Pourquoi Hulot a désamorcé les accusations contre lui avant leur parution

Avant même que la tempête éclate, Nicolas Hulot a décidé de passer à l'offensive. Sur BFMTV jeudi matin, le ministre de la Transition écologique a tenu à démentir des rumeurs de harcèlement sexuel dont il fait l'objet. Des accusations qui doivent paraître demain vendredi, dans le prochain numéro d'Ebdo. Au courant de cette parution, le ministre a donc décidé de "prendre les devants", selon ses propres termes, pour contrer "un poison lent qui tue", celui de "la rumeur".
"C'est très difficile quand vous découvrez les choses tardivement, de monter au créneau pour vous défendre", explique Christophe Barbier. "Nicolas Hulot visiblement a été vigilant de ce côté-là".
Une stratégie payante, donc. "Mais il n'avait pas le choix, car il savait qu'Ebdo allait sortir l'information", remarque Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique. En effet, le ministre a également répondu à l'hebdomadaire.
"Intervenir avant la parution lui permet de dire sa vérité, et de dire qu'il est innocent avant même d'être accusé. Si vous ne dégainez pas le premier, c'est l'accusation contre vous que les gens vont retenir".
Ainsi, Nicolas Hulot contrôle son image et peut mieux organiser sa défense. "Il peut préparer l'opinion et attirer la sympathie sur lui".
La séquence Darmanin, cruciale pour Hulot
Gérald Darmanin en a fait de même le 15 janvier dernier. Invité de Franceinfo, le ministre de l'Action et des comptes publics révèle, sans y avoir été invité, avoir été accusé de d'abus de faiblesse, "voire de viol", par une jeune femme. Cette dernière porte finalement plainte pour viol le 22 janvier. Le ministre, lui, dément et bénéficie du soutien d'Edouard Philippe et d'Emmanuel Macron.
"Gérald Darmanin s'est relativement bien sorti de sa séquence, cela peut donc aider Nicolas Hulot. Le gouvernement soutient le premier, donc n'a pas de raison de ne pas soutenir le second", prédit Philippe Moreau-Chevrolet.
Mais comme d'autres avant lui, Nicolas Hulot n'avait pas d'autre alternative, selon le communicant: "Pendant longtemps, on a pu cacher les informations et empêcher qu'elles sortent. Aujourd'hui, non seulement elles sortent, mais elles sont ensuite relayées, amplifiées par les réseaux sociaux et les chaînes d'information". D'où l'intérêt de déminer le terrain. Une stratégie relativement récente.
Le précédent Fillon
François Fillon en avait fait lui aussi l'expérience en janvier dernier. Alors que le Canard enchaîné avait déjà révélé les soupçons d'emplois fictifs concernant sa femme Pénélope, le candidat de la droite à la présidentielle avait annoncé sur TF1 avoir rémunéré deux de ses enfants, Marie et Charles, lorsqu'il était au Sénat.