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Élysée

François Hollande face au patronat

François Hollande devrait apporter de nouvelles précisions sur son pacte de responsabilité, et notamment concernant la baisse des charges.

François Hollande devrait apporter de nouvelles précisions sur son pacte de responsabilité, et notamment concernant la baisse des charges. - -

A l’occasion de ses vœux aux acteurs de l’économie, François Hollande va tenter de calmer la grogne des syndicats, après l’annonce d’une baisse massive des charges des entreprises. Mais aussi de lever les doutes du patronat, pour qui le compte n’y est pas.

François Hollande devra se livrer à un nouveau numéro d’équilibriste, mardi, lors de ses vœux aux acteurs de l’économie et de l’emploi. Car même s’il est rompu à l’exercice, le chef de l’Etat fera face à un climat de méfiance vis-à-vis de son pacte de responsabilité, présenté la semaine passée.

Entre un patronat qui en attend plus, et des syndicats qui se sentent lésés, trouver un juste milieu pourrait, en effet, ressembler à un casse-tête. D’autant que les deux camps n’ont pas hésité à avancer leurs pions durant la semaine écoulée, afin de mettre la pression sur l’Elysée.

La gauche de la gauche à l'offensive

En témoigne la sortie de Thierry Lepaon dans Le Monde daté de mardi. "On a le sentiment que le Premier ministre, c’est Pierre Gattaz", tacle ainsi le dirigeant de la CGT, regrettant que François Hollande réponde "presque exclusivement aux revendications du Medef". Le leader syndical donne ainsi de l’écho à la violente offensive du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, accusant le chef de l’Etat de vouloir "abattre la République". Au sein de la majorité, quelques grincements de dents se font aussi entendre du côté de l’aile gauche, obligeant les pontes socialistes à monter au créneau. 

Même la CFDT, pourtant réputée proche de la ligne gouvernementale, a prévenu: pas question de signer un chèque en blanc au patronat. Le syndicat mené par Laurent Berger veut ainsi des engagements chiffrés en termes d’emploi, contrepartie de la baisse des charges des entreprises.

Le Medef en veut plus

Trop libéral pour la gauche et les syndicats, il est pourtant reproché à François Hollande, par le patronat, de ne pas l’être assez. D’abord ravi par l’annonce de la fin des cotisations familiales à l’horizon 2017, le Medef a ensuite fait ses calculs. Et selon l’organisation patronale, le compte n’y est pas, les 30 milliards de baisse de charges incluant le Crédit d’impôt compétitivité (CICE). Ce seront donc "seulement" 10 milliards d’euros d’allègements supplémentaires accordés aux entreprises. Insuffisant, selon le Medef, pour enclencher une dynamique de créations d’emplois.

Le patronat entend ainsi maintenir la pression et obtenir de l’Elysée, en plus du pacte de responsabilité, une baisse de l’impôt sur les sociétés, récemment évoquée par Jean-Marc Ayrault.

Pour François Hollande, l’enjeu sera donc de limiter la casse à gauche, tout en levant les doutes des patrons et de l’opposition. Mais devra faire face à des partenaires sociaux divisés, et bien décidés à ne pas perdre la face. Ce sera, aussi, l’objectif du chef de l’Etat.

Yann Duvert