Marine Le Pen condamnée et inéligible: Louis Aliot dénonce une décision "politique"

Le maire RN de Perpignan Louis Aliot a dénoncé ce mardi 1er avril un jugement "politique" après la condamnation de plusieurs cadres du parti, dont lui-même et Marine Le Pen, dans l'affaire des assistants parlementaires européens.
La cheffe des députés RN a été condamnée lundi à une inéligibilité immédiate pour cinq ans qui compromet sa candidature à la présidentielle de 2027. La cheffe de file de l'extrême droite a également écopé d'une peine d'emprisonnement de quatre ans dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n'ira pas en prison), et d'une amende de 100.000 euros. Son avocat a annoncé qu'elle allait faire appel.
Considérant qu'il y avait bien eu un "système" mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des "économies" au RN en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant en réalité pour le parti, le tribunal a condamné 23 autres personnes au total, ainsi que le FN devenu RN, qui s'est vu infliger deux millions d'euros d'amende, dont un million ferme, et une confiscation d'un million d'euros saisis pendant l'instruction.
Louis Aliot également condamné
Louis Aliot a été condamné à une peine de 18 mois de prison dont six mois ferme, directement aménagés sous bracelet électronique, et trois ans d'inéligibilité mais sans application immédiate, ce qui signifie qu'il peut mener jusqu'à son terme son actuel mandat de maire.
Face au risque que Marine Le Pen ne puisse pas se présenter à l'élection présidentielle de 2027, Louis Aliot a mis en garde face à "des conséquences irréversibles" et estimé que "la juge n'en a tenu aucun compte".
"Je conteste le fond du jugement, parce qu'il a été prononcé avec un dispositif qui ne me paraît pas juridique, mais totalement politique", a déclaré le vice-président du RN sur RMC-BFMTV ce mardi. Il a martelé qu'il s'agissait d'"un jugement qui a pris sa source dans des considérations politiques", même si cette décision a été largement motivée par les magistrats lors de la lecture du jugement.
"Que les choses soient claires", avait notamment commencé la présidente, "Personne n'est jugé pour avoir fait de la politique, c'est pas le sujet. La question, c'était de savoir si les contrats ont reçu une exécution ou pas".
Une décision motivée par la "gravité" des faits et leur "nature systématique"
Une accusation largement énoncée par les cadres du RN depuis cette décision de justice et récusée mardi par l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz. "La justice n'est pas politique, cette décision n'est pas une décision politique mais judiciaire, rendue par trois juges indépendants, impartiaux", a déclaré le procureur général près la Cour de cassation sur RTL.
Cette décision "a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale", a-t-il aussi affirmé, qualifiant "d'inadmissibles" les "attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l'objet de poursuites pénales". Des menaces aussi jugées "inadmissibles" par Louis Aliot ce mardi.
Le prononcé d'une peine d'inéligibilité "apparaît nécessaire", a justifié la présidente mardi lors de l'énoncé du jugement, soulignant la "gravité des faits". Elle a mis en avant "leur nature systématique, de leur durée, du montant des fonds détournés" mais aussi de "la qualité d'élu" des personnes condamnées, et de l'atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique".