Entre Royal et Aubry, duel à distance sur fond de banlieue

Ségolène Royal en visite à Cergy-Pontoise, dans le Val-d'Oise. La présidente de la région Poitou-Chartentes et Martine Aubry ont inauguré mercredi la guerre des "présidentiables" socialistes en se rendant chacune de leur côté en banlieue parisienne pour p - -
par Laure Bretton
CERGY-PONTOISE, Val-d'Oise (Reuters) - Ségolène Royal et Martine Aubry ont inauguré mercredi la guerre des "présidentiables" socialistes en se rendant chacune de leur côté en banlieue parisienne pour parler de l'emploi des jeunes.
Autant la visite de l'ex-candidate à l'Elysée à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) avait été annoncée à grand renfort de plannings officiels, autant celle du premier secrétaire du Parti socialiste à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a été tenue secrète jusqu'au dernier moment.
"Je préfère être imitée que critiquée", ironise Ségolène Royal, interrogée sur ce duel à distance se déroulant une semaine après l'annonce de sa candidature à la primaire présidentielle qui a pris de court tout le PS.
Son entourage dit être "tombé de l'arbre" en apprenant le déplacement de Martine Aubry en banlieue, dont seulement quelques journalistes avaient été informés, mais les proches de la maire de Lille démentent toute volonté de damer le pion à Ségolène Royal.
"Vous vous faites des films", répond un conseiller de la dirigeante du PS interrogé sur la sortie de La Courneuve, en préparation, selon lui, depuis une semaine et organisée dans la plus grande discrétion à la demande des associations.
Martine Aubry, qui entretient le mystère sur ses intentions présidentielles, "n'a pas à adapter son agenda en fonction de Ségolène Royal, d'autant que celle-ci bouge partout et beaucoup", ajoute un secrétaire national qui trouve "raccord" qu'on parle beaucoup de banlieue et de jeunes avant la convention sur l'égalité réelle du PS, samedi à Paris.
Les deux dirigeantes ont chacune prévu un "tour de France" dans les semaines qui viennent: Martine Aubry pour soutenir les candidats aux élections cantonales de mars, Ségolène Royal parce que "rien ne remplace le contact avec les Français".
"LES GENS SONT HEUREUX"
Mercredi, sous l'oeil d'une demi-douzaine de caméras et le double de photographes, Ségolène Royal, à la traîne dans les sondages derrière Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, a renoué avec ses thèmes fétiches: le contact direct, les jeunes et la banlieue, qui avaient massivement voté pour elle en 2007.
Même si elle se défend de faire un "remake" de la dernière élection présidentielle, "puisque chaque époque a ses problèmes nouveaux", les concepts sont identiques: "politique par la preuve", "personnes-ressources", "intelligence des territoires", "démocratie participative" et attaques contres la tarification bancaire.
"La France qui veut croire en son avenir, c'est le thème de ma campagne", dit-elle pendant une table ronde avec de jeunes chefs d'entreprise avant de se lancer dans un bain de foule sur le marché enneigé de Cergy.
Cela tourne rapidement à la cohue, encadrée par une petite poignée d'adhérents de Désirs d'avenir, l'association politique de Ségolène Royal, en marge du PS.
"Je prends beaucoup de plaisir dans ces contacts et j'en donne aussi. Les gens sont heureux", assure la candidate à la candidature avant d'égratigner la direction du PS, sur la forme et sur le fond.
Il faut en finir avec les "catalogues de promesses" qui génèrent un "scepticisme énorme", estime-t-elle, visant le projet présidentiel en gestation du parti tout en refusant de "s'engluer dans les commentaires".
Quant aux primaires présidentielles, "on ne peut pas dire qu'on modernise notre parti et se mettre d'accord entre nous", ajoute-t-elle en allusion au pacte de "présidentiables" qui lierait Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.
Après avoir gardé le silence sur la candidature Royal pendant presque une semaine, la maire de Lille a vanté dimanche les vertus de la patience en politique, se présentant comme un pôle de stabilité au PS et refusant d'accélérer le calendrier des primaires qui prévoit un dépôt officiel des candidatures en juin et un vote à l'automne.
Réponse de Ségolène Royal mercredi: "Je ne confonds pas vitesse et précipitation mais je ne confonds pas non plus stabilité et inertie".
Edité par Patrick Vignal