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Élysée

Ce droit de vote des étrangers promis par la gauche qui n'a jamais vu le jour

Un homme participe à un référendum local ouvert aux étrangers, en 2006 à Saint-Denis.

Un homme participe à un référendum local ouvert aux étrangers, en 2006 à Saint-Denis. - Joël Saget - AFP

Hollande a de nouveau évoqué lundi la question du droit de vote des étrangers, lors de son discours sur l'immigration.  Une promesse qui remonte aux années 1980 mais qui n'a jamais pu être tenue.

Lundi, François Hollande a prononcé un discours sur l'immigration, pour la première fois depuis son arrivée à l'Elysée. Point principal du discours: le droit de vote des étrangers aux élections locales. Si le chef de l'Etat s'y est dit "favorable", il a reconnu lui-même l'impossibilité de mettre en œuvre sa 50e promesse électorale, vu le blocage politique auquel il fait face. "Rien ne peut se faire sans une révision de la Constitution, ce qui suppose une majorité des 3/5e au Parlement", a-t-il rappelé, soulignant que cela supposait "un accord entre les forces républicaines".

Promesses et revirements

En 1981 déjà, cette promesse figure sur le programme de François Mitterrand, premier président socialiste de la Ve République, qui veut l'appliquer pour les élections municipales de 1983. Mais le Sénat est à droite, et le PS ne dispose pas des voix nécessaires à la révision de la Constitution. La promesse est enterrée: en 1983, François Mitterrand déclare que les Français "ne sont pas prêts". Il y revient prudemment en 1988, en affirmant prendre "le temps qu'il faudra", mais la mesure ne verra finalement pas le jour sous ses mandats successifs.

Votes symboliques jamais concrétisés, revirements des responsables politiques... L'affaire reviendra régulièrement sur la place publique durant la Ve République. Jacques Chirac, qui défend la mesure en 1979, en devient un opposant farouche en 1981. En 1997, Nicolas Sarkozy s'y déclare opposé, mais change lui aussi d'avis et s'y déclare favorable en 2005. En 2012, lors du débat de l'entre-deux tours face à François Hollande, il se dira finalement contre.

L'opposition propose un référendum

Arrivé à l'Elysée, François Hollande estime que "le moment n'est pas encore venu" pour mettre en place la réforme. Le passage du Sénat à droite à l'automne n'arrange pas les choses. En appelant lundi les forces républicaines à "prendre leurs responsabilités", le chef de l'Etat enterre lui aussi le sujet, et se défausse, en renvoyant la balle dans le camp de l'opposition.

Une stratégie qui n'a pas manqué d'agacer l'UMP. Xavier Bertrand propose d'ailleurs une solution alternative pour mettre fin au débat: le référendum. C'est "bien commode de donner le sentiment 'ah, moi je voudrais bien, mais je ne peux pas'", raille l'ancien ministre sur France info. "Que François Hollande se tourne vers les Français, et qu'ils disent une fois pour toutes s'ils veulent ce droit de vote", martèle-t-il.

Même argument du côté de l'UDI: sur France 2 mardi, Jean-Christophe Lagarde, a également dit souhaiter que François Hollande organise un référendum "s'il croit vraiment en sa promesse". Le chef de l'Etat "sait très bien qu'il ne peut pas par le parlement faire voter une loi qui permettrait aux étrangers de voter. Pas seulement parce qu'il n'a pas de majorité au parlement, mais parce qu'il n 'y a pas de majorité dans le pays, chez les Français", a estimé le député-maire de Drancy. La question risque de ne jamais recevoir de réponse.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV