Présidentielle: les 5 personnes qui comptent dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon

Souvent fidèles de longue date, de jeunes personnalités entourent Jean-Luc Mélenchon dans sa course à l'Élysée. Passage en revue de ces chevilles ouvrières, à moins de deux mois du premier tour.

Ils ont souvent la trentaine, tout au plus une petite quarantaine. Et tiennent une place prépondérante au sein du dispositif de campagne de Jean-Luc Mélenchon, invité ce jeudi soir de La France dans les yeux depuis les Alpes-de-Haute-Provence. Candidat pour la troisième reprise à l'élection présidentielle, le cofondateur du Parti de Gauche s'est entouré dans sa course à l'Élysée d'une jeune garde rapprochée, parfois présente depuis des années.

BFMTV.com a identifié cinq personnalités emblématiques, connues ou non du grand public, de l'entourage de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs d'entre elles, à l'image de Manuel Bompard, Antoine Léaument, Sophia Chikirou ou encore Bastien Lachaud étaient déjà au cœur du réacteur en 2017.

Certains noms, comme celui du député de Seine-Saint-Denis et porte-parole du candidat Alexis Corbière, de la députée européenne Manon Aubry, du député du Nord et coordinateur de La France insoumise Adrien Quatennens auraient aussi pu figurer dans cette liste, qui n'a pas vocation à être exhaustive.

· Manuel Bompard, le chef d'orchestre de la campagne

Le député européen LFI Manuel Bompard à Viviez, dans l'Aveyron, le 1er décembre 2021 © Valentine CHAPUIS © 2019 AFP

Habitué des plateaux télévisés, le député européen n'est pourtant pas la personnalité "insoumise" la plus connue du grand public. Âgé de 35 ans, Manuel Bompard en est à sa troisième campagne au côté de Jean-Luc Mélenchon. C'est la deuxième qu'il mène en tant que directeur de campagne, poste qu'il avait déjà occupé en 2017 - le candidat insoumis avait alors obtenu 19,58% des voix, arrivant en quatrième position du scrutin, dans un mouchoir de poche derrière François Fillon.

Dans un portrait que lui consacrait Le Figaro en juillet dernier, on apprenait que les deux hommes, que plus de trois décennies séparent, se sont rencontrés en 2008, peu après le départ de Jean-Luc Mélenchon du Parti socialiste (PS).

Dès lors, le tribun et celui qui était étudiant, établi entre temps à Toulouse, ne se quitteront plus. Manuel Bompard devient un rouage important du Parti de Gauche. En 2014, il est nommé directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour les élections européennes de 2014. En 2019, c'est en son nom qu'il fait campagne pour l'assemblée de Strasbourg, où il siège depuis lors.

"Même si on n'a pas gagné, il me semble que la campagne de 2017 n'a pas été trop mal réussie. Je ne prétends pas en être l'unique artisan, c'est d'ailleurs tout un collectif qui a été reconduit. On fonctionne bien ensemble, et Jean-Luc Mélenchon sait mener une équipe qui gagne", estimait début janvier Manuel Bompard auprès de nos confrères d'Actu Toulouse.

· Sophia Chikirou, la conseillère

Sophia Chikirou, le 8 mars 2021 à Paris © MARTIN BUREAU / AFP

En 2012 et 2017, la communicante était déjà présente lors des précédentes courses à l'Élysée. En 2022, Sophia Chikirou, un temps intervenante régulière sur BFMTV pour des émissions de débats, conseille toujours le candidat Mélenchon.

L'ancienne socialiste a fait la connaissance de Jean-Luc Mélenchon au PS, époque Solférino. En 2017, elle cumulait deux tâches: directrice de la communication de la campagne et dirigeante de la société Médiascop, prestataire de la campagne. Une entité au cœur de l'enquête sur les comptes de cette campagne, soupçonnée de surfacturations - ce que l'intéressée nie.

Après les révélations de Mediapart en 2018 sur la perquisition au domicile de l'élu, dans le cadre de l'enquête préliminaire précédemment évoquée, Jean-Luc Mélenchon avait vigoureusement nié le fait qu'elle était sa compagne.

Sophia Chikirou, 42 ans, fut directrice du Média quelques mois en 2018 après le lancement de la web télé. Elle a été élue conseillère régionale d'Île-de-France en juin dernier. Elle figurait au premier tour sur la liste de Clémentine Autain, puis a été élue au second sur la liste d'union de la gauche menée par l'écologiste Julien Bayou.

