Fillon et Copé face à face pour la présidence de l'UMP

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L'ex-Premier ministre, favori des sondages, met en avant à 58 ans sa stature d'homme d'Etat après cinq années à Matignon pour emporter les suffrages des militants, avec l'élection présidentielle de 2017 en ligne de mire. Le secrétaire général de l'UMP, qui fait campagne à 48 ans dans le rôle de l'"outsider" comme Nicolas Sarkozy le fit face à François Hollande pour la présidentielle, veut croire à l'adhésion de la base à sa vision d'une "droite décomplexée", là où son rival incarnerait l'immobilisme passéiste des "barons". Les 264.137 militants à jour de cotisation au 30 juin seront les maîtres de leur destin lors du congrès des 18 et 25 novembre - si un second tour est nécessaire. Le "troisième homme" espéré par de nombreux cadres du parti pour démocratiser le scrutin et contrecarrer une confrontation venimeuse entre le député de Paris et le député-maire de Meaux ne sera donc pas.
NKM et Le Maire refusent de trancher

Seul l'ancien ministre Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP de 2008 à 2010, aurait pu s'interposer avec ses quelque 8.200 parrainages, mais il veut se consacrer sans attendre à la présidentielle de 2017 en se réservant pour la primaire ouverte théoriquement prévue en 2016. Des statuts contraignants et obsolètes, de l'avis de tous au sein du parti néogaulliste créé en 2002, ont empêché les prétendants Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire de soumettre leur projet aux militants. Tout candidat putatif devait soumettre les parrainages d'au moins 7.924 adhérents (3% du corps électoral) d'ici 20h00 à la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe) pour espérer concourir.
Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre de l'Ecologie et députée de l'Essonne, a dit mardi en avoir recueilli un peu moins de 7.000, Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Agriculture et député de l'Eure, un peu moins de 7.200. "Je le regrette parce que (...) j'ai fait cette campagne pour être candidate et pour porter mes idées jusqu'au bout", a dit Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait demandé un délai supplémentaire de 15 jours.
Bruno Le Maire a lui aussi fait part de sa déception, estimant que "trois ou quatre jours" de plus lui auraient permis de se lancer dans l'aventure. Les deux prétendants veulent toutefois continuer à creuser leur sillon, sans prendre parti pour l'un ou l'autre des finalistes, avec la volonté que leur famille politique sorte "plus forte" de cette élection censée tourner la page de la présidence Sarkozy, un Nicolas Sarkozy qui laisse planer le doute sur ses intentions futures.
L'ex-plume du président, Henri Guaino, qui dénonce un système "quelque part entre la Corée du Nord et Cuba", a précisé mardi matin ne pas disposer des signatures nécessaires. "Je dirai ce qu'il en est dans la journée", a-t-il dit. "Peut-être que je dirai, avant le tour unique de ce scrutin très démocratique, pour qui je vote", a-t-il ironisé.
« Aller dans les soutes »
Les candidatures seront officiellement annoncées le 4 octobre, à la veille du lancement de la campagne officielle. Pour l'ancien Premier ministre Alain Juppé, qui avait avancé sans succès l'hypothèse d'une candidature "pacificatrice" et n'a toujours pas pris position, "toute la question maintenant est de savoir dans quel esprit va se dérouler la campagne". "Si ça continue à s'étriper l'un l'autre par lieutenants interposés, ce sera évidemment désastreux parce que les Français n'attendent pas ça", a-t-il dit à des journalistes à Bordeaux.
François Fillon et Jean-François Copé ont toujours évité l'affrontement direct jusqu'à présent, mais leurs entourages respectifs alimentent régulièrement les hostilités. L'enjeu est désormais de capter le soutien des militants, dont Jean-François Copé, aux commandes du parti depuis novembre 2010, entend faire sa force. "Objectivement, je me donne du mal, et ils y sont sensibles", explique le secrétaire général de l'UMP, qui a déclaré qu'il s'effacerait si Nicolas Sarkozy faisait son retour sur la scène politique pour 2017. "Ils veulent quelqu'un de très disponible pour aller dans les soutes, pas un 'hypoprésident'", ajoute-t-il dans une critique voilée à François Fillon. "Tous les jours, je vis dans le souvenir de la campagne présidentielle de Chirac en 1995", souligne-t-il pour mieux relativiser les sondages auprès des sympathisants - pas les adhérents encartés - qui donnent François Fillon ultra-favori comme Edouard Balladur il y a 17 ans. Jacques Chirac l'avait finalement emporté.
Jean-François Copé a revendiqué mardi "plus de 30.000 parrainages", estimant que la dynamique était de son côté. François Fillon devait dévoiler les siens en fin d'après-midi. Ses soutiens faisaient état de plus de 15.000 signatures la semaine dernière.