Candidate ou pas? Malgré le scepticisme de la gauche, la réponse de Christiane Taubira attendue en fin de semaine

Devant la grogne, Christiane Taubira a renoncé au projet de son ministère pour financer l'aide juridictionnelle. - Loic Venance - AFP
Un éventuel retour qui enflamme les esprits à gauche. Alors que Christiane Taubira n'a cessé de laisser planer l'ambiguïté sur ses intentions pour 2022, l'appel à une primaire à gauche formulé par Arnaud Montebourg et Anne Hidalgo pourrait finalement la faire sortir du bois et la pousser à s'exprimer en fin de semaine, d'après nos informations.
Depuis le début du mois de décembre, l'ancienne garde des Sceaux a multiplié les contacts avec les candidats de gauche. A commencer par Jean-Luc Mélenchon avec qui elle a échangé avant son meeting à La Défense le 3 décembre dernier.
"Pas la solution miracle"
L'ex-ministre de la Justice cherchait à le convaincre de rejoindre la primaire populaire, ce mouvement qui plaide depuis un an pour une candidature unique à gauche. Sans succès. Son appel à l'union ne semble pas non plus convaincre dans les rangs des écologistes.
"Il ne faut pas trop spéculer sur l'arrivée de Christiane Taubira. Je ne suis pas sûre que ce soit la solution miracle", a ainsi estimé Sandrine Rousseau, présidente du conseil politique de Yannick Jadot, sur BFMTV ce mercredi matin.
"La question, c’est celle du programme. Je l’ai très peu entendue parler d’écologie. On ne peut pas négocier avec l’écologie (...)", a encore ajouté la candidate défaite de la primaire EELV.
"Elle ne peut pas descendre dans l'arène"
Sur les bancs des socialistes, personne ne paraît non plus prendre au sérieux l'hypothèse Taubira.
"C'est la construction d'un mythe, elle regarde sa propre statue. Elle ne peut pas descendre dans l'arène", juge un proche d'Anne Hidalgo auprès de BFMTV.
L'absence totale de programme de Christiane Taubira, à moins de 4 mois de la présidentielle, joue également en sa défaveur, tout comme son engagement sans faille aux côtés de François Hollande pendant son quinquennat.
"Elle est restée jusqu'au bout ministre", souligne d'ailleurs un cadre écologiste, rappelant les divisions de la gauche sur les sujets économiques entre 2012 et 2017, sans que la Guyanaise ne prenne une seule fois position.
Plébiscitée par les sympathisants de gauche
Un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France 2 montre cependant que les sympathisants de gauche sont favorables à 57% à l'idée de voir Christiane Taubira participer à cette primaire. 47% d'entre eux se disent prêts à voter au premier tour pour Jean-Luc Mélenchon, talonnée par cette dernière (46%), avance encore cette étude.
Dans l'entourage de l'ancienne députée, on assure cependant que "c'est le sens du devoir" qui l'animerait. Le premier meeting de campagne d'Éric Zemmour aurait même été le déclencheur.
"Elle ne peut pas regarder Villepinte et se dire que ça ne la concerne pas", estime encore un proche auprès de BFMTV.
Cela fait pourtant des mois que Christiane Taubira semble envisager l'hypothèse d'un retour. "S’il se dégage que c’est à moi qu’il reviendra de tenir le gouvernail, de prendre les rênes, de me bander les muscles […] et de tenir pour qu’on avance ensemble […] oui, je serai là", avançait-elle au micro de France Inter le 26 septembre 2019. Des élus parisiens ont également reçu il y a deux mois des courriers leur proposant de soutenir son éventuelle candidature.
Si Christiane Taubira franchit le pas d'une éventuelle candidature en fin de semaine, elle devrait pouvoir compter sur le mouvement "Taubira pour 2022", fondée en 2020. Il compte 60 comités de soutiens locaux et pourrait être une rampe de lancement vers la présidentielle.