Bayrou, Dupond-Moretti, Dussopt... Le gouvernement confronté aux procès des ténors de la macronie

La Première ministre Elisabeth Borne répond à des questions dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale le 26 septembre 2023 - MEHDI FEDOUACH © 2019 AFP
Un calendrier dont se serait probablement bien passé Élisabeth Borne. François Bayrou ce lundi, Éric Dupond-Moretti le 6 novembre, Olivier Dussopt le 27 novembre... Plusieurs ténors de la majorité vont devoir affronter la justice dans les prochaines semaines.
C'est le patron du Modem qui ouvre le bal. Le maire de Pau, qui continue d'échanger très régulièrement avec Emmanuel Macron, est soupçonné avec dix autres centristes d'avoir utilisé entre 2005 et 2017 des fonds européens pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour l'UDF, puis le MoDem.
Un ministre de la Justice jugé pendant l'exercice de ses fonctions, une première
Auprès de La République des Pyrénées, François Bayrou s'est dit à la fois "blessé" et "optimiste" pour être blanchi par la justice.
Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti marchera ensuite dans ses pas en devant s'expliquer sur des soupçons de prise illégale d'intérêts. Il lui est reproché d'avoir profité de son statut de locataire de la place Vendôme pour régler ses comptes avec des magistrats côtoyés lorsqu'il était avocat.
Si les faits sur lesquels il devra s'expliquer sont très techniques, son procès devrait être particulièrement suivi : pour la première fois de toute l'histoire de la 5e République, un ministre de la Justice sera jugé devant la Cour de Justice de la République.
Il va devoir répondre devant des magistrats dont il est le supérieur et des parlementaires qu'il côtoie au quotidien, à l'Assemblée nationale comme au Sénat.
Matignon pourrait récupérer des dossiers de Dupond-Moretti
Son procès met également en jeu l'organisation de son ministère, sous les feux des projecteurs. Éric Dupond-Moretti avait réclamé "la fermeté" aux procureurs face à "l'apologie du terrorisme" et aux actes antisémites, dans la foulée des attaques du Hamas contre Israël. La justice est également au premier plan après l'attentat au couteau au lycée d'Arras.
Éric Dupond-Moretti pourra-t-il continuer à exercer ses fonctions tout en passant presque deux semaines à s'expliquer devant ses juges? La question est ouverte.
Deux options sont actuellement sur la table. Le ministre pourrait rester entièrement à son poste ou certaines de ses fonctions seraient "déportées" le temps du procès. Dans cette hypothèse, les dossiers concernés seraient répartis entre son administration et Matignon.
Si Éric Dupond-Moretti a affiché son assurance et "compte bien démontrer" son innocence, il sait également qu'en cas de condamnation, il devra démissionner. De quoi donner des nœuds au cerveau au gouvernement qui avait déjà peiné à mener à terme un remaniement en juillet dernier.
Les principes à géométrie variable de Macron
Même topo pour le ministre du Travail Olivier Dussopt qui devra, lui, répondre d'accusations de favoritisme d'une société de traitement de l'eau dans la conclusion d'un marché public lorsqu'il était député-maire d'Annonay (Ardèche).
Ce procès arrive quelques mois après la fin de la réforme des retraites dans laquelle Olivier Dussopt a été en première ligne, laissant poindre à la fin des débats à l'Assemblée nationale son épuisement. Il s'est cependant affirmé "ni essoré ni fragile", avant les vacances d'été.
Ces démêlés devant la Justice ont également le défaut de mettre en lumière les principes à géométrie variable d'Emmanuel Macron concernant ses ministres. Emmanuel Macron avait promis "dans le principe" de demander à ses ministres de "quitter le gouvernement" en cas de "mise en examen" lors de la campagne présidentielle de 2017. La règle a été très diversement appliquée ces dernières années.
Alain Griset, alors ministre délégué aux PME, est le dernier à avoir dû démissionner en décembre 2021, après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité de trois ans assortie du sursis.