Fillon est gonflé !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno,du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
Pour une fois, on ne peut pas reprocher à François Fillon d’être trop prudent. C’est peut-être sa cheville dans le plâtre qui lui donne des fourmis dans les jambes – peut-être aussi l’avance que lui donnent les sondages la bataille pour l’UMP. Donc le voilà gonflé à bloc et plein d’audace, puisqu’il dit clairement que son ambition ne se limite pas à la direction d’un parti mais qu’il veut conduire « un redressement national ». Et en même temps, il est gonflé aussi de présenter aujourd’hui des réformes qu’il juge indispensables et urgentes mais qu’il n’a pas trouvé le temps de faire en 5 ans à Matignon. Ce n’est pas de la langue de bois mais plutôt un culot d’acier…
Le projet qu’il présente comporte quand-même pas mal de points communs avec celui de N. Sarkozy à la dernière présidentielle…
C’est la moindre des choses puisqu’il était engagé dans sa campagne. Donc sur la formation des chômeurs, le patriotisme économique européen ou la « TVA compétitivité », il est vrai que ce qu’il propose ressemble beaucoup au projet du candidat Sarkozy. Là où sa démarche peut surprendre, c’est qu’il revendique le meilleur du bilan Sarkozy (« Nous avons sauvé l’euro », « nous avons évité la faillite », « j’ai conduit des réformes difficiles ») mais qu’en même temps, il se défausse de tout ce qui n’a pas été fait, comme l’abrogation des 35 heures. Il se donne le beau rôle.
Faut-il comprendre qu’il voulait la rigueur et que Nicolas Sarkozy a dit non ?
C’est évidemment le message. On se souvient que François Fillon avait dénoncé très tôt le risque d’une « faillite » de la France. Mais contrairement à ce qu’il dit par ailleurs dans l’entretien, la dette a bel et bien continué à se creuser sous son gouvernement – y compris avant la crise. Au passage, s’il était à ce point opposé à la politique choisie par Sarkozy, et que néanmoins il l’a appliquée docilement, c’est qu’il reconnaît a posteriori qu’il avait bien un statut de « collaborateur »… En résumé, on dira que le « droit d’inventaire » version Fillon frôle parfois le droit d’inventer – ou de réinventer…
Est-ce qu’on peut en déduire que F. Fillon fait campagne à l’UMP sur une ligne antisarkoziste ?
N’allons pas jusque là mais il est clair qu’il prend ses distances avec l’héritage pour mieux marquer sa différence avec Jean-François Copé – et pour prévenir l’éventualité d’un retour de Nicolas Sarkozy. D’ailleurs il ne sera sans doute pas à Nice, demain et samedi, pour la réunion de l’association des amis de Nicolas Sarkozy. Sa cheville fracturée lui donne une excellente excuse. Mais son interview va causer au sein de l’UMP – et peut-être chez Nicolas Sarkozy lui-même – d’autres blessures qui seront plus difficiles à guérir.
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