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Rassemblement national

"Un ancrage, des militants, une good vibe": pourquoi Marine Le Pen a choisi Narbonne pour son 1er-mai

Marine Le Pen à Narbonne le 8 avril 2022

Marine Le Pen à Narbonne le 8 avril 2022 - Lionel BONAVENTURE / AFP

Après un meeting en demi-teinte à Paris début avril, le Rassemblement national espère faire le plein à Narbonne pour son 1er-mai. Jordan Bardella et Marine Le Pen y lanceront leurs premiers jalons pour leur campagne des municipales en espérant décrocher plusieurs villes en mars prochain.

Adieu l'hommage à Jeanne d'Arc en plein Paris pour le 1er-mai, bonjour les plages de l'Aude. Après Le Havre et Perpignan, direction Narbonne pour Jordan Bardella et Marine Le Pen. Le lieu ne doit rien au hasard alors que le Rassemblement national se voit bien remporter de grosses villes dans le sud de la France lors des prochaines municipales.

"On a un ancrage, des militants, une good vibe et des envies d'aller décrocher des mairies dans un périmètre relativement proche. C'était l'endroit idéal pour un 1er-mai", explique un proche de la présidente des députés RN auprès de BFMTV.

"Que des bons moments"

Le mouvement joue en effet à domicile dans le département. Il s'est payé le luxe de décrocher en 2022 puis en 2024 les 3 députés du territoire, pourtant historiquement ancré à gauche. Narbonne a ainsi eu pour député Léon Blum, à l'époque du Front populaire.

"Marine Le Pen n'a passé que des bons moments ici. Elle a forcément envie d'y revenir", confie tout sourire le député Fréderic Falcon.

Il faut dire que pour son dernier déplacement de campagne avant le premier tour de la dernière présidentielle, les Narbonnais lui avaient fait bon accueil, au point que des grappes de lycéens s'étaient massé devant le restaurant où elle déjeunait dans l'espoir d'obtenir un selfie.

Avec un immense succès à la clef: elle avait remporté dans le département 54,9% des voix au second tour, très loin de son score de 41,45% dans le reste du pays.

Tourner la page du meeting raté de Paris

Presque un mois jour pour jour après la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d'inéligibilité avec application immédiate pour laquelle elle a fait appel et qui amoindrit ses chances de pouvoir se présenter en 2027, le parti a d'ailleurs bien besoin d'une vaste mobilisation en terrain conquis pour se remonter le moral.

Il faut dire que le dernier meeting organisé par le parti le 5 avril dernier a laissé un goût amer. Monté dans l'urgence à Paris dans la foulée de la décision de justice, Marine Le Pen n'a eu pour public qu'une foule relativement clairsemée.

"Si vous me demandez si ça va nous faire du bien d'avoir un peu de positive attitude et de voir les Français qui nous soutiennent, je vous dis oui. Moi, j'ai besoin de soleil et de sourires en ce moment", lâche un député RN.

Une "démonstration de force" avant les municipales

Manifestement soucieux de tourner la page, Jordan Bardella comme Marine Le Pen pourraient longuement évoquer sur scène leurs espoirs pour les municipales. Le défi s'annonce herculéen: parvenir à faire tomber plusieurs villes d'ampleur moyenne dans son escarcelle et surtout intégrer le plus largement possibles des conseils municipaux.

Une gageure alors que le RN ne détient qu'à peine une dizaine de villes dans tout l'Hexagone et est quasiment absent de tous les conseils municipaux. Mais le parti à la flamme y croit, tout particulièrement dans le sud de la France.

Le député de l'Aude Christophe Barthès est dans les starting-blocks pour conquérir Carcassonne, tout comme la députée Laure Lavalette à Toulon. D'autres grandes villes semblent gagnables comme Nîmes, Nice avec Éric Ciotti ou d'autres de taille plus modeste comme Argelès-sur-Mer ou encore Canet-en-Roussillon.

"Les municipales devraient réserver des surprises", espère ainsi de côté le député européen Julien Sanchez, directeur de campagne pour les municipales, y voyant un test "important pour notre implantation locale".

Transformer des bases de données en liste de candidats

C'est que ce meeting dans une salle qui peut accueillir jusqu'à 5.000 personnes vise aussi à récupérer des milliers de coordonnées. Les sympathisants qui participent au raout sont en effet invités en amont ou sur place à donner leur mail et leur numéro de téléphone au parti.

"On a le sujet de gagner des mairies mais aussi d'avoir des conseillers municipaux. Et ça nécessite d'avoir un maillage territorial fin dont on ne dispose pas. Les bases de données ne font pas de miracles mais ça peut aider à monter des listes", détaille un député européen qui suit de près le dossier.

À gauche, on sent bien qu'une partie de la campagne municipale se lance ce 1er-mai à Narbonne. Plusieurs associations dont Greenpeace et La ligne du droits de l'homme seront présentes pour un rassemblement de "riposte sociale et antifasciste" avec l'ancien candidat à la présidentielle pour le NPA, Philippe Poutou.

Marie-Pierre Bourgeois