Bloc central fragilisé, extrême droite renforcée... Quelle est la composition du nouveau Parlement européen?

Les eurodéputés nouvellement élus arrivent au Parlement européen, à Strasbourg, le 16 juillet 2024 - FREDERICK FLORIN / AFP
C'est la rentrée à Strasbourg. Le Parlement européen, renouvelé par le scrutin du 9 juin, se réunit ce mardi 16 juillet pour sa première session plénière.
Les eurodéputés fraîchement élus ou réélus ont choisi dans la matinée de reconduire la conservatrice maltaise Roberta Metsola, 45 ans, à la présidence de l'hémicycle pour deux ans et demi.
Ils devront aussi élire 14 vice-présidents: la bataille s'annonce serrée, entre une extrême droite qui entend placer ses pions et un bloc central qui veut lui faire barrage.
Un parlement qui penche à droite
Le nouveau Parlement reste dominé par un large bloc central composé du PPE (droite, 188 sièges), de Renew (libéraux, 77) et de S&D (sociaux-démocrates, 136). Ces trois partis, qui votent régulièrement ensemble, forment une majorité toutefois moins forte qu'elle ne l'était lors de la précédente législature.
Si le PPE se renforce et gagne 12 sièges, le groupe Renew, dont Renaissance fait partie, en perd 25. Les Verts, avec lesquels ces trois groupes travaillent souvent, ont eux aussi subi une perte sèche de 18 sièges.
Les libéraux et les écologistes, respectivement troisième et quatrième force politique dans le précédent hémicycle, sont désormais devancés par des formations de droite populiste.
L'extrême droite se renforce
Une nouvelle formation, "Patriotes pour l'Europe", s'impose dans le Parlement avec 84 eurodéputés, issus notamment de Vox (Espagne), du Fidesz de Viktor Orban et du Rassemblement national en France. Le président du RN Jordan Bardella en a pris la tête. Parmi ces "Patriotes", des profils attisent la controverse, dont le général italien Roberto Vannacci, issu de la Ligue de Matteo Salvini et auteur d'un livre truffé de déclarations homophobes, misogynes et anti-migrants.
En quatrième position, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) compte 78 eurodéputés, dont ceux de Fratelli d'Italia, parti de la cheffe de gouvernement italienne Giorgia Meloni.
Enfin, tout à droite de l'hémicycle, le nouveau groupe "Europe des nations souveraines" compte 25 sièges. Il a été créé par le parti d'extrême droite allemand AfD, lâché par ses alliés européens après des "incidents" liés à son ex-tête de liste Maximilian Krah. Ce dernier avait notamment déclaré qu'un SS n'était "pas automatiquement un criminel". Sarah Knafo, ex-tête de liste du parti d'Éric Zemmour Reconquête, est l'une des trois vice-présidents du groupe.
Scrutin serré pour Von der Leyen
La présidente de la Commission euroéenne Ursula von der Leyen, espère obtenir ce jeudi le feu vert des eurodéputés pour un second mandat, mais le scrutin s'annonce serré.
Si la coalition PPE-socialistes-libéraux surpasse la majorité absolue de 361 eurodéputés dont elle a besoin pour être reconduite, la dirigeante allemande doit aussi parer aux défections significatives attendues lors de ce vote à bulletins secrets.
De quoi la pousser à solliciter le soutien des écologistes, voire à compter sur des élus du groupe CRE. Or, libéraux, socialistes et Verts s'opposent farouchement à tout recours aux partis populistes pour conforter la cheffe de l'exécutif européen.
"C'est crucial de construire une majorité stable avec des partis pro-démocratie, pro-UE", a martelé Terry Reintke, co-présidente allemandes des Verts.
Les CRE, qui auditionneront ce mardi Ursula von der Leyen, entendent lui réclamer des gages. "Nous ne pourrons la soutenir si elle persiste dans son approche idéologique" sur le Pacte vert, indique son porte-parole Michael Strauss.