Au Parlement européen, Jordan Bardella vote contre une résolution de soutien à l'Ukraine

Le président du Rassemblement national n'a pas voté en faveur de la résolution adoptée par le Parlement européen ce mercredi 17 juillet et qui appelle l'UE à renforcer son soutien à Kiev.

L'Ukraine était au menu à Strasbourg pour la première résolution votée par les parlementaires après les élections du 9 juin dernier. Le texte appelant à un renforcement du soutien de l'Union européenne et de ses États-membres à l'Ukraine dans la guerre face à la Russie a été adoptée à une large majorité avec 495 voix pour, 137 voix contre et 47 abstentions. Parmi la minorité d'eurodéputés qui ont voté contre cette résolution figure Jordan Bardella.

Élu président du nouveau groupe d'extrême droite Patriotes pour l'Europe, qui rassemble notamment les eurodéputés du Rassemblement national, les députés hongrois du Fidesz de Viktor Orban et les élus espagnols de Vox, le président du RN a pris la parole pour justifier son refus de soutenir le texte.

"Nous ne pouvons pas laisser l'impérialisme russe absorber l'Ukraine" et "nous ne devons pas laisser l'agresseur russe violer impunément la souveraineté territoriale de l'Ukraine", a d'abord déclaré celui qui menait la liste du Rassemblement national aux élections européennes.

Une résolution qui "pose problème"

Mais à ses yeux, la résolution élaborée par Renew Europe, le groupe auquel appartiennent les députés européens Renaissance et qui est présidé par Valérie Hayer, "pose problème à plusieurs titres". À commencer par le fait que chaque État-membre de l'UE devrait consacrer 0,25% de son PIB par an au soutien à l'Ukraine, "ce qui équivaut pour la France à 7 milliards d'euros par an".

Le mois dernier, au moment de présenter le projet du RN pour la campagne des législatives, Jordan Bardella avait fixé deux "lignes rouges" dans le soutien de la France à l'Ukraine: l'envoi de troupes sur le sol ukrainien et la livraison d'armes qui "pourraient frapper directement les villes russes".

Une ligne également suivie par Jordan Bardella dans l'hémicycle strasbourgeois: "Nous ne sommes pas favorables à la livraison d'armes permettant de frapper directement le territoire russe, ni à l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan. Ces deux propositions nourriraient, je le crois, un risque d'escalade avec une puissance nucléaire."

Autre ligne rouge pour le président du Rassemblement national: l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne proposée par cette résolution alors que les négociations d'adhésion entre Bruxelles et Kiev ont été formellement ouvertes le 25 juin dernier. "Elle menacerait la pérennité de notre économie et de notre agriculture en déséquilibrant gravement la Politique agricole commune", a-t-il affirmé.

Bardella défend la visite d'Orban en Russie

Jordan Bardella a enfin justifié le non-vote de cette résolution en raison de sa condamnation de la visite en Russie du président hongrois Viktor Orbanau début du mois. Ce déplacement a suscité l'ire de la Commission européenne, d'autant que la Hongrie assure la présidence tournante du Conseil de l'Europe et ce jusqu'au 31 décembre.

Par cette condamnation "explicite" des "visites diplomatiques de Viktor Orban", la résolution "fragilise" selon lui "l'unité des Européns". Pour Jordan Bardella, "on ne peut pas accuser la Hongrie, partenaire fiable de l'Alliance atlantique, de vouloir maintenir ouverts les canaux de discussion".

Vincent Gautier