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Gouvernement

Réforme des retraites: pour François Rebsamen, "le gouvernement doit abandonner sa mesure d'âge"

Le maire de Dijon et ex-ministre François Rebsamen le 28 mars 2022 à Dijon

Le maire de Dijon et ex-ministre François Rebsamen le 28 mars 2022 à Dijon - Ludovic MARIN

"Reporter l'âge légal et accélérer l'augmentation de la durée de cotisation, c'est la double peine", selon le maire de Dijon, pourtant soutien d'Emmanuel Macron.

Les jours passent et l'orchestre de la macronie joue de moins en moins à l'unisson sur la réforme des retraites. La dissonance vient cette fois d'un allié du président de la République: François Rebsamen, maire de Dijon. Dans les colonnes du Figaro, l'ex-socialiste, qui avait soutenu Emmanuel Macron lors de la dernière présidentielle, fait savoir ses désaccords avec le projet de l'exécutif.

"Je demande le retrait de l'âge légal, au profit de la seule accélération de la durée de cotisation", déclare l'édile.

Dans la mouture actuelle du gouvernement, il est prévu de reporter l'âge légal de 62 à 64 ans d'ici 2030; et d'accélérer le rythme de la réforme Touraine pour allonger la durée de cotisation de 42 à 43 ans d'ici 2027.

Le gouvernement "ne doit pas fracturer le pays"

"Reporter l'âge légal et accélérer l'augmentation de la durée de cotisation, c'est la double peine! C'est trop brutal", selon François Rebsamen. L'ancien ministre du Travail sous le quinquennat de François Hollande reconnaît de "nombreuses avancées", "pour les petites retraites portées à 1200 euros minimum, pour les travailleurs aux carrières longues, pour les femmes aux carrières hachées, pour les personnes handicapées", mais il avertit l'exécutif au regard du contexte actuel.

"Il ne doit pas fracturer le pays, déjà secoué par la sortie du Covid, l'inflation, le changement de relation au travail et le choc de la guerre en Ukraine."

Certes, le fondateur de Fédération progressiste - qui regroupe des anciens du Parti socialiste et dont des membres avaient candidaté sous la bannière Ensemble lors des législatives - soutenait un président dont le programme prévoyait déjà de reporter l'âge légal. Mais, se défend-il, "la proposition n'était pas précise" et son "soutien ne valait pas blanc-seing".

"Les efforts doivent être mieux partagés"

Le maire de Dijon souhaite "changer de pratiques" et instaurer notamment une "clause de revoyure annuelle". "Chaque année, le gouvernement et les syndicats réformistes devraient trouver un consensus pour ajuster la durée de cotisation. Cela éviterait bien des psychodrames sociaux", argumente-t-il.

Par ailleurs, François Rebsamen juge que "les efforts doivent être mieux partagés". Comment? "En mettant fin aux exonérations de cotisation, pour les salaires compris entre 1,6 et 3,5 du Smic" et "en revenant sur la supression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)". L'opération permetterait de réunir environ 8 milliards d'euros selon ses calculs. Il propose également une "légère augmentation de la CRDS, qui touche les revenus du capital, et de la CSG, pour les pensions les plus élevées."

Pour l'instant, le gouvernement a montré sa fermeté, répétant qu'il ne souhaitait pas augmenter les impôts. "Je ne partage pas toute la philosophie du gouvernement", souligne François Rebsamen dans Le Figaro. Il n'est pas le seul: plusieurs députés de la majorité, dont notamment l'ex-ministre Barbara Pompili, ont fait savoir qu'ils ne voteraient pas la réforme des retraites en l'état.

Baptiste Farge