Droit de vote des étrangers: "la bataille n’a été menée" regrette la gauche de la gauche

Un carte électorale et un bulletin de vote, ce n'est pas pour tout de suite pour les étrangers résidant en France - BFMTV
Manuel Valls pensait avoir clos ce chapitre de la dernière présidentielle quand François Hollande, alors en campagne promettait comme le fait la gauche depuis 1981, d'octroyer le droit de vote aux étrangers. "Ce n'est plus un sujet, de toute façon, elle ne sera pas mise en oeuvre et je suis convaincu qu'elle ne sera pas re-proposée à la prochaine élection présidentielle parce qu'elle tend inutilement et que ce n'est plus le sujet", avait lancé le Premier ministre devant les étudiants de Sciences-Po en début de semaine.
"Quel sens ça donne à la démocratie, quand ceux qui se sont engagés dans une campagne ne tiennent pas parole?", a interrogé Cécile Duflot sur Europe 1. Car à gauche, chez les écologistes et au sein des associations qui militent pour ce droit on fait part de sa consternation ou de se résignation face à un blocage politique.
Premier à monter au créneau, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis qui assure que le sujet "est toujours à l'ordre du jour du Parti socialiste et il adviendra un jour". "Obtenir que les étrangers en situation régulière présents sur le sol français depuis plus de dix ans participent aux élections municipales n'est pas attentatoire à la République et est au contraire un moyen de la conforter", a-t-il estimé.
La gauche de la gauche se montre elle plus vindicative. "Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen, avec le Front de Gauche, ne renoncent pas, disent-ils dans un communiqué. Ils portent haut ce choix de solidarité, de progrès, d’humanité, ce choix profondément républicain.
"C'est encore un signe négatif qu'on envoie"
Du côté des associations, les propos de Manuel Valls sont vus comme un renoncement. "Quel dommage que la gauche n'ait pas su capitaliser sur les gens qui auraient pu voter pour elle, notamment dans les quartiers", a regretté Mohamed Mechmache d'ACLeFeu. "Après l'appel sur les contrôles au faciès, c'est encore un signe négatif qu'on envoie".
Pour la Ligue des droits de l'Homme (LDH), "octroyer le droit de vote aux étrangers, c'est aussi prendre en compte la réalité des discriminations et des fractures qui gangrènent notre société et auxquelles il convient de remédier autrement que par des incantations à la devise républicaine, aussi récurrentes que contredites par la réalité".
Une bataille à mener
"Depuis que le sénat est à droite, cette loi ne passera pas. Assumons, le fait qu'on ne peut plus le faire aujourd'hui", a justifié sur BFMTV jeudi la ministre du Travail Myriam El-Khomri, qui est y "favorable" à titre personnel. Et si Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections, a aussi rappelé sa position favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales, il pointe le même écueil législatif alors que Manuel Valls a coupé court à l'hypothèse d'un référendum.
"Il n'y a pas de chemin pour le faire" et "je ne vois pas ce qui peut faire pour qu'on en ait un d'ici 2017", a-t-il reconnu en référence à l'absence d'une majorité des 3-5e nécessaire au Parlement réuni en congrès pour faire passer une telle réforme constitutionnelle. Avant de regretter: "Il fallait faire une bataille dans la société pour faire progresser l'idée".
Justement, l'exécutif, "a beau jeu de dire qu’au Congrès le droit de vote des étrangers ne passerait pas, insiste Françoise Dumont, la président de la Ligue des droits de l'Homme dans les colonnes de l'Humanité. La bataille n’a été menée ni par le gouvernement ni par le Parti socialiste".