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Gouvernement

France-Algérie: Retailleau appelle à "normaliser" la "relation diplomatique" entre les deux pays

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 13 décembre 2024 à Paris

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 13 décembre 2024 à Paris - Alain JOCARD / AFP

Souvent en dents de scie, les relations franco-algériennes se sont détériorées depuis l'été dernier. La tension entre les deux pays s'est illustrée récemment lorsque l'Algérie a refusé l'entrée sur son territoire d'un influenceur algérien expulsé de France.

"Je crois qu'il nous faut désormais normaliser notre relation diplomatique avec l'Algérie", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau dans une interview à l'Express publiée ce mardi 21 janvier, ajoutant que "le moment est venu de tourner la page".

Dans un entretien largement consacré aux relations tumultueuses de la France avec l'Algérie, qui se sont envenimées récemment lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire d'un influenceur algérien expulsé de France, Bruno Retailleau a appelé à "dépassionner" les échanges avec l'ancien pays colonisé.

Construire des "liens apaisés"

Il faut "faire en sorte qu'on entre enfin dans une relation d'égal à égal, sans arrière-pensée, dépourvue de cette idée d'un droit de tirage perpétuel sur la mémoire pour reprocher à la France les événements passés", a-t-il indiqué.

"Le moment est venu de tourner la page. En objectivant les faits, en construisant des liens apaisés, c'est-a-dire réciproques", a-t-il ajouté.

Le ministre a néanmoins répété son souhait de revoir les accords franco-algériens de 1968, qu'il estime "datés et déséquilibrés". Cet accord bilatéral signé en 1968 crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

"Retrouver un regard équilibré sur la période coloniale"

Les relations souvent en dents de scie entre la France et l'Algérie se sont détériorées depuis l'été dernier avec l'annonce de l'appui de Paris au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Plusieurs dossiers ont ensuite continué d'assombrir les relations bilatérales, dont l'incarcération depuis la mi-novembre en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

"Nous avons proposé un récit culpabilisant, la repentance, qui a fini par atteindre cette fierté française. Il nous faut reconstruire cette fierté française" a poursuivi le ministre interrogé sur le "sentiment anti-français".

"Nous devons retrouver un regard équilibré sur la période coloniale. La colonisation, c'est bien sûr des pages sombres qu'il faut dénoncer, et nous l'avons fait. Il y a eu aussi, je le dis, des apports et des liens qui se sont créés", a estimé Bruno Retailleau.

B.F avec AFP