Meurtre dans une mosquée du Gard: François Bayrou défend le terme "islamophobie"

Le Premier ministre François Bayrou à la sortie de l'Elysée, le 21 avril 2025 à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
François Bayrou a défendu ce samedi 3 mai dans le JDD son emploi du terme "islamophobe" - contesté par une partie de la classe politique - après le meurtre d'un musulman dans une mosquée la semaine dernière.
"Il faut avoir le courage de dire les choses telles qu'elles sont", dit le Premier ministre dans une interview parue samedi soir sur le site du Journal du Dimanche (JDD).
"Refuser un mot parce qu'on ne veut pas regarder la réalité en face, c'est une attitude que j'ai déjà rencontrée dans ma vie politique. Ici, les faits sont clairs: un garçon de 22 ans, assassiné dans une mosquée pendant qu'il priait. Et son agresseur filme sa mort en proférant des insultes contre Allah. Alors je pose la question: si ce n'est pas de la haine dirigée contre l'islam, qu'est-ce que c'est ? Pourquoi refuser les mots justes ?", ajoute-t-il.
"Je vois la détestation des musulmans et de l'Islam, la détestation des Juifs et du judaïsme. Et la détestation des chrétiens. Avec des crimes dans les trois cas", dit-il encore. Ce terme n'est pratiquement pas utilisé par la droite, qui le conteste.
"Il y a une connotation idéologique du terme 'islamophobie' très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l'utiliser", avait expliqué le ministre de l'Intérieur et potentiel futur patron du parti Les Républicains Bruno Retailleau après le meurtre d'Aboubakar Cissé dans le Gard.
La gauche divisée sur l'utilisation du terme
Une grande partie de la gauche l'utilise mais ce n'était pas le cas il y a encore quelques années. "Certes, 'islamophobe' est un mot que nous n'aimons pas. Certes, nous préférons combattre la 'haine des musulmans'. Mais la question posée aujourd'hui n'est pas du tout celle du droit ou non de critiquer une religion", écrivait ainsi Jean-Luc Mélenchon en 2019.
A l'époque, la gauche se déchirait sur la nécessité de participer ou non à une marche "contre l'islamophobie" organisée par le Collectif contre l'islamophobie en France, dissous depuis car accusé de liens avec les Frères musulmans.
Les Insoumis utilisent maintenant très largement ce mot. "Que ceux qui essaient de noyer le sujet sur fond d'acrobatie sémantique se réveillent", a ainsi fustigé dans la semaine l'eurodéputée Rima Hassan.
En 2021, le député socialiste Jérôme Guedj expliquait récuser ce terme qu'il considérait comme un "concept éminemment politique et pernicieux".
"La bataille politique commence toujours par la bataille des mots. Ce mot leur permet d'englober subrepticement mais méthodiquement la contestation des lois laïques", disait-il alors. Son usage n'est toujours pas répandu partout à gauche. Le patron du Parti communiste français Fabien Roussel lui préfère ainsi le terme "haine anti-musulmans".