Fillon : après la soumission, la rébellion !

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -
Ce qui met permet de dire ça, c’est la montre que François Fillon arbore à son poignet depuis quelques semaines : c'est un modèle qui s'appelle Rébellion. Vous pouvez me dire que l'habit ne fait pas le moine et que la montre ne fait pas l'homme, mais jeudi soir, François Fillon a sorti l'artillerie lourde pour dézinguer l'ancien président. « L'UMP ne peut vivre congelée, au garde à vous, dans l'attente d'un homme providentiel... » Et tout le discours a été émaillé de petites phrases assassines sans jamais nommer Nicolas Sarkozy. Les fillonistes buvaient du petit lait. En coulisse, ils disaient : « C'est bien ! Sarko en prend pour son grade et en plus il ne peut pas répondre ! » Puisque de nouveau il s'astreint à une cure de silence...
Pourquoi être entré dans cette période rebelle maintenant ?
Parce qu'il n'avait pas le choix : rebelle, mais pas téméraire ! François Fillon n'a pas supporté d'être une fois encore traité de collaborateur par Nicolas Sarkozy lors du bureau politique de l'UMP lundi. Il a quitté le siège de l'UMP ulcéré par le sarkoshow. Jeudi soir, il a voulu montrer que le temps de l'humiliation était terminé, qu'il était un rival pour 2017. Le moteur de Fillon, c'est l'orgueil ! De toute façon, s'il n'organisait pas la riposte, il était un homme mort. Il n'allait pas laisser planer dans les esprits qu'il fallait attendre Sarkozy comme le Messie. D'ailleurs, pour bien le contrarier, il a enfin ouvert l'inventaire du sarkozysme. « Avec Nicolas Sarkozy, nous avons souvent agi dans l'urgence, sans aller toujours au bout des changements nécessaires »...a-t’ il dit jeudi soir...
Facile à dire ! Il était son premier ministre pendant cinq ans !
Mais l'argument de François Fillon, c'est : « Moi, j'irai jusqu'au bout des réformes à mener et surtout, je n'ai pas la même pratique du pouvoir que Nicolas Sarkozy... »
Mais est-ce que Fillon a vraiment changé pour affronter Sarkozy ? Car on le dit velléitaire...
Ses proches disent qu'il est en train de changer, il est moins solitaire dans l'exercice du pouvoir. « Il se réchauffe », dit Eric Woerth, l'un de ses soutiens. Et le discours de la Grande Motte jeudi soir a convaincu les fillonistes qui doutaient de sa pugnacité. Ils sont rassurés aussi parce que l'ancien Premier ministre organise ses troupes. Avant-hier, il a nommé les représentants de son micro-parti Force Républicaine dans 53 départements. D'ailleurs, le message jeudi soir était « Suivez-moi ! Même si j'ai perdu la présidence de l'UMP et même si j'ai jeté l'éponge pour les municipales à Paris, car je veux me battre à la loyale avec Nicolas Sarkozy lors de la primaire en 2016 ». François Fillon sait bien que c'est le seul moyen de rivaliser avec l'ancien président qui fera toujours la course en tête dans les sondages. Mais lancer le match 4 ans avant la présidentielle, c'est quand même très tôt. Il n'est pas très prudent, Fillon. C'est peut être le signe qu'il a changé.
Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du mercredi 12 juillet : Les Coulisses de la Politique