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Élysée

Guerre au Proche-Orient, Cop16 sur la désertification, commerce... Macron en visite d'État en Arabie saoudite

Le président français , Emmanuel Macron, et le prince héritier d'Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane le 4 décembre 2021 à Jeddah

Le président français , Emmanuel Macron, et le prince héritier d'Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane le 4 décembre 2021 à Jeddah - Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP

Emmanuel Macron se rend en Arabie Saoudite pour une visite d'État, la première d'un président français depuis celle de Jacques Chirac en 2006. Au programme notamment pour ce déplacement de trois jours: la Cop16, la guerre au Proche-Orient et le renforcement des échanges économiques.

Le président français Emmanuel Macron entame ce lundi 2 décembre une visite d'État de trois jours en Arabie saoudite destinée à intensifier les liens avec ce puissant acteur du Moyen-Orient et à "oeuvrer ensemble" à la stabilisation régionale.

Le chef de l'État est attendu vers 19h locales (16h GMT) à Riyad pour un premier entretien en tête-à-tête suivi d'un dîner avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.

Il s'agit du troisième déplacement du président français en Arabie saoudite depuis 2017, une "relation très dense" à laquelle l'homme fort du pays, un temps paria après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie, a répondu par trois visites officielles en France.

"Travailler ensemble"

Les deux dirigeants vont "acter un rehaussement de la relation bilatérale au niveau d'un partenariat stratégique", a annoncé l'Élysée, en rappelant que la dernière visite d'État d'un président français en Arabie remonte à Jacques Chirac en 2006.

Ils vont voir en premier lieu comment "travailler ensemble" sur les conflits qui secouent la région et sur les risques d'escalade généralisée.;Avec au "coeur des discussions" le Liban, après une trêve fragile entrée en vigueur mercredi entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah, soutenu par l'Iran.

Emmanuel Macron, fort de son rôle dans le cessez-le-feu, espère un soutien saoudien à l'armée libanaise, qui se redéploie à la frontière avec Israël mais manque de moyens, et à la résolution de la crise politique qui secoue le Liban depuis plus de deux ans.

Cessez-le-feu à Gaza

La monarchie du Golfe, longtemps influente politiquement et financièrement au Liban, s'en est désengagée ces dernières années devant le poids grandissant du Hezbollah.

Mais ce dernier sort très affaibli du conflit avec Israël et Ryad pourrait donc se décider à "financer à nouveau des acquisitions au profit des Forces armées libanaises, voire une aide à l'économie libanaise", avance un bon connaisseur du dossier à Paris.Les deux pays appellent aussi à un cessez-le-feu à Gaza et à une "issue politique" reposant sur la "solution des 'deux États'", israélien et palestinien.

L'Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l'islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour une normalisation de ses relations avec Israël et l'octroi de garanties de sécurité américaines. Mais mi-septembre, le prince héritier saoudien a affirmé que son pays ne reconnaîtrait pas Israël avant la "création d'un État palestinien".

Début de la COP16 sur la déserfication et la dégradation des terres

L'Arabie saoudite accueille également à partir de ce lundi et jusqu'au 13 décembre la 16e réunion des parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et la dégradation des terres, après que des experts ont tiré la sonnette d'alarme sur les graves conséquences de la déforestation et de l'agriculture intensive pour la planète.

Un événement présenté par le patron de l'ONU, Antonio Guterres, comme un "moment décisif" dans le combat contre la sécheresse et l'avancée des déserts. La dernière conférence, qui s'était tenue en 2022 en Côte d'Ivoire, avait débouché sur un engagement à "accélérer la restauration d'un milliard d'hectares de terres dégradées", soit des sols endommagés par des activités humaines comme la pollution ou la déforestation, d'ici à 2030.

Renforcer les échanges économiques

Les combats qui ont repris en Syrie entre groupes rebelles et le régime de Bachar al-Assad rouvrent aussi un nouveau front d'instabilité régionale. La visite présidentielle aura un important volet économique mardi alors que le royaume, premier producteur mondial de brut, s'est engagé dans une diversification accélérée pour faire face à un potentiel après-pétrole.

Les deux pays entendent par ailleurs "renforcer de manière très importante" leurs échanges économiques qui ne sont pas "à la hauteur des ambitions communes", souligne l'Élysée.

Le chef de l'Etat sera accompagné pour cela d'une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia etc..) mais aussi de start-ups dans l'intelligence artificielle et la physique quantique (Pasqal, Alan, Mistral..).

Déplacement à Al-Ula avec Rachida Dati

Autant de secteurs, avec la transition énergétique et les mobilités, qui pourraient déboucher sur des contrats. Des entreprises françaises vont notamment participer à des projets saoudiens dans l'énergie solaire.

Des discussions sont également en cours pour l'acquisition d'avions de chasse Rafale par l'Arabie. "La visite du Président pourrait permettre d'emporter une décision, pas forcément une annonce", souligne toutefois une source proche du dossier.

La France est aussi un partenaire clé de l'Arabie saoudite en matière culturelle et touristique, avec le développement d'un méga projet de 20 milliards de dollars autour de l'oasis et du site archéologique d'Al-Ula, au nord de Médine (nord-ouest).

Jadis ouverte essentiellement aux pèlerins musulmans se rendant à La Mecque, l'Arabie saoudite ambitionne de faire du tourisme un des piliers de sa transformation économique et sociétale et d'Al-Ula un des sites les plus prestigieux du Moyen-Orient.

Emmanuel Macron se rendra mercredi à Al-Ula avec la ministre française de la Culture Rachida Dati et d'autres responsables culturels français, dont celui du Centre Pompidou qui va y réaliser un musée d'art contemporain dédié aux artistes du monde arabe.

B.F avec AFP