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Présidentielle 2017: un duel Mélenchon - Montebourg se profile à gauche

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Arnaud Montebourg a fait lundi un pas de plus vers 2017. Son crédo: incarner l'aile gauche du PS. Une position que Jean-Luc Mélenchon entend déjà occuper.

"Mon problème, c'est Mélenchon". Quand, il y a presque un an, il a lâché cette phrase au député frondeur Pouria Amirshahi en faisant référence à la présidentielle 2017, Arnaud Montebourg a fait preuve d'une belle clairvoyance. Aujourd'hui, l'ancien ministre de l'Economie n'a toujours pas décidé, ou du moins annoncé, sa candidature officielle, mais il s'est posé lundi comme une possible alternative à gauche. Une place déjà occupée par Jean-Luc Mélenchon, qui s'était lui empressé d'annoncer en février sa candidature pour 2017.

Lors de sa traditionnelle ascension du mont Beuvray, Arnaud Montebourg a lancé l'appel suivant:

"Je vous propose de bâtir dans les mois qui viennent un grand projet alternatif. [...] Alternatif aux appareils politiques et hors leur censure, et audacieux dans l'invention de notre futur. Alternatif à la pensée unique qui a fusionné la droite et la gauche, et créatif dans la recherche de solutions nouvelles".

L'ancien ministre reconverti en entrepreneur a donné à ce projet l'ambition de "réunifier (...) la France qui va bien et la France qui va mal". En prenant cette posture de rassembleur, il fait donc un pas de plus vers la présidentielle de 2017.

"Les 'petits pas' de Montebourg, c'est contre-productif"

Parti du gouvernement en 2014 dans une position de dissident, Arnaud Montebourg n'a pas critiqué directement François Hollande ou Manuel Valls lundi, mais son rappel sur les valeurs de gauche - "considérer le pouvoir politique comme parfois supérieur au pouvoir économique", "défendre sans relâche nos libertés" - apparaissent comme un désaveu de la politique du gouvernement à l'heure où celui-ci prolonge l'état d'urgence et use du 49-3 pour faire passer la loi travail.

Voilà qui est posé: Arnaud Montebourg, entouré lundi de plusieurs frondeurs socialistes, reprend les habits de celui qui veut incarner l'aile gauche de la gauche et vient ainsi marcher sur les plates-bandes de Jean-Luc Mélenchon.

Le porte-parole pour 2017 du cofondateur du Parti de Gauche, Alexis Corbière, a d'ailleurs rapidement taclé la sortie d'Arnaud Montebourg sur son blog, où il écrit: 

"A l’heure où progresse à grand pas la proposition de candidature Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017, qui peut même être au deuxième tour, à quoi servent ses éternels 'petits pas' d’Arnaud Montebourg'? Pour aller loin, c'est très contre-productif."

Alexis Corbière a accusé Arnaud Montebourg de "directement puis[er], souvent au mot près, dans les combats anciens et présents menés par Jean-Luc Mélenchon", que ce soit dans le choix de ses thèmes ou "dans le discours qu'il a prononcé ce jour (lundi, ndlr)".

Rivaux, mais pourquoi pas alliés?

Il est vrai que les deux hommes ont bien des idées politiques communes, de l'instauration d'une VIème République à la critique de l'austérité européenne en passant par la défense de l'industrie française. S'il se lance dans la course à la présidentielle, Arnaud Montebourg se posera donc comme le principal rival de Jean-Luc Mélenchon.

Une rivalité qu'aimerait bien éviter l'équipe du cofondateur du Parti de Gauche. Et pour cela, elle semble prête à ouvrir les bras à Arnaud Montebourg, preuve en est avec l'appel lancé par Alexis Corbière à la fin de son post de blog: 

"Je veux croire qu'Arnaud Montebourg saura rejoindre au plus vite ceux qui sont déjà engagés dans la bataille et qui ne temporisent pas. Assez d'hésitations."

Le défenseur du "made in France" a annoncé lundi que le temps de "se décider sur les candidatures" viendrait après "le printemps et l'été", consacrés à la construction du projet qu'il appelle de ses vœux. Ce qui renvoie à son rendez-vous annuel dans son fief de Frangy-en-Bresse, le 21 août. D'ici là, l'ancien ministre aura le temps de tester sa popularité et de peser ses chances de remporter une primaire à gauche, ou de l'emporter hors de ce cadre si les appareils partisans refusent d'organiser la primaire. Et peut-être de penser à une éventuelle alliance avec Jean-Luc Mélenchon.

Marion Garreau