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Fillon a une tête de favori, pas un profil de vainqueur

François Fillon

François Fillon - -

François Fillon a annoncé dans le JDD sa candidature à la présidence de l’UMP pour le congrès prévu en novembre. Jean-François Copé sera lui aussi candidat et Alain Juppé pourrait rentrer dans la course.

Dans son duel avec Copé, les apparences jouent pour Fillon. Il a tout de l’homme raisonnable, responsable. Il a été cinq ans Premier ministre, ce qui lui donne d’office une place dans le club des présidentiables. Et il incarne physiquement la fonction de dirigeant : il est presque dénué de toute fantaisie (même ses vestes de week-end viennent d’un tailleur parisien ultra-chic !). C’est sur ce capital d’image qu’il mise – et qui se traduit dans les sondages, où il est de loin le plus populaire à droite. Son slogan pourrait être : un homme grave pour des situations graves. Seulement tout cela, c’est seulement l’apparence…

François Fillon ne serait pas aussi sérieux qu’il en a l’air ?

Sérieux, il l’est. Son problème, c’est qu’il n’est pas un chef. Il n’est pas assez constant ni attentif aux autres pour susciter de vraies fidélités. Il traîne une réputation d’égoïste et de planqué qui lui a valu le surnom de « courage Fillon (fuyons) » et des rancunes tenaces. JP Raffarin n’a jamais oublié qu’il s’est défilé pendant la canicule de 2003 (il était ministre des affaires sociales). Et tout récemment, X. Bertrand a mesuré ce que vaut son soutien au combat : Fillon l’a poussé à être candidat à la tête du groupe UMP, puis l’a laissé tomber pour ne pas risquer de partager sa défaite. La question est : quelqu’un d’aussi tiède peut-il susciter la chaleur ?

François Fillon pourrait-il ne pas gagner ?

C’est l’éternelle concurrence entre le favori des sondages et celui des militants. Copé est à la tête de l’UMP depuis 2 ans, il y a mis des hommes à lui partout – et ce sont les adhérents qui vont voter. Ils n’ont pas de différence de ligne mais une opposition de style et de tempérament. On l’a bien vu sur la question des rapports avec le FN : Copé défend une ligne ambiguë (le « ni-ni ») mais avec fermeté ; Fillon, une ligne plus ferme (contre le FN), mais de façon ambiguë. Au total, Fillon est plus chevronné, Copé plus combatif. A l’UMP, et avant au RPR, ce sont toujours les combatifs qui se sont imposés : Chirac, Sarkozy – mais ni Balladur ni Juppé.

Alain Juppé a proposé hier que le futur président de l’UMP s’engage à ne pas être candidat à la présidentielle. Est-ce une bonne idée ?

La logique du système, c’est que le chef du principal parti d’opposition soit candidat à la présidentielle. Si c’est pour y installer un fondé de pouvoir, ça ne risque pas de mobiliser les foules – surtout si c’est Juppé lui-même qui s’y voit ! Donc c’est une idée qui ressemble aux idées d’Alain Juppé : convaincante en théorie, totalement décalée par rapport à la pratique politique. Une idée qui n’est en réalité adaptée qu’à lui-même.

Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 2 juillet, cliquez ici.

Hervé Gattegno