BFMTV
Gouvernement

Macron candidat: la réplique immédiate de Manuel Valls 

Emmanuel Macron à Cergy-Pontoise le 16 novembre 2016.

Emmanuel Macron à Cergy-Pontoise le 16 novembre 2016. - BFMTV

Le Premier ministre a réagi mercredi à l'annonce de candidature de son ancien ministre de l'Economie et en a profité pour avancer ses pions en vue, lui aussi, de se lancer dans la course présidentielle de 2017.

La rivalité entre Manuel Valls et Emmanuel Macron est monté en gamme mercredi peu avant midi. A l'annonce de la candidature à la présidentielle de l'ex-ministre de l'Economie à Bobigny, la réaction du Premier ministre était attendue. En déplacement sur le thème de l'éducation à Cergy-Pontoise dans le Val-d'Oise, le chef du gouvernement a esquivé les questions mais n'a pas manqué de lancer des piques au fondateur du mouvement En marche!.

"Rien ne m'affecte"

Interrogé sur la candidature d'Emmanuel Macron alors qu'il sort de son véhicule, Manuel Valls feint dans un premier temps l'indifférence: "Rien ne m'affecte", assure-t-il. Mais une fois à la tribune, le Premier ministre distille des commentaires qui ne font aucun doute sur le destinataire.

"L'exercice du pouvoir c'est une éthique de responsabilité. C'est savoir tenir bon et avoir le sens de l'intérêt général, le sens du collectif. Refuser les aventures individuelles", lance-t-il.

"Sans expérience, ni vision!"

Une candidature de Manuel Valls dans la course à l'Elysée - via la primaire de la gauche - surtout en cas de défection de François Hollande est une hypothèse entretenue dernièrement par les mots de Jean-Yves Le Drian notamment. Manuel Valls est le recours naturel. D'ailleurs, le locataire de Matignon ne manque jamais une occasion de mettre en avant sa fidélité au chef de l'Etat pour marquer sa différence avec Emmanuel Macron qui a démissionné du gouvernement.

Autre argument avancé pour se distinguer de l'ancien banquier d'affaires, le Premier ministre poursuit en soulignant l'importance de l'expérience pour exercer les plus hautes fonctions de l'Etat. D'ailleurs le chef du gouvernement enfonce le clou un peu plus tard lors d'une table ronde en regrettant avec ironie, "je sais bien qu'aujourd'hui, c'est la jeunesse qui compte sans expérience, ni vision!"

L'opposition systématique à Emmanuel Macron peut se révéler utile à Manuel Valls. "C'est le paradoxe de cette candidature Macron, elle peut donner un coup de pouce à Manuel Valls, l'un et l'autre ont un intérêt commun, à savoir que François Hollande renonce à déclarer sa propre candidature. Alors ils se retrouveraient face à face", explique Laurent Neumann, éditorialiste politique BFMTV. 

"Un projet de société"

Encore faut-il que Manuel Valls soit candidat à la primaire de la gauche. Et qu'il la gagne... En attendant au sein du gouvernement, des soutiens de plus en plus nets commencent à s'afficher. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement a expliqué sur BFMTV qu'il ne voyait pas comment le programme défendu par Emmanuel Macron présenté comme "un accroissement du libéralisme, des inégalités (…) pouvait répondre aux problèmes que se posent aujourd'hui les Français".

A l'inverse, le membre du gouvernement voit dans le discours de Manuel Valls de ce matin qui met "au cœur de son projet de société la nation éducative, (…) une proposition, une vision. Nous sommes devant un projet de société". Des propos qui laissent peu de place à l'interprétation. "Ce que nous dit Jean-Marie Le Guen, c'est que Valls doit y aller. François Hollande ne peut pas être candidat. Ils sont de plus en plus nombreux au sein de son gouvernement à dire que c'est désormais trop tard pour l'actuel président et qu'il doit céder la place à Manuel Valls", explique Thierry Arnaud, chef de service politique de BFMTV.
Elise Maillard avec François Gapihan, Thomas Soulié, Etienne Grelet