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Présidentielle: ce que nous dit l'importante abstention enregistrée au premier tour

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À 20h, le taux d'abstention final devrait s'élever à 26,5%, selon une projection Elabe pour BFMTV. Un niveau inédit depuis 20 ans, mais qui ne bat pas le triste record de 2002.

Au terme d'une campagne présidentielle inédite, plus d'un quart des Français pourraient s'être abstenus de voter au premier tour. Le taux d'abstention va atteindre 26,5% à 20 heures, selon notre première estimation Elabe pour BFMTV et L'Express réalisée avec notre partenaire SFR.

Un chiffre en hausse par rapport au premier tour de l'élection de 2017: à l'époque, le taux d'abstention finale s'est établi à 22,23%. Un tel niveau d'abstention est très élevé pour une présidentielle, considérée comme l'élection reine de la Ve République.

Toutefois, contrairement aux prévisions les plus pessimistes, le record de 2002 ne sera donc pas battu. À l'époque, 28,40% des Français s'étaient abstenus de voter au premier tour du scrutin.

"Ce chiffre n'est pas une surprise"

Si notre projection Elabe va nécessairement s'affiner, elle risque fort d'être plus importante "de quatre points que ce qu'on a connu en 2017", note également Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe. "Si le record de 2002 ne serait alors pas battu, on en serait pas très loin", ajoute-t-il.

"Ce chiffre de l'abstention de plus d'un quart des inscrits n'est pas une surprise", pointe notre spécialiste des sondages.

Il explique également ce faible taux de participation par plusieurs raisons: à la fois structurelles et conjoncturelles. D'abord, note-t-il, "cela fait plusieurs années qu'on voit monter une défiance à l'égard de la politique dans le pays: 58% des Français disent ne pas leur faire confiance par exemple. Et puis il faut dire que la campagne a mis du temps à démarrer, elle n'a pas intéressé les Français et s'est révélée être particulièrement volatile".

"La cristallisation d'un moment qui n'a pas intéressé"

Pour Julie Graziani, éditorialiste BFMTV, "cette abstention peut se cristalliser à un moment donné et représenter la sanction d'un moment politique qui n'a pas intéressé les électeurs". L'éditorialiste considère que cette campagne électorale a été caractérisée par "une certaine atonie".

"Elle a été sans réel enjeu, avec un paysage politique très éclaté et le sentiment d'une certaine impuissance."

Toutefois, selon elle, "cela ne veut pas dire que la politique n'intéressera plus à l'avenir. On peut tout-à-fait imaginer que si les candidats travaillaient un nouveau programme, se lançaient avec une nouvelle dynamique, ou s'ils proposaient des candidatures plus mobilisatrices, les électeurs seraient de nouveau mobilisés".

En dehors de 2002, les abstentions les plus élevées jusqu'alors avaient été, pour un premier tour, 1969 (22,4%) et 2017 (22,23%), soit 3 ou 4 points de moins que ce qu'y est anticipé pour ce dimanche.

Après des taux catastrophiques aux municipales de 2020 et surtout aux régionales et départementales de 2021, où les deux tiers des Français avaient boudé les urnes, un taux de 25% à 26,5% signerait toutefois un rebond notable de la participation confirmant que la présidentielle demeure malgré tout l'élection préférée des Français.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV