Ukraine, soupçons de fraudes chez LR… Les moments forts de Valérie Pécresse "face à BFM"

Valérie Pécresse ce mercredi 23 février 2022 dans l'émission "Face à BFM". - BFMTV
Dans le creux de la vague sondagière, alors que sa campagne traverse des turbulences, Valérie Pécresse a répondu ce mercredi soir pendant plus de deux heures aux questions des journalistes de BFMTV et BFM Business dans Face à BFM.
Crise ukrainienne, révélations de Libération mettant en doute la sincérité du vote au congrès Les Républicains (LR)... Condensé des points saillants de la prestation de la candidate à la présidentielle.
• Des fraudes au Congrès LR? Pécresse dénonce une "manipulation"
"On est à 50 jours d'un scrutin où va se dessiner l'avenir de la France, et aujourd'hui, de quoi on va encore parler? D'une manipulation, d'une déstabilisation grotesque", a réagi, visiblement agacée, Valérie Pécresse, quelques heures après les révélations de Libération. Le journal a publié une enquête qui tend à mettre en doute la sincérité du scrutin qui l'a désignée candidate LR à la présidentielle.
"Cette primaire, elle a été exemplaire, elle s'est déroulée sans aucune contestation", a contesté la présidente de la région Île-de-France, rappelant que "les LR ont décidé d'attaquer Libération" en justice.
Victime d'une manipulation, sous-entend la candidate? "On n'a pas que des amis quand on veut devenir président de la République, et ça n'empêche pas de diriger le pays", a-t-elle cinglé.
Interrogée plus spécifiquement sur "Douglas", le chien des Alpes-Maritimes qui selon Libération a été inscrit sur les listes électorales de LR, Valérie Pécresse a évoqué un "canular": "Qu'il puisse y avoir un canular dans une primaire, ça peut arriver. Mais ça ne remet pas en cause la sincérité du scrutin."
• Macron toujours pas candidat: Pécresse dénonce "un scandale"
Bien qu'Emmanuel Macron ne soit pas encore à ce stade officiellement candidat à sa réélection, un meeting de l'actuel président de la République est déjà annoncé le 5 mars prochain à Marseille. "On va enfin parler de son bilan", s'est réjouie Valérie Pécresse.
"Je demande un débat avec Emmanuel Macron. Quand on arrive en campagne le 5 mars et que les élections ont lieu le 10 avril, c'est une question de décence, on doit au moins avoir un débat sur le fond", a-t-elle poursuivi.
"D'ailleurs, c'est un scandale qu'on puisse déclarer sa candidature aussi tard. Si je suis présidente de la République, je changerai les règles, ce ne sera pas un mois et demi avant le dépôt des candidatures, ce sera au moins trois ou quatre mois avant. Il faut qu'on ait ce temps de débat démocratique", a insisté Valérie Pécresse.
Interrogée sur la campagne de 2012, au cours de laquelle le sortant Nicolas Sarkozy ne s'était déclaré candidat qu'en février, la candidate a botté en touche, affirmant qu'il s'était "déclaré beaucoup plus tôt" que l'actuel président.
• Crise ukrainienne: pour Pécresse, Poutine a "roulé Macron dans la farine deux fois"
Interrogée sur la crise ukrainienne, Valérie Pécresse a réclamé l'application de sanctions à l'égard de la Russie, après que Vladimir Poutine a reconnu la souveraineté de Donetsk et de Lougansk, deux républiques séparatistes de l'est ukrainien. À noter que des sanctions ont d'ores et déjà été décidées à l'unanimité par les 27 États-membres de l'Union européenne.
"Aujourd'hui, on ne sait pas ce que veut exactement Vladimir Poutine", a reconnu Valérie Pécresse. "La reconnaissance de ces deux républiques est une provocation", a poursuivi la candidate. "Il faut des sanctions préventives, des sanctions qui frappent dur, pour dire à Vladimir Poutine 'N'avancez pas!'", a prôné la candidate, tout en reconnaissant qu'elle ne s'"opposerai(t) pas à un Président qui essaye de trouver des solutions", revendiquant "la dignité dans l'opposition".