· Antoine Léaument, le "M. Numérique"

Antoine Léaument sur le plateau de BFMTV, le 25 octobre 2018 © BFMTV

À 32 ans, Antoine Léaument n'en est pas à ses premières années de militantisme auprès de Jean-Luc Mélenchon. "Dans la galaxie insoumise, Antoine Léaument est sûrement le meilleur élève", notait en janvier 2020 Libération, dans un portrait consacré à celui qui briguait alors, sans succès, la mairie de Châteauroux, préfecture de l'Indre dont il est originaire.

Pourtant, "l'insoumis" n'avait pas d'emblée été séduit par Jean-Luc Mélenchon: en 2007, pas encore majeur, c'est en faveur du centriste François Bayrou que penchait le Castelroussin, comme il le confessait à France Bleu Berry en 2017. Cela ne dure qu'un court laps de temps: il rejoint Jean-Luc Mélenchon en 2010 et cofonde une section du Front de Gauche à la Sorbonne en 2011.

Depuis 2017, le jeune trentenaire est positionné sur un segment crucial: la communication numérique de l'élu des Bouches-du-Rhône. Antoine Léaument chapeaute les réseaux sociaux de son candidat, qui se revendique à la pointe des questions numériques et investit bien volontiers ces canaux, que ce soit sur sa chaîne Twitch ou pour des pastilles humoristiques sur TikTok. Il est d'ailleurs - pour l'heure - le seul candidat majeur à la présidentielle présent sur le réseau social de streaming en direct.

Concernant le scrutin d'avril, le communicant se veut confiant. "La dernière fois, tout s'est joué en un mois", assurait-il dernièrement à BFMTV.com.

Le député LFI Bastien Lachaud à l'Assemblée nationale, le 5 octobre 2021 à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

À l'image de Jean-Luc Mélenchon lui-même et de Sophia Chikirou, Bastien Lachaud est aussi un ancien socialiste. Le député de Seine-Saint-Denis, élu en 2017, a quitté les travées du parti au poing et à la rose lors de la création du Parti de Gauche en 2008. Depuis, l'enseignant en histoire-géographie de profession turbine dans le giron de Jean-Luc Mélenchon.

Âgé de 41 ans, celui qui a succédé à la socialiste Élisabeth Guigou dans sa circonscription, est une cheville ouvrière de la campagne à l'aura néanmoins discrète.

En 2017, il travaillait sur le pan numérique de la campagne présidentielle et sur les événements. C'est dans son esprit qu'aurait germé le fameux hologramme de Jean-Luc Mélenchon à Lyon, avait-il revendiqué auprès de Libération en 2019. Il a aussi dirigé la campagne des législatives de LFI en 2017. Pour 2022, le député rempile en tant que responsable des événements du leader insoumis.

En octobre 2021, il a été mis en examen principalement pour "prêt illicite de main-d'œuvre, faux, escroquerie et tentative d'escroquerie" dans le cadre de l'enquête sur les comptes de campagne de 2017, révélait Mediapart. Il était à l'époque trésorier de l'association L'Ere du peuple, qui assurait la logistique de la campagne. Une infraction contestée par Jean-Luc Mélenchon et jugée infondée pour l'avocat du parlementaire mis en cause.

· Clémence Guetté, la co-responsable du programme

La secrétaire générale du groupe des députés Insoumis Clémence Guetté le 8 mars 2021 à Paris © Martin BUREAU © 2019 AFP

Jusqu'ici discrète, elle tend à se faire plus présente dans les médias. Sur le plateau de France 2 jeudi soir, après l'émission Élysée 2022 qui recevait ce soir-là Jean-Luc Mélenchon, c'est Clémence Guetté qui a été envoyée par le parti pour assurer "le service après-vente" de la prestation du candidat.

La jeune femme n'a que 30 ans, mais milite de longue date: ancienne du Parti de Gauche, elle expliquait l'an passé au Courrier de l'Ouest militer "depuis plus de dix ans". Elle faisait partie de l'équipe de campagne en 2017.

Clémence Guetté cumule deux postes essentiels: l'un auprès des députés, celui de secrétaire générale du groupe La France insoumise au Palais-Bourbon ; l'autre au cœur de la campagne, celui de co-responsable de l'Avenir en commun, le programme de Jean-Luc Mélenchon.

"Elle est centrale dans le dispositif", appuie l'attachée de presse de Jean-Luc Mélenchon, Coline Maigre, auprès de BFMTV.com.

Originaire des Deux-Sèvres, la stratège avait été tête de liste de La France insoumise en Nouvelle-Aquitaine en 2021, unie avec le NPA. Une alliance unique en France, qui s'était soldée par un échec puisque la liste "On est là!" avait récolté seulement 5,67% des voix au premier tour.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV