Emmanuel Macron veut des RER dans 10 métropoles en plus de Paris

Le RER (réseau express régional) va-t-il s'exporter hors de Paris? Dans une vidéo publiée sur sa chaîne YouTube dimanche, Emmanuel Macron promet la création d'un réseau de trains urbains "dans dix grandes villes françaises", en plus de Paris.
"Pour tenir notre ambition écologique, je veux que l'on se dote d'une grande ambition nationale: dans dix grandes métropoles françaises, développer un réseau de RER", a-t-il annoncé, sans donner plus d'indications sur les villes concernées, le financement de ce projet, ni si ce plan passera par l'exploitation du réseau existant ou de nouvelles infrastructures.
"C'est se dire au fond, le RER, ce n'est pas que sur Paris", a ajouté Emmanuel Macron.
Ces nouveaux réseaux de transports permettront de désengorger ces villes "où il y a des thromboses", "trop de circulation" et "où les déplacements sont compliqués", explique-t-il à partir de 8 minutes 30 dans sa vidéo. "C'est un super objectif pour l'écologie, l'économie, la qualité de vie", a-t-il estimé.
L'idée d'un RER en province n'est pas nouvelle. En 2020, l'ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, avait annoncé que 30 millions de crédits seraient débloqués du plan de relance pour financer les travaux préparatoires au déploiement de futurs réseaux de type RER. La SNCF Réseau lui avait même remis un rapport.
Avant lui, celle qui est désormais Première ministre, Élisabeth Borne, avait notamment chargé en mai 2019 le gestionnaire public des voies ferrées françaises de plancher sur la question.
Des trajets sans voiture
Le projet est de "faire en sorte que dans les grandes métropoles françaises aujourd’hui congestionnées, les personnes qui ont des trajets pendulaires puissent les faire sans voiture, en décarbonant leurs trajets grâce à ces RER métropolitains", a précisé à l'AFP l'entourage du chef de l'État, précisant qu'Élisabeth Borne sera chargée de la conduite de ces grands travaux et que "des projets ont commencé à émerger dans les territoires".
Bruno Gazeau, président de la Fnaut (Fédération nationale des associations d'usagers des transports), s'est dit "très favorable" au projet, qu'il "découvre". Le responsable indique à l'AFP avoir déjà proposé au ministre des Transports Clément Beaune "un appel à projets sur les RER métropolitains, obligeant ainsi métropoles et régions à s'entendre".
"Il faudra bien augmenter le budget de SNCF Réseau. Attendons les précisions", a-t-il ajouté, relevant que les métropoles concernées seraient a priori les plus grandes d'entre elles: Lyon, Marseille, Strasbourg, Nantes, Lille, Toulouse...
"D'une manière générale, nous sommes favorables au développement des transports en commun", a réagi Jean-Sébastien Barrault, le président de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), qui s'occupe des autocars:
"Le développement des transports ferrés générera inévitablement un développement des réseaux bus et cars, dans le cadre de l'intermodalité nécessaire au bon fonctionnement des réseaux de transport".
Des projets déjà lancés
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, a estimé dimanche qu'il s'agissait d'une "politique dans l'intérêt de toutes et tous" et a affirmé que sa ville était prête à faire partie de ce projet.
La présidente socialiste d'Occitanie, Carole Delga, a également salué l'initiative. "L'appel des présidents de région à un New Deal ferroviaire a été entendu", a-t-elle estimé, insistant pour aboutir "rapidement" à des "actes concrets".
De son côté, Jean Rottner, président LR de la région Grand Est, s'est montré plus méfiant concernant cette annonce, attendant plus de précisions, même s'il estime qu'elle va dans le bon sens. "On a besoin de trains, fiables, à l'heure, d'un matériel moderne", a-t-il déclaré dimanche sur BFMTV. "L'affirmation du président signe peut-être cette première étape de ce new deal ferroviaire français".
Le vice-président EELV de l’eurometropole de Strasbourg, Alain Jund, a souligné sur Facebook que le président n'avait "détaillé ni le calendrier", "ni le financement", avant d'ajouter: "l’aide de l'État sera naturellement bienvenue".
De fait, la région Grand-Est a déjà pour projet de doter Strasbourg et le Bas-Rhin d’un "RER en région": elle doit mettre en service 120 trains quotidiens supplémentaires à partir du 11 décembre. Ils relieront Strasbourg à d'autres villes. Du côté de Bordeaux, des concertations ont eu lieu ces dernières semaines concernant l'aménagement du service ferroviaire girondin. L'idée est notamment d'augmenter la fréquence de passage de certains TER, tout en effectuant une refonte de leur desserte.
1,3 millions de voyageurs quotidien sur le RER A
À Paris, le RER est né sous l'impulsion de Charles de Gaulle et s'est étendu dans les années 60. Le général, survolant la région parisienne avec son préfet, aurait eu cette phrase: "Delouvrier, mettez-moi de l'ordre dans ce bordel".
Aujourd’hui, le RER A est la ligne la plus utilisée en Europe, "avec des pics de fréquentation réguliers à plus de 1,3 million de voyageurs par jour" selon Île-de-France Mobilités.
Mais de nombreuses métropoles européennes, hors capitales, sont déjà mieux dotées que la France. Exemple de l'Allemagne, où les habitants de Francfort et son agglomération peuvent compter sur le "S-Bahn" depuis 1978.