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Régionales dans les Hauts-de-France: ce qu'il faut retenir de notre débat de l'entre-deux-tours

Les trois têtes de liste des Hauts-de-France sur BFMTV ce jeudi.

Les trois têtes de liste des Hauts-de-France sur BFMTV ce jeudi. - BFMTV

Ce jeudi soir, les antennes de BFMTV et BFM Lille reçoivent les trois candidats en lice au second tour des régionales dans les Hauts-de-France: Karima Delli, Xavier Bertrand et Sébastien Chenu. Confrontations des programmes, passes d'armes et séquences fortes, voici ce qu'il faut en retenir.

Xavier Bertrand, pour la droite, Sébastien Chenu pour le Rassemblement national et Karima Delli, pour la gauche: ils ne sont plus que trois à être candidats au second tour des élections régionales dans les Hauts-de-France, qui aura lieu dimanche. Ce jeudi soir, les trois têtes de listes désireuses de briguer la présidence du Conseil régional de la région débattaient sur le plateau de BFMTV et BFM Grand Lille.

Avec 41.39% des voix, le président sortant (ex-LR) Xavier Bertrand s'est assuré une confortable avance au premier tour pour boucler sa reconduction et légitimer ses ambitions présidentielles. Sébastien Chenu, candidat RN, n'engrange que 24,38% des voix. La gauche, elle, est pour sa part en bonne voie pour revenir dans l'hémicycle, avec 18.99% des voix.

· "Ne pas faire de cette élection la primaire de la présidentielle"

Dans leurs propos liminaires, le candidat Rassemblement national Sébastien Chenu et la candidate écologiste Karima Delli ont appelé les électeurs à contrer les ambitions du président sortant Xavier Bertrand, et à laisser la place à l'alternance politique.

"Pendant six ans, beaucoup de blabla et pas de résultats. Dimanche prochain, ne laissez personne décider à votre place. Ne laissez pas la droite faire de cette élection la primaire de la présidentielle", a lancé la tête de liste et eurodéputée écologiste, alors que Xavier Bertrand est également candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2022.

Sébastien Chenu, tête de liste du Rassemblement national, a lui aussi appelé les électeurs à ne pas se laisser tenter par l'abstention, et à faire le choix de l'alternance politique: "certains veulent vous casser la mâchoire, comme monsieur Bertrand", a-t-il rappelé, en référence aux récents propos du président sortant de la région. "Mais montrez que c’est vous qui avez votre destin en mains. Votez pour une belle alternance", a encore lancé Sébastien Chenu.

· Karima Delli priorise la lutte contre les violences faites aux femmes

Lors du débat d'entre-deux-tours, la candidate écologiste a mis en avant son engagement contre les violences faites aux femmes dans la région Hauts-de-France. Karima Delli s'est ainsi distinguée de ses deux rivaux en mettant en avant sa volonté de mettre en place des maisons pour protéger les femmes victimes de violences:

"Vous êtes bien bavards sur la sécurité messieurs. Mais j’aimerais qu’on soit mobilisés autour de la sécurité des femmes. Je serai la présidente qui mettra en place des maisons protégeant ces femmes et leurs enfants", a-t-elle souligné.

Alors que les candidats étaient interrogés sur les questions liées aux transports en commun, Karima Delli a dit vouloir s'attaquer aux violences qui ont lieu en leur sein: "Je n’ai pas envie que les scènes d’agression soient seulement filmées, il faut de la présence humaine, et de nombreuses gares n’ont plus de personnel!".

· Bertrand exclut "tout dialogue" avec les dirigeants du RN

Le président sortant de la région a déclaré, à l'adresse de Sébastien Chenu, qu'il excluait "tout dialogue" avec les dirigeants du Rassemblement national. "Je ne vais pas passer mon temps à discuter avec M. Chenu. Il n'y a jamais eu de dialogue possible, et il n'y en aura jamais en ce qui me concerne", a-t-il affirmé.

"Ceux qui profitent des colères, des problèmes des gens sans chercher la moindre solution... je les combats depuis des années", a poursuivi Xavier Bertrand.

· Chenu appelle à "changer de philosophie" vis-à-vis des grands groupes

Le candidat RN Sébastien Chenu a appelé à "changer de philosophie" sur le terrain social. "Si on aide avec de l’argent public on doit être exigeants, donc il faut des contrats avec les grands groupes. Ils devront maintenir de l’emploi ou en créer s’ils veulent de l’aide de la région".

"On va prendre en charge les trois mois de période d’essai des jeunes chômeurs qui veulent créer une PME ou une TPE", a-t-il encore proposé.

Sur ce terrain, Xavier Bertrand a d'abord tenté de défendre son bilan économique: "Chaque année la région permet à 70.000 demandeurs d’emplois d'avoir une formation pour retourner vers l’emploi", a-t-il notamment illustré. Et de poser: "Mon boulot ne sera pas terminé tant qu'il n'y aura pas un emploi pour chacun". Puis il s'est attaqué à son rival du parti d'extrême droite, estimant: "S’il y a un domaine où ils sont particulièrement incompétents c’est bien l’économie, je peux vous le dire. Le FN a refusé de voter pour soutenir ou créer des emplois. Leur projet est un danger pour la région et ses emplois". Et d'ajouter: "vous voyez son sourire quand il parle du malheur des gens, sa délection ?". À la suite de quoi Sébastien Chenu l'a accusé de "mépriser le rassemblement national, ses élus, ses électeurs".

Karima Delli, elle, a articulé son programme économique autour de "grands plans" volontaristes. "Je ferai un grand plan de transition écologique, avec 100.000 emplois verts dans des filières que l’on connaît, un grand plan de rénovation thermique, et ce sera 30.000 emplois directs. Il faut dépolluer et donc lancer ces métiers. Je rendrai gratuit l’ensemble des formations pour devenir infirmières", a-t-elle listé.

La candidate écologiste a expliqué son plan d'action: "Il y aura des conditions sur les critères sociaux et environnementaux des entreprises que nous aiderons. Les, chèques en blanc c’est terminé. Il y aura la création d’un fond d’accompagnement des entreprises : la région prendra 25% des cotisations des PME".

· Les candidats débattent au sujet des éoliennes

Dans la foulée d'une tribune critique de Stéphane Bern sur les éoliennes, un texte souvent salué à droite, Xavier Bertrand a estimé que les gens en "avaient marre d’être encerclés par les éoliennes, qu’on ne leur demande pas leur avis."

"Nous avons décidé de financer des associations anti-éoliennes pour bloquer les projets", a déclaré le président sortant. Mais l'installation d'éoliennes n'est pas de la compétence de la région mais du préfet. "On doit récupérer cette compétence pour qu’on puisse dire oui ou non. On défigure nos paysages, donc notre point de vue est très clair : c’est non", a réagi le sortant", a martelé Xavier Bertrand.

Sébastien Chenu est lui aussi remonté contre les éoliennes: "Je veux un référendum pour un moratoire sur l’éolien dans la région. On peut le faire, et je crois aux référendums locaux. Et on va financer des études épidémiologiques. On m’a montré l’état de troupeaux situés près des éoliennes". L'homme du RN a qualifié l'éolien d'"escroquerie" ne produisant pas d'emploi.

Karima Delli est donc la seule sur le plateau à soutenir l'installation d'éoliennes. Elle a accusé ses adversaires du soir de "déni climatique". "Je propose un mix énergétique, donc avec l'éolien mais aussi solaire, biomasse", a-t-elle prolongé. "76% des Français sont favorables à l’éolien donc il faut faire avec les maires et la population", a-t-elle fait valoir.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV