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Et si la primaire de la droite et du centre était avancée avant l’été?

Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire, le 27 septembre 2015.

Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire, le 27 septembre 2015. - Dominique Faget - AFP

Le vote pour désigner le candidat de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2017 est prévu pour novembre prochain. Mais certains au sein des Républicains - Christian Jacob, Eric Ciotti ou Gérard Longuet notamment - aimeraient voir ce choix arrêté beaucoup plus tôt.

C’est l’un des grands débats qui devront être tranchés dans l’après-second tour des élections régionales, outre la ligne, contestée au sein du parti: certains chez les Républicains plaident pour un bouleversement du calendrier de la primaire de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2017.

Le vote pour désigner le candidat officiel de la droite et du centre, ouvert moyennant une participation de 2 euros "à tous les Français qui souhaitent l'alternance et qui partagent les valeurs" de cette famille politique, est prévu pour les 20 et 27 novembre 2016. Soit pas avant un an. Et seulement cinq mois avant le scrutin devant désigner le successeur de François Hollande à l’Elysée.

Des dates tardives, estiment plusieurs ténors des Républicains, qui souhaiteraient voir leur champion désigné beaucoup plus tôt, avant l’été prochain. L’idée? Trancher rapidement permettrait que tout le monde se place derrière le vainqueur et éviterait de donner le spectacle d’une longue guerre fratricide.

"Vite purger le débat"

Christian Jacob, le patron des députés LR, a sonné la charge jeudi, déclarant sur LCP: "S'il y a une possibilité de l'avancer et que cette position est consensuelle, je crois que c'est un débat qui mérite d'être posé". L’élu de Seine-et-Marne a d’ailleurs commencé à sonder ses collègues à l’Assemblée. "Les parlementaires sont plutôt pour", explique-t-il à L’Opinion.

"Si tu la fais avant l'été, tu fais le campus des jeunes et les journées parlementaires à la rentrée avec un candidat. Sinon tu auras un candidat après les voeux", détaille-t-il, ajoutant "notre électorat aime l’ordre".

Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti estime lui aussi qu’il faut clarifier les choses rapidement.

"La primaire est une obligation, Mais on n’est pas obligé d’en conjuguer tous les inconvénients. Sa logique, c’est de pousser chacun à se distinguer. Je n’imagine pas que l’on vive dans ce climat pendant un an. Il faut donc vite purger le débat et l’organiser avant l’été”, déclare-t-il au quotidien, qui indique que le secrétaire général adjoint du parti prépare une initiative en ce sens pour la promouvoir la semaine prochaine.

"Ripoliner à neuf le visage de la droite"

D’après le journal libéral, l’ancien ministre Gérard Longuet devrait également défendre, la semaine prochaine lorsque le second tour des régionales sera passé, le scénario d’une primaire avancée. 

Nous avons un problème de leadership. Il faut le régler. Une victoire dans une primaire ripolinera à neuf le visage de la droite”, analyse le sénateur de la Meuse.

Critiqué dans son camp après un premier tour des régionales qui n’a pas donné la vague bleue annoncée, Nicolas Sarkozy évacue pour l’instant la question d’un changement de calendrier. "Les modalités et le calendrier de la primaire relèvent de la Haute Autorité", explique-t-il simplement dans une interview au Figaro publiée vendredi. Mais le président des Républicains ne serait pas insensible à cette option, croit savoir L’Opinion: il aurait commencé à tester l’idée devant quelques responsables de sa famille politique.

Exigence d'une primaire "exemplaire"

Du côté des autres candidats possibles, ou déclarés, il ne semble pas y avoir consensus. Avant de se rallier à l’idée d’un vote en novembre, le maire de Bordeaux Alain Juppé souhaitait que le processus s'achève avant l'été 2016, rappellent ses soutiens. Gilles Boyer, son directeur de campagne, n’écarte pas l’idée mais insiste sur les les conditions d’organisation. "Si c’est faisable dans les conditions qui ont été définies, pourquoi pas", dit-il à L’Opinion. "Je préfère tard mais bien plutôt que tôt et mal. Mais tôt et bien ce n’est pas inintéressant."

L’ancien Premier ministre François Fillon a lui émis de fortes réserves jeudi sur BFMTV. "J'ai toujours dit que (...) je ne me sentirais pas concerné par des primaires qui seraient organisées d’une manière brouillonne", a-t-il rappelé.

"Je ne sais pas si nous sommes capables d’organiser des primaires exemplaires dans un délai plus court" que celui prévu, a-t-il mis en garde.

Et pour du député de l’Eure Bruno Le Maire, "c’est non", dit l’un des proches à L’Opinion, dénonçant "une manoeuvre des tenants du vieux système pour tenter de conserver le pouvoir". Lundi, le bureau politique du parti qui sera consacré à l’après-second tour des élections régionales promet d’être chargé. Et agité.

V.R.