Au procès du RN, Marine Le Pen se dit candidate à la présidentielle de 2027 et s'inquiète d'une peine d'inéligibilité

Marine Le Pen au tribunal correctionnel de Paris le 5 novembre 2024 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Marine Le Pen a-t-elle essayé de jouer sur la corde sensible? Présente devant les juges du tribunal correctionnel de Paris ce mercredi après-midi dans le cadre du procès du Rassemblement national, l'ex présidente du parti s'est inquiétée de son avenir politique. Marine Le Pen risque dix ans de prison, une amende d'un million d'euros et une peine d'inéligibilité de dix ans.
"Je suis candidate à la présidentielle", a lancé la présidente des députés RN, regrettant que "l'automaticité d'une peine d'inéligibilité aurait pour conséquence de la priver" de la course à l'Élysée.
Une condamnation qui ferait mauvais effet
Les juges se penchent depuis le 30 septembre sur l'affaire des assistants parlementaires du parti frontiste, un dossier de soupçons d'emplois fictifs visant à détourner l'argent du Parlement européen au bénéfice du parti.
En dépit de la présence très assidue de Marine Le Pen qui a tenu à se défendre point par point, les prévenus ont eu bien du mal à convaincre les juges de la réalité de l'emploi de leurs assistants parlementaires censés travailler pour le Parlement européen, comme le spécifie le règlement intérieur de l'institution.
De quoi inquiéter l'ex patronne du parti à la flamme qui risque gros alors qu'elle joue depuis des mois la carte de la respectabilité et de l'institutionnalisation de ses députés à l'Assemblée nationale.
"Derrière (moi), ce sont des millions des Français qui, de fait, se verraient priver de leur candidat à la présidentielle", s'est encore agacée Marine Le Pen à la barre.
Une condamnation qui l'empêcherait de se présenter peu probable
Mais est-ce que la condamnation à une éventuelle peine d'inéligibilité de dix ans peut vraiment l'empêcher de se présenter en 2027? Il est certain qu'en cas de peine d'inéligibilité, l'élue ferait appel de son jugement. Les voies de recours sont en effet nombreuses, du simple appel à la Cour de cassation, prenant plusieurs années.
Tant qu'une condamnation n'est pas définitive, les sanctions judiciaires ne sont en effet pas exécutées. Autant dire qu'une éventuelle peine d'inéligibilité prononcée définitivement avant 2027 semble peu probable.
Pour que le tribunal correctionnel de Paris impacte véritablement le calendrier électoral de Marine Pen, il faudrait que le tribunal ordonne l'exécution provisoire de sa peine d'inéligibilité. Dans un tel cas, les futurs recours judiciaires ne suspendent pas cette peine.
Concrètement, cela signifierait que la députée perdrait son mandat à l'issue du procès mais pourrait le regagner en appel. L'hypothèse n'est cependant pas la plus probable: une telle décision viserait à éviter toute récidive de Marine Le Pen. Mais elle n'est plus députée européenne, rendant de fait la répétition des faits reprochés hypothétique.
Le procès est prévu jusqu'au 27 novembre. Les plaidoiries des avocats du Parlement européen, partie civile au procès auront lieu mardi, avant les réquisitions du parquet mercredi.