Affaire Julien Bayou: Marine Tondelier exprime "des regrets" mais juge qu'elle a "fait ce qu'elle a pu"

Marine Tondelier et Julien Bayou à Rungis le 10 décembre 2022 - Emmanuel DUNAND / AFP
Une réponse à Julien Bayou tout comme à Sandrine Rousseau. Cinq jours après l'annonce du classement sans suite de la procédure judiciaire pour harcèlement moral et abus de faiblesse contre l'ex-patron des Écologistes, Marine Tondelier a tenté une mise au point.
"Oui, j'ai des regrets, je les ai exprimés", a expliqué la secrétaire nationale du mouvement sur France info ce mardi, assurant ne "pas en avoir dormi pendant la nuit pendant des nuits".
"Médiocrité, lâcheté"
Après avoir explosé médiatiquement lors de la dernière dissolution, la tête de proue du parti est à la peine ces derniers jours. Au lendemain de l'annonce de la décision de justice, lors d'une longue conférence de presse vendredi, Julien Bayou a dénoncé "la médiocrité, la lâcheté, la bassesse" de la direction nationale incarnée par Marine Tondelier.
À l'été 2022, Le Figaro révèle qu'Anaïs Leleux, l'ancienne compagne de Julien Bayou, alors dirigeant du mouvement, a adressé un courriel adressé en juillet 2022 à la cellule interne des Verts sur les violences sexistes et sexuelles. Elle y dénonce des violences psychologiques de sa part.
Quelques semaines plus tard, c'est au tour de la députée écologiste Sandrine Rousseau, interrogée sur le sujet sur France 5 d'évoquer des "comportements" de son collègue "qui sont de nature à briser la santé morale des femmes". L'élue explique également "avoir reçu très longuement chez elle l'ex-compagne de Julien Bayou".
À l'époque, Anaïs Leleux n'avait pas voulu être entendue par la cellule interne, et aucune plainte n'avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte.
"Certains ont trouvé qu'on en faisait trop, d'autres pas assez"
En mars 2024, elle Leleux avait finalement déposé deux plaintes, l'une contre Julien Bayou, l'autre contre le parti EELV, devenu Les Écologistes. À la suite de ces plaintes, Marine Tondelier, élue dirigeante du mouvement en décembre 2022, avait confié à un cabinet spécialisé une enquête interne sur ces accusations.
Dans la foulée, Julien Bayou claque la porte du mouvement et du groupe parlementaire, dénonçant un "acharnement déloyal et scandaleux".
"On a hérité de ce dossier, on a fait comme on a pu dans un dossier où il était impossible de bien faire. Ces affaires ne se traitent pas bien vous savez", juge avec le recul la secrétaire nationale des écologistes sur France info.
"Si je n'avais pas mené cette enquête externalisée, on aurait continué avec des rumeurs, des gens qui essayaient de mener l'enquête eux-mêmes", avance-t-elle encore, assurant que "certains ont trouvé qu'on en faisait trop, d'autres pas assez".
"Que vouliez-vous que je fasse?"
Julien Bayou a longuement reproché lors de sa conférence de presse à Marine Tondelier le lancement de cette enquête qui comprenait un appel à témoignages adressé à 12.000 personnes, parmi les adhérents et ex-adhérents du mouvement.
L'ancien patron des Écologistes regrette également que son ex-famille politique ne reconnaisse pas son innocence, alors que les investigations n'ont pas permis d'établir sa culpabilité.
En juin dernier, le quadragénaire avait tenté de se représenter pour les législatives à Paris mais s'était vu présenter face à sa candidature un candidat au titre de l'union de la gauche. Il avait finalement retiré sa candidature.
"J'avais à la fois une plainte de l'ex-compagne de Julien Bayou pour non-assistance à personne en danger et une plainte de Julien Bayou pour harcèlement. Que vouliez-vous que je fasse?", se demande aujourd'hui la secrétaire nationale du mouvement sur France info.
Le classement sans suite de la procédure judiciaire visant l'ancien patron des écologistes arrive à un moment délicat pour Marine Tondelier qui compte bien rester en poste lors du prochain congrès du parti en avril prochain.
"Souffrances très très fortes"
"Je ne reconnais plus ce parti", a accusé Julien Bayou lors de sa conférence de presse. Dans la foulée, des militants ont demandé dans une lettre ouverte à la direction de reconnaître son innocence et de lui présenter des excuses.
Réponse de Marine Tondelier: "que le traitement de cette affaire n'ait pas été satisfaisant, ait été la cause de souffrances très très fortes, que Julien Bayou en a souffert lui-même au premier plan, j'en suis tout à fait consciente"
"Je suis sincèrement désolée de ça mais je suis aussi sincèrement désolée que les plaignantes (des femmes qui ont signalé des cas de violence psychologique supposées de Julien Bayou dans le cadre de la procédure interne NDLR) aient aussi souffert tout au long de la procédure", explique encore la secrétaire nationale du mouvement.
Une affaire "pas nécessairement finie"
Ce lundi, la députée écologiste Sandrine Rousseau a tenu de son côté un autre son de cloche. Elle a jugé lors d'une longue mise au point que l'affaire Bayou n'était "pas nécessairement" finie. Les faits reprochés à Julien Bayou "n'ont pas besoin de qualification judiciaire pour être appréhendés politiquement: ils relèvent du mécanisme caractéristique de la domination sexiste, au sein du pouvoir et par le pouvoir".
L'ex-compagne de Julien Bayou attend désormais de recevoir le dossier judiciaire pour envisager de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile.