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Budget 2026: le RN promet la censure à François Bayrou s'il "veut faire les poches des Français"

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Depuis le plateau de BFMTV-RMC, le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a menacé de censurer François Bayrou, quelques heures avant que celui-ci ne présente les orientations de son gouvernement sur le budget.

Le Rassemblement national maintient l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de François Bayrou. Son vice-président, Sébastien Chenu, laisse à nouveau planer la menace d'une censure ce mardi 15 juillet sur BFMTV-RMC avant l'examen à l'automne du budget, dont François Bayrou présente les grandes orientations dans l'après-midi.

"Si vous demandez des efforts supplémentaires aux Français, quelles que soient les catégories - travailleurs, retraités, jeunes, fonctionnaires - nous dirons non", prévient-il. Avant de, plus explicitement, promettre de renverser le gouvernement dans l'hypothèse où François Bayrou voudrait "faire les poches des Français".

Si le parti d'extrême droite prenait une telle décision, le Premier ministre pourrait tomber. En effet, les voix des troupes de Marine Le Pen deviennent décisives dès lors que la gauche dans son ensemble se prononce pour la censure.

Or celle-ci menace clairement de passer aux actes, y compris les socialistes - du moins une partie d'entre eux.

"Impôt déguisé"

Pour François Bayrou, qui ne peut s'appuyer sur une majorité absolue à l'Assemblée nationale, il sera difficile de trouver des terrains d'entente avec les oppositions, lesquelles votent traditionnellement contre les textes budgétaires.

Sébastien Chenu s'oppose à plusieurs pistes envisagées par le gouvernement, qui cherche à économiser 40 milliards d'euros pour ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024.

Premier exemple: l'option d'une "année blanche" qui reviendrait à reconduire à l'identique les dépenses, ou certaines d'entre elles, par rapport à l'année 2025, sans tenir compte de l'inflation. 

Sébastien Chenu considère sur BFMTV-RMC qu'il s'agirait d'un "impôt déguisé". "Cette année blanche touche les plus pauvres, donc c'est une façon tout à fait injuste de commencer ce travail" sur le budget, déplore-t-il.

Aux yeux du député du Nord, il en va de même pour le gel du barème de l'impôt sur le revenu: "Vous aurez des gens qui vont changer des tranches et se retrouver à payer des impôts ou plus d'impôts, alors qu'ils n'en payaient pas ou qu'ils en payaient peu", pointe-t-il.

"Dépenses taboues"

Toujours dans cette lignée, Sébastien Chenu s'inscrit contre des coups de rabot pour certaines niches fiscales comme le crédit d'impôt sur l'emploi à domicile. "C'est catastrophique. Ce sont souvent beaucoup de personnes qui sont employées, qui ont des petits salaires, qui aident au quotidien les Français", déplore-t-il.

Et de conclure: c'est le concours Lépine de la mauvaise idée pour faire payer les Français."

En guise de solutions, l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale évoque les marottes de son camp, appelant à "s'attaquer aux dépenses taboues: la suradministration, l'Union européenne, l'immigration."

Si cette franche opposition n'est pas vraiment rassurante pour François Bayrou, il convient de rappeler que la censure a tout d'un dilemme pour le RN. En effet, Marine Le Pen a été condamnée en première instance le 31 mars dernier à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate pour détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national.

Or, en censurant le gouvernement le parti d'extrême droite pourrait s'exposer à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, pouvoir à nouveau à la main d'Emmanuel Macron depuis une semaine, et donc à de nouvelles élections législatives... auxquelles sa championne ne pourrait participer.

Interrogée au début du mois, l'intéressée a joué la carte de la sérénité, estimant qu'une dissolution est peu probable "compte tenu du très faible bénéfice que le président de la République pourrait en tirer."

Baptiste Farge