Toutefois, "je crois que peut-être, si les choses avaient été prises en amont (...), on aurait pu éviter ça", a critiqué l'élue LR. "Ça fait presque trois ans qu'Emmanuel Macron n'avait pratiquement plus de relations avec Vladimir Poutine", a-t-elle énuméré, évoquant aussi "ce malentendu sur l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan. (...) Tout ça s'est envenimé sous nos yeux sans que personne ne réagisse, ni Emmanuel Macron, ni l'Union européenne". Pour Valérie Pécresse, Vladimir Poutine a "roulé Macron dans la farine deux fois".
La candidate plaide pour que la France conserve une place de médiation dans les tensions qui se jouent à l'Est, se disant "à ce stade" défavorable à ce que la France livre des armes à l'Ukraine.
Sur la hausse du prix du gaz qui risque de se produire au vu de la crise avec la Russie, la candidate a estimé que c'était "le prix à payer pour qu'un pays indépendant puisse retrouver la paix".
• Revenus: Pécresse promet de ne pas baisser "les revenus d'assistance"
"On ne baissera pas les revenus d'assistance parce que ce sont des revenus de survie", a promis ce mercredi Valérie Pécresse, qui s'était déjà targuée d'être "la candidate du travail et de la feuille de paye". "Comme on ne les baissera pas, il faut augmenter les salaires", a-t-elle développé, exposant sa méthode: "Il faut baisser les charges, il faut dépenser moins d'argent public."
"Je suis la seule candidate à dire qu'il va falloir baisser les dépenses", a-t-elle taclé. "J'ai dit je mettrai un 'comité de la hache'", auprès du Premier ministre. "Il sera chargé, avec les parlementaires, de recodifier tous les codes. (...) On supprimera de la norme. Plus on supprimera de la norme, plus on fera gagner de l'argent aux entreprises et au pays."
Alors que Valérie Pécresse veut supprimer 200.000 emplois de fonctionnaires, la candidate n'a "pas prévu" d'augmenter le point d'indice de ces derniers. La réforme de l'État, "c'est la mère des réformes", justifie-t-elle. "Ce ne sera pas de l'austérité, ça n'a aucun effet récessif de supprimer des doublons et des effectifs", a-t-elle assumé.
• Pécresse livre le récit de l'agression sexuelle dont elle a été victime: "Ça a été la fin de la naïveté"
Après avoir évoqué, sans en ajouter davantage, des "cicatrices" lors de son meeting au Zénith de Paris, Valérie Pécresse a confié ce soir avoir été victime d'une agression sexuelle alors qu'elle était âgée d'une vingtaine d'années.
"J'ai fait la bêtise que font beaucoup de jeunes femmes, j'allais dire naïves, candides et qui croient que l'humanité est bonne. J'étais dans un immeuble, j'ai fait le code et j'ai laissé entrer derrière moi un jeune homme. C'était un immeuble qui n'avait pas d'ascenseur et il m'a agressé dans l'escalier. (...) J'ai hurlé (...) quelqu'un est sorti précipitamment de son appartement", a livré la candidate LR.
"Il s'est passé suffisamment pour que je sois sous le choc, mais pas suffisamment pour que ce soit indélébile. Ça a été un choc parce que ça a été la fin de la naïveté. Ça a été la fin de 'on se promène dans la rue et on se sent en sécurité'", a-t-elle poursuivi.
"Je sais ce que c'est que de se dire, quand on est dans la rue, qu'on ne peut pas se promener en jupe toute seule, qu'on ne doit pas laisser quelqu'un entrer dans l'immeuble avec soi, que l'univers n'est pas peuplé de gens bons", a également confié Valérie Pécresse.
"Avoir une femme présidente de la République pour la première fois, ça ne peut pas être sans conséquences pour la vie des femmes. (...) Il faut qu'un certain nombre de sujets qui ne sont pas traités et qui concernent les femmes puissent l'être sous mon quinquennat", a appuyé la candidate.
