et président de LR, a décidé que le parti se contenterait désormais d'un "soutien texte par texte". Et ceci alors que les députés LR, très soucieux d'éviter une nouvelle dissolution, avaient plaidé pour un soutien avec participation, comme c'était le cas depuis septembre 2024.
Dans la foulée, l'Union des démocrates et indépendants (UDI) qui dispose d'un gros groupe au Sénat mais de quelques députés seulement, a pris une décision similaire. Le parti créé par Jean-Louis Borloo a promis une "collaboration loyale, vigilante et exigeante" mais a prévenu qu'il ne voterait pas le budget "à n'importe quel prix".
• Ceux qui soutiennent du bout des lèvres
"C'est la décision du président de la République." Par cette affirmation laconique, Gabriel Attal, président du groupe et du parti macroniste Renaissance, a semblé tempérer l'agacement qu'il avait exprimé ces derniers jours à mesure que l'hypothèse d'une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon se précisait.
Celui qui avait appelé le président Emmanuel Macron à "partager le pouvoir", s'est contenté de tweeter que "le seul enjeu qui vaille désormais, c'est de doter la France d'un budget", promettant d'y "travailler d'arrache-pied". Mais plusieurs ministres Renaissance sont potentiellement sur le départ, rendant la tâche de confectionner un gouvernement encore plus ardue pour Sébastien Lecornu.
Soit par conviction, comme Agnès Pannier-Runacher, qui a fait partie de tous les exécutifs depuis 2018 mais pour qui le nouveau Premier ministre n'aurait pas dû venir du camp macroniste. Soit par ambition présidentielle, que Sébastien Lecornu a dit vouloir éviter. Ainsi Gérald Darmanin ou Aurore Bergé pourraient se voir indiquer la sortie.
De son côté, le parti d'Édouard Philippe Horizons, opposé à tout retour sur la réforme des retraites de 2023, même pour arracher un accord de non-censure au PS, continue de laisser planer la menace d'un soutien sans participation. Sans s'y résoudre toutefois lors d'une réunion de ses instances dirigeantes samedi, qui ont préféré attendre "ce que va proposer le Premier ministre pour le pays".
• Ceux qui s'"engagent"
Le MoDem, dont le patron et ancien Premier ministre François Bayrou a toujours été constant dans sa fidélité à Emmanuel Macron depuis 2017, a finalement réagi samedi soir à la renomination de Sébastien Lecornu.
L'assurant de son "engagement total", le président du groupe Marc Fesneau a néanmoins souhaité que ce dernier fasse connaître "les intentions du gouvernement" en matière budgétaire. Il a également enjoint au locataire de Matignon de "proposer au Parlement une nouvelle voie permettant d'assurer la stabilité politique du pays".