Fonds Marianne: l'une des associations visées assure n'avoir servi "aucun intérêt politique"

Un communiqué de presse pour tenter de clore le sujet. L'association Reconstruire le commun, mise en cause pour avoir bénéficié du fonds Marianne lancé en 2021, se défend.
Cet organe, financé par l'intermédiaire d'une structure initiée par Marlène Schiappa à l'époque ministre déléguée à la Citoyenneté, est soupçonné d'avoir diffusé des contenus à l'encontre des oppositions à Emmanuel Macron, d'après des informations de Mediapart.
Les dirigeants de l'association dénoncent des "accusations parfaitement mensongères et calomnieuses" dans un texte publié sur Twitter ce lundi.
300.000 euros d'argent public
Lancé en hommage à l'enseignant Samuel Paty, décapité après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, le fonds Marianne vise à "financer des personnes et des associations" qui cherchent à "promouvoir les valeurs de la République" et à "lutter contre les discours séparatistes".
Cette structure publique est dotée d'une somme de 2,5 millions d'euros et 17 structures sont désignées pour en bénéficier.
Problème: Reconstruire le commun, qui aurait touché environ 300.000 euros de ce fonds, aurait publié des contenus politiques dénigrant des opposants d'Emmanuel Macron.
De janvier à août 2022, en pleine campagne de la présidentielle puis des législatives, l'association a diffusé 57 vidéos sur une chaîne YouTube, appelée "Comme un".
Violation du code électoral
Ces formats font intervenir de jeunes intervenants, attaquant principalement l'extrême gauche et l'extrême droite, souvent ramenées dos-à-dos.
Dans l'une des vidéos de Reconstruire le commun, un intervenant fustige Jean-Luc Mélenchon, autour de qui, selon lui, gravitent "les décolonialistes, le parti des indigènes de la République". "Toute cette sphère-là, qui est extrémiste, très dangereuse, il ne s’en distingue pas, limite il va reprendre leur thèse par subtils passages", ajoute-il.
Une autre chroniqueuse décrit une "vraie personne de gauche" en 2015, "après Charlie", qui est ensuite "allé défiler avec certains islamistes" en 2019, fustigeant un "retournement de veste" "assez choquant".
Dans le code électoral, utiliser des moyens publics pour influencer le résultat d'un scrutin lors de campagnes est pourtant interdit.
"En aucun cas, il n'a été question de servir les intérêts politiques, politiciens et/ou partisans de quiconque ni de répondre à la moindre 'commande' militante. Nous aurions évidemment refusé de nous prêter à une telle pratique'", assure l'association.
L'association assure avoir eu "une totale liberté de contenu"
"Dans la limite légale du respect du processus électoral en cours, l'association avait une totale liberté de choix et de contenu", peut-on encore lire dans le communiqué de presse de Reconstruire le commun.
Autre caillou dans la chaussure pour le gouvernement: cette association venait tout juste d’être créé et n’avait aucune activité connue au moment où elle a touché des fonds publics.
Anne Hidalgo, qui a été la cible de vidéos de l'association, et la présidente des députés LFI Mathilde Panot ont toutes deux décidé de saisir la justice. "Les faits relatés, s'ils sont avérés, sont d'une extrême gravité" car "susceptibles de caractériser l'infraction pénale de détournement de fonds publics mais également d'autres délits", a fait savoir la maire socialiste.
Des accusations "fausses et mensongères" pour la ministre
Le parquet de Paris a indiqué en fin de semaine qu'un signalement de Christian Gravel, le président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation qui gère le fonds Marianne était en cours d'analyse avant une éventuelle ouverture d'enquête.
Du côté du cabinet de Marlène Schiappa, en difficulté politique depuis ses photos dans le magazine érotique Playboy, on botte en touche. "Parler de détournement d'objet ou de financement de campagne est faux et mensonger", a fait savoir son entourage auprès de l'hebdomadaire Marianne.
"Marlène Schiappa a demandé à son avocate d'étudier un dépôt de plainte pour diffamation à l'encontre de plusieurs plateformes et individus", a également fait savoir l'un de ses proches auprès de BFMTV. La secrétaire d'État rappelle également "ne plus être en charge" des questions de citoyenneté "depuis près d'un an".
Claude Raynal, le président (PS) de la commission des Finances au Sénat, a demandé de son côté tous les documents relatifs à l'utilisation de l'enveloppe attribuée à ce fonds auprès du ministère de l'Intérieur.