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"Fausse bonne idée", système faillible... La proposition de François Bayrou sur les détecteurs de métaux à l'école peine à convaincre

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François Bayrou a proposé d'expérimenter la mise en place de portiques de détection d'armes devant les établissements scolaires, mais la mesure de fait pas l'unanimité, au sein même du gouvernement et de la majorité.

Après la mort d'une assistante de vie scolaire, poignardée par un élève, ce mardi 10 juin, à Nogent (Haute-Marne), François Bayrou a proposé plusieurs mesures pour endiguer "l'épidémie" d'attaques à l'arme blanche en milieu scolaire.

Le Premier ministre entend interdire la vente d'armes blanches aux mineurs, mieux repérer les adolescents vulnérables au passage à l'acte violent, et envisage également de mettre en place des portiques de détection d'armes comme dans les aéroports.

• Une mesure déjà annoncée après l'attaque à Nantes

Afin de détecter les armes blanches, François Bayrou s'est dit "favorable à ce qu'on expérimente des portiques comme ceux qu'on a dans les aéroports, en tout cas dans les établissements dans lesquels il y a du désordre". Le tout devrait passer par une expérimentation, dans un premier temps.

Conscient qu'un tel dispositif pourrait créer des attroupements à l'entrée des établissements scolaires, le Premier ministre souhaite avant tout "répandre dans l'esprit de tous les élèves et de leurs parents l'idée que le couteau est interdit parce qu'il est dangereux, y compris pour celui qui le porte".

La mesure avait déjà été annoncée par François Bayrou en avril, après l'attaque au couteau perpétrée par un élève de seconde dans un lycée de Nantes, qui avait fait un mort et trois blessés.

• Des portiques très coûteux et pas infaillibles

En plus du problème des attroupements sur le parvis des collèges et lycées, l'expérimentation pourrait aussi se heurter à un problème de financement. En 2016, Laurent Wauquiez, président de la Région Rhône- Alpes a fait installer des portiques de sécurité à l'entrée des lycées de sa région pour un coût de 100.000 euros par établissement.

Ces portiques ne sont pourtant pas semblables à ceux dans les aéroports. Il ne s'agit que de tourniquets, moins couteux, qui servent à filtrer les entrées grâce à un badge, et non de portiques de détection d'arme. Le but étant alors d'éviter une intrusion extérieure dans l'établissement scolaire.

Pour Gabriel Attal, patron des députés Renaissance, installer des portiques détecteurs de métaux à l'entrée des établissements scolaires est ainsi "une fausse bonne idée". L'ancien Premier ministre et ministre de l'Éducation appelle plutôt à "renforcer notre arsenal répressif" et à "agir pour éviter l'escalade de la violence".

En plus de poser des problèmes d'attroupement et de coût d'installation, les portails de détection ne sont pas infaillibles, comme le pointe du doigt Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui rappelle "qu'un portique ne peut pas détecter des couteaux en céramique" par exemple. Ce dernier plaide par ailleurs pour que la réponse à l'augmentation des attaques à l'arme blanche en milieu scolaire ne soit "pas seulement sécuritaire".

Du côté de l'opposition, l'eurodéputée LFI Manon Aubry avait dénoncé une "course à l'échalote" lors de la première proposition de ces portiques par le gouvernement en avril dernier, mettant en avant le coût. Marine Le Pen, de son côté, a affirmé au micro de BFMTV qu'il fallait "appliquer la loi" de manière plus stricte pour "prévenir" les cas comme celui de Nogent.

• Une mesure "inutile" pour le SNALC

Côté syndicats, certains estiment qu'installer des portiques de sécurité devant les écoles n'est pas la solution. Maxime Reppert, vice-président du Syndicat national des lycées et collègues (SNALC), interviewé sur RMC, peu de temps après la mort d'un adolescent poignardée en Essonne, en mars dernier, estimait alors déjà que la mesure serait "inutile", en plus de nécessité un "investissement extrêmement important".

Début juin, un rapport sur les mineurs et les armes blanches, portées par la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Naïma Moutchou, a fait des propositions pour endiguer les attaques à l'arme blanche en milieu scolaires, mais a reçu un accueil mitigé de la part des policiers notamment. "Il faut traiter les causes de la violence, mais souvent on s'intéresse aux conséquences", regrettait par exemple Jean-Christophe Couvy, secrétaire national d'Unité police.

Pauline Lecouvé