Départ de Hulot: les éleveurs pyrénéens opposés à la réintroduction des ours soulagés

Des éleveurs manifestent contre l'introduction de deux ourses slovènes dans les Pyrénées, à Pau, le 30 avril 2018 - IROZ GAIZKA / AFP
"Nous sommes soulagés mais nous restons concentrés sur l'objectif: ne pas permettre la réintroduction de l'ours". Suite à l'annonce surprise de la démission de Nicolas Hulot, les éleveurs pyrénéens expriment leur soulagement. Le ministre de la Transition écologique et solidaire avait prévu d'introduire deux ourses slovènes dans les vallées des Pyrénées-Atlantiques cet automne, ce qui avait suscité la colère et l'angoisse de nombreux bergers de la région.
Malgré un intense travail de concertation sur le terrain, la signature par Nicolas Hulot du plan ours 2018-2028 avait ainsi déclenché l'hostilité des éleveurs d'ovins des Pyrénées-Atlantiques, encore échaudés cet été par l'exemple de l'Ariège où la saison d'estive a connu un nombre d'attaques record des bêtes par des plantigrades slovènes.
"Quelque part c'est un soulagement pour les éleveurs. Ce n'est pas forcément la priorité la réintroduction de l'ours. Il existe des ours dans les Pyrénées. En même temps, cette démission, c'est dommage pour l'enjeu global de la transition écologique. C'est un monsieur qui avait des convictions avec la transition écologique et autres, le nucléaire, etc... Mais, c'est un soulagement", résume Francis Poineau éleveur à Larrau, dans le Pays basque.
La mobilisation de mercredi maintenue
S'ils se disent soulagés, les éleveurs défavorables à la réintroduction de l'ours restent toutefois mobilisés, prévient Julien Lassalle, qui élève 500 brebis basco-béarnaises en vallée d'Aspe: "Attention! Le gouvernement Macron va nous dépêcher quelqu'un d'autre, nous restons concentrés sur l'objectif".
"Demain, on avait prévu une mobilisation à Etsaut", là où la rumeur annonçait la venue du ministre. "Nous maintenons le rassemblement pour dire au gouvernement que nous ne voulons pas d'autre Monsieur Ours. Nous sommes déterminés. Nous serons là, bergers, élus, et tous ceux concernés par cette réintroduction".
"A l'arrivée d'un nouveau ministre au gouvernement, il nous faudra, en Béarn notamment, être particulièrement vigilants, unis, alors que l'administration du ministère de l'Environnement demeurera la même, c'est-à-dire nocive", met aussi en garde le député PS David Habib.
Les défenseurs de l'ours inquiets
Les partisans de la réintroduction de l'ours sont également inquiets, comme Jean-Claude Coustet, ancien maire de Borce, dans la vallée d'Aspe: "Est-ce que le cabinet du ministre va tenir les engagements d'Hulot? On savait que si la réintroduction ne se faisait pas avec lui, elle ne se ferait jamais", assure-t-il.
Jean-François Blanco, conseiller régional EELV, se veut quant à lui plus optimiste : la démission du ministre, pense-t-il, "ne modifiera pas l'engagement sur l'ours du gouvernement" car "il y a des engagements internationaux qui lient la France".
"C'est maintenant la responsabilité du chef de l'Etat. Ce geste de réintroduction, c'était un acte minimal, une réparation par rapport à ce qui c'était passé où l'ourse Cannelle avait été tuée par un chasseur en 2004 à Urdos lors d'une battue autorisée par l'administration", explique-t-il.
"Le gouvernement ne peut pas faire marche arrière aujourd'hui sous la pression et la menace d'opposants à l'ours car c'est une obligation légale et un engagement de notre pays", plaide également le Fonds d'intervention eco-pastoral, groupe ours Pyrénées, une association environnementale favorable au plantigrade.