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Rassemblement national: Jordan Bardella à Washington pour faire un pas vers le trumpisme

Le président du RN, Jordan Bardella, lors de ses vœux à la presse à Paris le 27 janvier 2025

Le président du RN, Jordan Bardella, lors de ses vœux à la presse à Paris le 27 janvier 2025 - Bertrand GUAY / AFP

Le président du Rassemblement national (RN) se rend à une grand-messe conservatrice qui doit célébrer la victoire de Donald Trump ce vendredi 21 février à Washington. Un déplacement qui apparaît comme une tentative de rapprochement avec le trumpisme.

Le 20 janvier dernier, Jordan Bardella n'était pas parmi les personnalités de l'extrême droite française présentes à la cérémonie d'investiture du président américain Donald Trump, dont il avait loué le "patriotisme". C'est Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national, qui représentait la formation lepéniste.

Cette fois, le patron du RN est bien du voyage pour traverser l'Atlantique. Il se rend ce vendredi 21 février à Washington pour assister à la Conférence d'action politique conservatrice, le CPAC. Un déplacement qui apparaît comme un rapprochement avec le trumpisme.

Un discours en contradiction avec celui de Le Pen?

Durant cette grand-messe conservatrice, Jordan Bardella doit "identifier les points de convergence et de divergence avec les conservateurs américains", assure l'un de ses proches à l'AFP.

Les rapports qu'entretiennent les lepénistes avec le chantre du "Make America great again" ("Rendre à l'Amérique sa grandeur") sont pourtant contrariés: la victoire de Donald Trump ne doit pas être "interprétée comme un appel à un alignement", avait mis en garde il y a quinze jours Marine Le Pen lors d'un raout des extrêmes droites du Vieux-continent.

Marine Le Pen avait encore entendu "modérer les enthousiasmes" des députés RN vis-à-vis de Donald Trump lors d'une réunion de leur groupe parlementaire la semaine dernière à l'Assemblée nationale, selon l'un des participants.

Pour autant, les mots qu'emploie Jordan Bardella à l'endroit du président américain sont particulièrement aimables.

"Le courant d'idées que l'on porte s'exprime aux États-Unis: défendre les nôtres d'abord", relevait-il fin janvier en marge de vœux à la presse, en observant que "la stratégie de Trump, c'est réconcilier le vote populaire et l'élite économique: c'est celle qu'on doit avoir si on veut gagner".

Le patron du RN explore d'ailleurs depuis plusieurs mois un discours pro-entreprises, victimes selon lui d'un "enfer à la fois fiscal et normatif", aux accents libéraux.

"Nous ne sommes pas libéraux, nous ne sommes pas conservateurs", martèlent pourtant les lieutenants de Marine Le Pen, prônant "colbertisme" et "protection", deux valeurs qui induisent a priori une régulation par les normes.

Une contradiction? "Une répartition des rôles", corrige l'un des principaux conseillers de Marine Le Pen, qui rappelle la nécessité d'"élargir le spectre" de l'électorat, comprendre vers la droite "bourgeoise", longtemps acquise à l'UMP, LR, voire aux macronistes.

"Admiration" de Bardella pour "pour l'entrepreneur" Musk

"Donald Trump est contre l'immigration, contre le wokisme et pour la vérité contre l'oligarchie: ces trois éléments le rendent sympathique" à nos électeurs, poursuit le même, alors que l'évocation du nom du président américain suscite désormais des applaudissements nourris dans les meetings du RN.

"C'est vrai que ce qui existe chez nos électeurs peut exister chez nos cadres, voire nos élus", déplore d'ailleurs un député RN particulièrement critique envers Donald Trump, quand Jordan Bardella ne cache pas pour sa part son "admiration pour l'entrepreneur" Elon Musk, devenu incontournable dans la nouvelle administration américaine.

Sans le citer, le patron du RN a également rendu hommage cette semaine au vice-président américain, JD Vance, qui avait pourtant suscité une vague de protestation vendredi à Munich lorsqu'il avait considéré dans un discours qu'"à travers l'Europe, la liberté d'expression est en retrait", un "recul" qui l'"inquiète" plus que la menace de "la Russie" ou "la Chine".

"On (assiste) à une attaque sans précédent contre la liberté d'expression", lui a donné raison Jordan Bardella dans une tribune publiée lundi dans Valeurs actuelles, en prenant pour exemple la menace - depuis concrétisée - de perte de fréquence de la chaîne de télévision C8.

"La France vit une période inquiétante pour la liberté d'expression", a-t-il appuyé, s'en prenant à "la gauche" qui exercerait une "police de la pensée", en notant qu'"aux États-Unis, la même dynamique a été dénoncée par le patron de Meta, Mark Zuckerberg". Jordan Bardella se félicite ainsi que la vérification des faits sur Facebook ait été remplacée par "une autorégulation par la base".

Le leader d'extrême droite suggère par ailleurs la "dissolution de l'Arcom", l'autorité indépendante dotée d'un pouvoir de sanction qui fait respecter le cahier des charges auquel sont astreintes les chaînes de télévision.

Cette proposition ne figurait jusqu'alors pas dans le programme du RN. Mais Marine Le Pen s'est insurgée ce mercredi contre la perte de fréquence de la chaîne C8, "une terrible régression et une inquiétante décision qui donne raison aux Ayatollahs de la pensée unique".

B.F avec AFP