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Élysée

La crise politique allemande fragilise les projets européens de Macron

Angela Merkel et Emmanuel Macron lors de la COP23, à Bonn en Allemagne.

Angela Merkel et Emmanuel Macron lors de la COP23, à Bonn en Allemagne. - John Macdougall - AFP

Embourbée dans la crise politique, l'Allemagne ne peut jouer son rôle de leader européen au côté de la France. Ce qui ne fait pas les affaires d'Emmanuel Macron.

La crise politique allemande n'est pas une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron. Et le président français l'a bien compris: "On n'a pas intérêt à ce que ça se crispe", a dit le chef de l'Etat ce lundi. "Ce qui fait que nous, on doit avancer".

Avancer, mais comment? Considérée comme un pilier inamovible de l'Union européenne, l'Allemagne se trouve sans majorité pour être gouvernée, et de nouvelles élections législatives ne sont pas à exclure. Or le chef de l'Etat français a une série de réformes à porter au niveau européen, et il risque de ne pas réussir à les concrétiser sans l'Allemagne. Il comptait notamment sur l'élection d'Angela Merkel: après son discours à la Sorbonne, la chancelière allemande avait d'ailleurs exprimé son accord global sur les projets de son homologue français.

"Macron a besoin de Merkel"

Désormais, même si elle parvient à être réélue chancelière, Angela Merkel est affaiblie politiquement. Ce qui ne fait pas les affaires d'Emmanuel Macron: l'Elysée a d'ailleurs indiqué souhaiter "pour l'Allemagne et pour l'Europe" que son "principal partenaire soit stable et fort, pour avancer ensemble". "Macron a besoin de Merkel, il ne peut pas s"orchestrer comme l'homme fort de l'Europe à la place de la chancelière", juge Dominik Grillmayer, de l'institut franco-allemand de Ludwigsbourg.

"Sur les trois grands sujets que sont la défense, l'Union économique et monétaire et la crise migratoire on ne peut pas avancer sans avoir un moteur franco-allemand en état de marche. Et là il y a un gros retard à l'allumage qui n'était pas anticipé", souligne Sébastien Maillard, directeur de l'institut Jacques Delors.

Un manque d'anticipation également souligné par Leo Klimm, correspondant du quotidien die Süddeutsche Zeitung:

"C'est un scénario noir pour Macron, qui a commencé avec les élections", explique-t-il sur BFMTV. "A l'Elysée, on n'avait peut-être pas compris la gravité du score d'Angela Merkel le 24 septembre dernier [La CDU, menée par la chancelière, a fait son pire score depuis 1949].
Emmanuel Macron avait fait en sorte pour que tout soit prêt au moment des élections allemandes, afin de relancer une dynamique européenne: il a bouclé son budget, prononcé son discours à la Sorbonne deux jours après les élections allemandes… Aujourd'hui, il consulte à propos des élections européennes, et en face, il n'y a personne. Le décalage est total".

Ariane Kujawski avec AFP