Emmanuel Macron a parlé trop vite

EDITO – Le ministre a parlé trop vite. Pour notre éditorialiste Apolline de Malherbe, Emmanuel Macron a parlé trop vite sur son projet de loi Macron II. Le porte-parole du gouvernement a rapidement contredit le patron de Bercy. 

En début de semaine, Emmanuel Macron a évoqué un projet de loi «Macron II». Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll a tout de suite contredit cette affirmation. Cette fois-ci, les mesures seront diffusées une à une. La loi Macron II devrait comporter le projet de loi sur la croissance ainsi que le projet de loi Rebsamen sur la modernisation du dialogue social.

Stéphane Le Foll a affirmé que, pour le moment, le gouvernement ne prévoit pas de nouvelle loi. Mais si cela devait arriver, ce serait le Premier ministre qui l'annoncerait. Le problème réside dans le fait qu'Emmanuel Macron a parlé un peu trop vite et à la place du Premier ministre.

Emmanuel Macron a mal choisi son moment pour la présentation de la loi Macron II : annoncer une nouvelle loi au lendemain d'une défaite aux départementales aurait pu être perçue comme une provocation. Il y a eu une maladresse de « timing » de la part d'Emmanuel Macron. Mais, le ministre de l’Économie ne renoncera pas à cette loi. Il a confié : « La France vit un moment de son histoire politique et économique qui impose à chacun de prendre ses responsabilités. Je les prends auprès d'un Premier ministre et d'un Président de la République qui les prennent à leurs tours. On continue donc à avancer au même rythme, avec la même ambition. »

Ce qui signifie qu'il a été un peu taclé par les uns et les autres. Même François Hollande n'a pas défendu son « jeune chouchou », car le temps est encore à la négociation avec les partenaires de gauche. Donc, il ne faut pas forcément dire qu'on prépare une loi Macron II.

Le ministre de l’Économie confirme qu'il y aura quand même une réforme. Il y travaille d'ailleurs depuis longtemps. En février, avant la fin de la loi Macron I, il m'a confié : « Dans la saison 2, je remets le couvert. C'est un truc de mécanicien qui rouvre certains verrous. Il en reste à déverrouiller. Mon principe c'est la liberté, l'exception c'est l'interdit. »

Manuel Valls l'appuie dans Challenges en affirmant: « Ceux qui pensent que nous allons freiner ou stopper les réformes se trompent. Nous n'avons pas d'autres choix pour le pays que de faire sauter les verrous et débloquer les énergies » Le problème, c'est que le gouvernement a peur d'appliquer cette nouvelle loi vis-à-vis de leur gauche. Mais, en même temps, ils disent aux Français qu'il faut quand même réformer.