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Bachar al-Assad déchu de sa Légion d'honneur? Une question "légitime", selon Castaner

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Le porte-parole du gouvernement n'exclut pas une démarche visant à retirer sa Légion d'honneur au dictateur syrien.

Moins de lauréats, plus de valeurs: avec sa réforme de la Légion d'honneur, Emmanuel Macron souhaite rendre "son sens" à cette haute distinction. Mais le chef de l'Etat risque de se heurter à un paradoxe: certains dirigeants étrangers ont reçu la Légion d'honneur dans le passé, en dépit des controverses et polémiques à leur sujet. Que faire de leur cas? "La chancellerie peut entendre cette question, tout comme elle a été interpellée récemment par le président de la République sur un autre cas particulier", a répondu jeudi Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, à l'occasion de la présentation de la réforme voulue par Emmanuel Macron.

Christophe Castaner faisait référence au cas d'Harvey Weinstein. Accusé de harcèlement sexuel et de viol par plusieurs actrices, le producteur américain devrait se voir retirer sa distinction. Après la découverte des accusations, Emmanuel Macron a en tout cas annoncé avoir "engagé des démarches" pour la lui faire retirer. "J'ai demandé au grand chancelier de l'Ordre de procéder à une procédure disciplinaire, il prendra la décision", a expliqué le chef de l'Etat.

En 2012, le couturier britannique John Galliano, condamné pour injures antisémites, s'était vu retirer sa Légion d'honneur par un décret de François Hollande.

Le code modifié en 2010 pour les dirigeants étrangers

Les dirigeants étrangers tels Bachar al-Assad, Omar Bongo ou le prince saoudien Mohamed ben Nayef doivent-ils alors conserver leur ruban rouge, malgré les nombreuses accusations dont ils font l'objet? "La chancellerie serait parfaitement habilitée à balayer ces situations-là", répond encore Christophe Castaner, avant d'ajouter clairement: "La question est légitime". Et le porte-parole d'assurer que sa réponse constitue déjà, en soi, une incitation pour l'Ordre à faire le ménage parmi les anciens lauréats.

Comme le rappelle Le Monde, François Fillon, lorsqu'il était Premier ministre, avait fait modifier en 2010 le code de la Légion d'honneur via un décret: le ruban rouge peut désormais être enlevé à un étranger "condamné pour crime ou à une peine d'emprisonnement sans sursis au moins égale à un an", ou s'il a "commis des actes ou eu un comportement susceptibles d'être déclarés contraires à l'honneur ou de nature à nuire aux intérêts de la France à l"étranger, ou aux causes qu'elle soutient dans le monde".

Juridiquement, plus aucun obstacle ne s'élève donc à la révocation de Bachar al-Assad ou à d'autres dictateurs. Il ne manque plus qu'un geste politique. Mais si Emmanuel Macron se lance dans cette démarche, il risque de se heurter à un autre problème: jusqu'à quelle date remonter pour retirer la Légion d'honneur aux despotes? Benito Mussolini, ou Nicolae Ceaucescu avaient par exemple été décorés par la France. 

Ariane Kujawski