• Mariage pour tous: Pécresse "assume" avoir "éprouvé" des doutes
Près de dix ans après l'entrée en vigueur de la loi Taubira sur le mariage pour tous les couples, Valérie Pécresse regrette-t-elle d'avoir défilé dans la rue avec la Manif pour Tous? "À l'époque, j'ai défilé parce qu'il y avait une brutalité de cette loi, et une brutalité que je trouvais inouïe. (...) Je défendais l'union civile", a assumé Valérie Pécresse ce mercredi.
"J'ai exprimé ces doutes, je les éprouvais, et je l'assume, j'assume de les avoir éprouvés. Après, en 2013, quand la loi a été votée, j'ai dit qu'en républicaine je l'appliquerai", a-t-elle poursuivi.
"On pouvait être contre le mariage gay en 2012 et pas être homophobe", a insisté la présidente de région, concédant toutefois qu'"il y en avait certainement" mais que, selon elle, "la plupart des gens qui se sont opposés à cette réforme ne l'étaient pas".
• Pécresse veut des "prisons provisoires" plutôt que des bracelets électroniques pour certaines courtes peines
La mesure est qualifiée de "sottise abyssale" par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti. Valérie Pécresse propose d'utiliser des "prisons provisoires", telles que des "casernes désaffectées" ou des "hôtels désaffectés" en attendant que les nouvelles prisons "soient construites", afin que les "personnes violentes" qui ont été condamnées à de courtes peines ne puissent plus purger leur peine sous bracelet électronique, en dehors d'un centre de détention.
"Comme ils sont sous bracelet électronique, si ils sortent, ça sonne, et donc on les repère et il faut qu'ils restent à l'intérieur", a justifié la candidate.
"Aujourd'hui, les courtes peines ne sont pas exécutées, elles ne sont pas exécutées parce que les prisons sont pleines", a fustigé la candidate LR. "Nos prisons sont indignes, elles sont surpeuplées", a-t-elle également évoqué. "C'est pas parce qu'on a des prisons indignes qu'on ne doit plus incarcérer", a toutefois mis en balance Valérie Pécresse. "Il faut incarcérer plus dès maintenant", défend la LR.
• La mieux placée pour battre Macron? Pécresse assure qu'elle va "le redevenir"
Face à la forte baisse de la candidate dans les sondages, Valérie Pécresse est-elle toujours la mieux placée pour battre Emmanuel Macron, comme elle le martèle depuis des mois? "Je vais le redevenir", a opposé la candidate ce mercredi, admettant en creux les turbulences qu'elle traverse.
"Je pense qu'au meeting du Zénith, un certain nombre de mes messages ont été mal entendus (...) Ils ont même été détournés, donc je vais réaffirmer quelle est ma vision", a indiqué la Francilienne.
La dirigeante de l'Île-de-France avait notamment évoqué les termes de "Français de papiers" ainsi que la théorie complotiste d'extrême droite du "grand remplacement". Des expressions qui avaient beaucoup fait réagir, y compris dans son propre camp politique, avec des demandes de clarifications notamment de Xavier Bertrand ou encore Jean-François Copé.
• Des maires LR qui parraineraient Zemmour? Pour Pécresse, "parrainer n'est pas soutenir"
Interrogée sur Marine Le Pen et Éric Zemmour qui rencontrent des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires, Valérie Pécresse dénonce "une espèce de mise en scène (...) qu'on a à chaque élection". "Je n'ai aucun doute qu'ils y seront", a-t-elle poursuivi.
"Je pense qu'un certain nombre de maires, de manière tout à fait démocratique, vont les parrainer", a-t-elle poursuivi, évoquant le président de l'Association des maires de France (AMF) et maire de Cannes David Lisnard, qui a annoncé parrainer Jean-Luc Mélenchon tout en soutenant Valérie Pécresse.
"Le rôle des maires républicains, c'est d'abord de parrainer leur candidate, mais si certains pensent que pour la démocratie il faut (parrainer un autre candidat, NDLR), parrainer n'est pas soutenir", a développé la candidate.
Alors que le conservateur député européen François-Xavier Bellamy pourrait apporter son parrainage à Éric Zemmour, Valérie Pécresse ne se dit pas "choquée" par cette éventualité, tant "que son soutien politique (lui) est acquis".
De manière générale, "en revanche si c'est 'parrainer et soutenir', c'est sortir des Républicains", selon elle.