BFMTV
Europe Ecologie les verts

Marine Tondelier dénonce une "obsession" de Gérald Darmanin pour "quelques militants écolos"

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, le 7 juillet 2024

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, le 7 juillet 2024 - ALAIN JOCARD / AFP

La secrétaire nationale des Verts s'exaspère que les militants écologistes soient régulièrement pointés du doigt par Gérald Darmanin. Elle appelle le ministre de l'Intérieur démissionaire à se concentrer sur les "vrais dangers".

Marine Tondelier s'est agacée ce mardi 30 juillet de l'"obsession" nourrie, selon ses termes, par Gérald Darmanin envers les militants écologistes.

Au sujet des sabotages subis par la SNCF juste avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le ministre de l'Intérieur démissionnaire avait évoqué une action possible de "l'ultragauche". La secrétaire nationale des Verts y a vu l'occasion de défendre les militants de la cause climatique trop régulièrement dans le viseur de la police, d'après elle.

"'Ultragauche', on voit bien l'ambiguïté qui plane dans ces propos", a-t-elle évoqué dans la matinale de France 2. "Par son obsession contre quelques militants écolos assez inoffensifs, Gérald Darmanin rate souvent sa cible", a-t-elle ensuite tancé.

La veille, le ministre de l'Intérieur démissionnaire avait annoncé sur France 2 l'identification "d'un certain nombre de profils" qui pourraient être impliqués dans les sabotages du réseau SNCF. Gérald Darmanin avait également pointé le "mode traditionnel d'action de l'ultragauche" dans les dégâts causés, sans jamais évoquer un lien quelconque avec les écologistes, comme cela est rappelé à Marine Tondelier sur le plateau de France 2.

"Ne pas confondre avec la désobéissance civile"

La secrétaire nationale des Écologistes en a néanmoins profité pour évoquer les récentes arrestations de militants écologistes.

Elle accuse le ministre de l'Intérieur démissionnaire de s'être "vanté d'avoir fait arrêter 45 militants écologistes". "Ce qu'il a oublié de vous dire, c'est que 44 ont été relâchés sans aucune poursuite", a-t-elle ajouté en mentionnant notamment des arrestations pour des autocollants.

Plusieurs interpellations de militants écologistes ont effectivement eu lieu ces derniers jours, mais pour des motifs différents. Mardi 23 juillet, huit militants écologistes du collectif Extinction Rebellion ont été libérés après 10 heures de garde à vue pour avoir collé des autocollants anti-JO dans le métro parisien. Ils encourent 750 euros d'amende chacun.

Par ailleurs, le 29 juillet, Gérald Darmanin a confirmé sur le plateau de Télématin "une petite cinquantaine d’interpellations" de personnes, "qui, manifestement, avec d’autres -on les évalue à 150- , voulaient faire des actions soit de sabotage, soit de contestation radicale à Paris pendant les premières épreuves de Jeux olympiques". Et de se féliciter: "Nous avons su déjouer cela".

L'organisation Extinction Rebellion avait annoncé le samedi précédent l'annulation d'une manifestation "contre les saccages sociaux et environnementaux de Paris 2024", "suite à la répression qui s'est abattue sur les militants avant même le début de celle-ci", évoquant sur son compte francophone du réseau social X des "interpellations préventives d'activistes et journalistes nassés".

L'action sur le Pont des arts, où la chanteuse Aya Nakamura et la Garde républicaine ont chanté, joué et dansé vendredi soir dans le cadre de la cérémonie d'ouverture des Jeux, devait être selon Extinction Rebellion "plus visible que perturbatrice". "Le gouvernement français a déployé beaucoup de moyens pour bloquer notre action olympique", a déclaré l'organisation, toujours sur X. "Notre démocratie brûle et nous regardons la flamme de Paris 2024".

La grande majorité des 45 militants arrêtés avaient déjà été libérés samedi sans être poursuivis. Seules les gardes à vue de trois d'entre eux avaient été prolongées. Ils ont été finalement relâchés dimanche après-midi sans poursuite à ce stade, selon le parquet, sollicité par l'AFP.

"Se concentrer sur les vrais dangers"

Gérald Darmanin "fait perdre du temps aux policiers, il fait perdre du temps à tout le monde dans ce pays. Qu'on se concentre sur les vrais dangers pour la sécurité nationale (...) qu'il ne faut pas confondre avec des actes de désobéissance civile", a reproché Marine Tondelier.

"Si aujourd'hui on ne peut plus mener de débat public y compris par une banderole dans la rue, alors je m'inquiète pour mon pays", a-t-elle également déploré.

Pour l'écologiste, "empêcher des gens de se déplacer, de faire des coupures d'électricité, ça c'est le sujet". La secrétaire nationale des Verts a ajouté condamner les actes de sabotage du réseau ferré.

Hortense de Montalivet