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Rassemblement national

Censure de Michel Barnier: ces "lignes rouges" qui demeurent pour le RN dans le budget de la Sécurité sociale

Marine Le Pen et Jean-Philippe Tanguy le 31 octobre 2024 à l'Assemblée nationale. (Photo d'archive)

Marine Le Pen et Jean-Philippe Tanguy le 31 octobre 2024 à l'Assemblée nationale. (Photo d'archive) - Ludovic MARIN / AFP

Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025 fera son arrivée ce lundi dans l'hémicycle du Palais Bourbon. Un texte qui pourrait conduire les députés RN à voter une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier.

"Lignes rouges": depuis plusieurs jours, l'expression s'invite régulièrement dans la bouche des dirigeants du Rassemblement national pour mettre sous pression le gouvernement. Et ce dimanche 1er décembre, veille de l'arrivée du budget de la Sécurité sociale (PLFSS) à l'Assemblée nationale, la pression est maximale pour Michel Barnier et ses ministres.

Faute de majorité dans l'hémicycle, le Premier ministre pourrait être contraint de déclencher l'article 49.3 afin de faire adopter le texte sans vote. Un recours qui entraînerait immédiatement le dépôt d'une motion de censure par le Nouveau Front populaire, et le Rassemblement national se dit prêt à la voter.

Mais Marine Le Pen l'a assuré dans un entretien publié samedi par La Tribune Dimanche: une censure n'est "pas inéluctable". À condition que le gouvernement recule dans les prochaines heures sur les "lignes rouges" tracées par le parti. Celles portant sur le PLFSS ont été rappelées ce week-end par Marine Le Pen et Jean-Philippe Tanguy, le président délégué du groupe RN au Palais Bourbon.

• La désindexation partielle des retraites sur l'inflation

Pour le RN, il y a les "lignes rouges" et les "lignes rouges absolues". La désindexation partielle des retraites sur l'inflation fait partie de la seconde catégorie, comme l'a affirmé Jean-Philippe Tanguy sur France Inter.

À l'origine, le gouvernement de Michel Barnier comptait reporter l'indexation des retraites sur l'inflation de six mois, du 1er janvier 2025 au 1er juillet 2025. La mesure devait permettre d'économiser 4 milliards d'euros. Face au tollé provoqué par cette annonce à droite, le gouvernement a accepté de faire un compromis avec les députés Droite républicaine menés par Laurent Wauquiez.

Le PLFSS prévoit désormais une revalorisation des pensions de la moitié de l'inflation dès le 1er janvier ainsi qu'un rattrapage pour toutes les retraites sous le niveau du Smic en juillet prochain. Inacceptable pour le RN, qui réclament l'indexation des pensions de tous les retraités le 1er janvier. "C'est un contrat social entre ceux qui ont cotisé et le reste de la société", justifie Jean-Philippe Tanguy sur France Inter.

• Le déremboursement de certains médicaments

La mesure ferait l'objet d'un arrêté ministériel et ne figurera pas à proprement parler dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025. La baisse de la prise en charge du remboursement des médicaments par la Sécu constitue néanmoins un "casus belli" aux yeux du Rassemblement national.

La mesure a été annoncée par la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq en ouverture des débats sur le PLFSS il y a deux semaines. Cette baisse des remboursements de la Sécu serait de 5% et risque d'entraîner une hausse du prix des mutuelles.

Elle serait conjuguée à la baisse de la prise en charge par la Sécurité sociale des consultations médicales, de 70% à 65%. Dans les deux cas, l'objectif est de réduire le déficit de la Sécu, dont le montant pourrait s'élever à 16 milliards d'euros en 2025.

• La baisse des allègements des cotisations patronales

Troisième ligne rouge pour le Rassemblement national dans le budget de la Sécu 2025: la baisse des allègements des cotisations patronales, proches des 80 milliards d'euros. Initialement, le gouvernement entendait demander aux employeurs de faire un effort à hauteur de 4 milliards d'euros.

Patronat et macronistes ont exprimé leur vive opposition à une telle mesure, qui a finalement fait l'objet d'un compromis en commission mixte paritaire. La contribution des entreprises a finalement été ramenée de 4 milliards à 1,6 milliard d'euros.

Cependant, même cette "fin d'allègement de charges sur le coût du travail (...) paraît très dangereu(se)" pour Jean-Philippe Tanguy. "Je pense que cela n'est pas raisonnable. Je vous rappelle que cette remise en cause des allègements de charges n'était pas faite initialement (...) pour remplir les caisses de l'État. À la base, c'était pour débloquer les salaires et mettre fin aux trappes à bas salaires."

Vincent Gautier