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Présidentielle: #RadioLondres, sondages belges... pourquoi il faut se méfier des résultats avant l'heure

Un bulletin est glissée dans une urne, au premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 10 avril 2022. Un scrutin suivi de près par nos voisins belges et suisses.

Un bulletin est glissée dans une urne, au premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 10 avril 2022. Un scrutin suivi de près par nos voisins belges et suisses. - Jeff Pachoud - AFP

Le jour de chaque scrutin, des bruits de couloirs prennent naissance sur les réseaux sociaux. BFMTV.com vous explique pour quelles raisons il convient de prendre avec la plus grande prudence tous les pseudo-sondages qui paraîtraient avant 20 heures.

À chaque élection, c'est la même rengaine. Quelques minutes voire quelques heures avant que ne tombent les résultats officiels, des rumeurs sur les premières tendances circulent sur les réseaux sociaux. Depuis la présidentielle 2012, des internautes lancent des bruits de couloirs sous le hashtag #RadioLondres, évoquant l'éventuelle remontada de tel ou tel candidat, ou le potentiel naufrage d'un autre... À l'étranger, le vote avait à peine commencé samedi soir que les faux sondages étaient déjà nombreux à circuler en ligne.

Ce dimanche soir, les premières estimations des résultats du second tour de l'élection présidentielle seront dévoilées sur le coup de 20 heures, comme d'habitude, quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote.

"Tant que les bureaux ne sont pas fermés, ce sont des bruits qui sont infondés", insiste donc Bernard Sananès, président de l'Institut de sondage Elabe, dans l'épisode J-15 du podcast du service politique de BFMTV.

Les sondages "sorties des urnes" n'existent plus

D'abord, les sondages dits "sorties des urnes" n'existent plus à proprement parler. La Commission nationale de contrôle et la Commission des sondages indique, dans un communiqué publié le 4 avril, avoir adopté une position commune interdisant la diffusion des sondages électoraux la veille et le jour de l'élection, au premier comme au second tour. Afin de "garantir la liberté de vote de chaque citoyen et la sincérité du scrutin", la divulgation de résultats ou de sondages est passible d'une amende de 75.000 euros.

Ils indiquent, par ailleurs, que les principaux instituts de sondage ne réaliseront pas de sondage "sorties des urnes" ce dimanche. Cette méthode de sondage, qui consiste à interroger de nombreux électeurs juste après leur vote, n'existe plus depuis plus de 20 ans en France, selon ce qu'a rapporté la Commision des sondages à Franceinfo. Les instituts ont progressivement abandonné depuis la fin des années 80 car à la sortie des urnes, les électeurs se révélaient ne pas être toujours sincères. Difficile donc d’avoir des résultats fiables et affinés de cette manière.

Ce type de sondage, désormais disparu, est donc à différencier des premières estimations qui, elles, seront dévoilées vers 20 heures par BFMTV.

L'estimation du résultat, un processus relativement fiable

Ces premières estimations, révélées à la télévision après la fermeture des premiers bureaux de vote, "ce ne sont pas des sondages mais bien des chiffres tirés des premiers dépouillements", rappelle par ailleurs Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV.

"Une estimation, c'est très différent d'un sondage", appuie Bernard Sananès, qui affirme que ces chiffres sont beaucoup plus fiables car ils viennent directement des bureaux de vote. "Là, on n'interroge pas les gens. Très en amont, on constitue un échantillon de 300 bureaux de vote qui représentent une petite France", en se basant sur les résultats de toutes les participations électorales des dernières années.

"Une fois qu'on a ça, le plus important, c'est qu'en additionnant les résultats des 300 bureaux de vote, on soit au plus près, qu'on ait reconstitué le plus finement possible le score de l'élection de référence, à savoir le scrutin précédent", explique le président de l'institut de sondage.

Les sondages étrangers, pas des gages de fiabilité

"Ensuite, nous avons 300 personnes (une par bureau de vote) qui assistent au dépouillement", poursuit Bernard Sananès. "Chacune doit passer plusieurs coups de fil: le premier après avoir compté le nombre de bulletins dans l'urne pour estimer le taux d'abstention, puis à la fin du dépouillement. Ensuite toutes ces données sont transmises au fur et à mesure par un coup de fil et sont saisies dans une application."

Le spécialiste des sondages explique que l'estimation est ensuite faite via un algorithme assez fin. "Toutes les données recueillies sont amalgamées, et l'algorithme nous sort un chiffre qui évolue de bureau en bureau et celui-ci commence à être fiable quand il ne bouge plus beaucoup. Là, ça veut dire que l'ordinateur a trouvé la matrice de transfert. C'est ça qui permet d'avoir un premier chiffre à 19h50", détaille-t-il.

Enfin, les estimations réalisées par des médias étrangers (soient-ils francophones) ne sont en rien plus fiables que les estimations françaises. Interrogée par Franceinfo, la Commission des sondages tient à rappeler que ces estimations "reposent uniquement sur les derniers sondages d'avant premier tour et ne sont donc pas suffisamment fiables pour être prises au sérieux." Lors du premier tour de la présidentielle en 2017, la RTBF belge avait notamment dévoilé de premières estimations dès 17h30, en citant "plusieurs enquêtes convergentes", qui s'étaient révélées relativement éloignées du score final.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV