BFMTV
Gouvernement

Racisme contre Taubira: les politiques montent au créneau

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, à la sortie de l'Elysée le 6 novembre 2013.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, à la sortie de l'Elysée le 6 novembre 2013. - -

François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Malek Boutih, Marine Le Pen et Florian Philippot ont réagi vivement mercredi aux insultes proférées contre la ministre de la Justice Christiane Taubira.

Enfin, les langues politiques se délient, quelques temps après la salve d'insultes racistes qui ont visé la ministre de la Justice. Mercredi, dans les colonnes de Libération, Christiane Taubira a regretté la tiédeur des réactions, notamment au sommet de l'exécutif. "Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il n'y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française."

Elle a été entendue. Quelques heures plus tard, François Hollande a "appelé à la plus grande fermeté et à la plus grande vigilance" contre le racisme, a rapporté la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem à la sortie du Conseil des ministres. "Le président de la République a renouvelé son soutien à Christiane Taubira face à la gravité extrême des insultes racistes qui ont été proférées à son endroit."

Ayrault "a raté une occasion d'avoir un propos républicain fort"

Et sur les marches de l'Elysée, les ministres ont fait front commun autour de la Garde des Sceaux, avec des interventions de Vincent Peillon et George Pau-Langevin. Jean-Marc Ayrault a également réaffirmé sa "solidarité" avec la ministre de la Justice. "Il ne faut rien laisser passer", a ajouté le Premier ministre. Mais, pour lui, ces "dérives" ne représentent pas "l'état du pays". "Je suis convaincu que l'immense majorité des Français n'accepte pas le racisme", a-t-il martelé.

Sur BFMTV, Malek Boutih, député socialiste de l'Essonne, a partagé le sentiment de la ministre. "C'est normal que l'opposition et des citoyens contestent son action, même de manière virulente. Mais s'en prendre à sa couleur de peau ou à ses origines... Là, on dépasse les limites. Ce manque de solidarité ne me surprend pas, mais c'est vrai que j'aurais attendu du Premier ministre qu'il ait un peu plus d'autorité pour protéger sa ministre de la Justice, il a raté là une occasion d'avoir un propos républicain fort. Elle s'est sentie peut-être seule."

Le FN s'emporte et parle de "diversion"

Mais le FN ne l'entend pas de cette manière. Florian Philippot, vice-président du FN, a dénoncé mercredi un débat sur le racisme en France "artificiel" et "showbiz", qu'on essaye de lancer" sur "une France raciste", des "Français beaufs", et qui est, à ses yeux, "une diversion".

Interrogé par RMC sur les propos du journaliste Harry Roselmack dénonçant une libération de la parole raciste et mettant en cause son parti, le bras droit de Marine Le Pen a estimé que "ce débat arrive comme un cheveu sur la soupe, tout d'un coup, de la part de personnes très bien loties", assurant que le journaliste noir de TF1 "est payé des fortunes", "le premier journal télévisé de la première chaîne de France lui a été confié, vous imaginez à quel point la France est un pays odieusement raciste!".

La présidente du Front National, Marine Le Pen, est allée plus loin encore, reprochant à la ministre de la Justice d'avoir "toujours été outrancière". Elle a été "victime d'insultes que nous avons condamnées, car les insultes sont inadmissibles dans le débat démocratique (...) mais elle a répondu en insultant les millions de Français qui croient au Front national. Sa responsabilité est immense."

A. G. avec AFP