Handicap à l'école: le Conseil national consultatif des personnes handicapées condamne les propos de Zemmour

Eric Zemmour devant le château de Villers-Cotterets (Aisne) le 15 janvier 2022 - FRANCOIS NASCIMBENI © 2019 AFP
Les propos d'Éric Zemmour sur la scolarisation des enfants en situation de handicap continuent de susciter la controverse. Cette fois, c'est au tour du Conseil national consultatif des personnes handicapées de réagir, qualifiant les propos du candidat à l'élection présidentielle d'"inacceptables" et les considérant comme "en opposition" notamment avec la convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies ratifiée par la France en 2010, via un communiqué publié ce lundi.
"À la suite des propos inacceptables d’un acteur du paysage politique français au sujet de l’accueil des élèves handicapés à l’école et au débat qui a suivi dans les médias et sur les réseaux sociaux, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNDPH) condamne cette déclaration", a déclaré le Conseil dans un communiqué publié sur son site.
L'ancien journaliste avait déclaré vouloir scolariser les enfants en situation de handicap dans des établissements à part lors d'un déplacement dans les Hauts-de-France vendredi dernier.
"L'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux enfants et aux enseignants", avait-il dénoncé.
Des propos "en opposition" avec la convention des Nations Unies
L'instance consultative dénonce des propos "en opposition avec la loi du 11 février 2005 et la convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies ratifiée par la France en 2010".
Le CNDPH rappelle notamment que, selon l'article 19 de la loi du 11 février 2005, "l’État met en place les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes handicapés".
Il souligne également que l'article 24 de la convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies impose que "les enfants handicapés ne soient pas exclus, sur le fondement de leur handicap, de l’enseignement primaire gratuit et obligatoire ou de l’enseignement secondaire".
Un droit qui demande "des moyens supplémentaires"
"L’accueil à l’école est un droit pour tous les enfants, qu’ils aient des besoins éducatifs particuliers ou non", soutient le Conseil consultatif qui reconnaît qu'il nécessite encore "des moyens supplémentaires et une évolution des pratiques professionnelles pour rendre ce droit effectif".
L'instance évoque entre autres la nécessité de mieux former les enseignants, une meilleure accessibilité de l'ensemble des établissements scolaires et une meilleure rémunération des accompagnants d’élèves en situation de handicap comme pistes d'amélioration.
De nombreux acteurs de la vie politique ont réagi ces derniers jours aux propos d'Éric Zemmour. Sophie Cluzel, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, s'était dite notamment "consternée par cette vision de la société" sur BFMTV.
Emmanuel Macron a pour sa part réagi en privé, affirmant qu'on "ne peut pas se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes, une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise", selon Le Parisien.
Le polémiste avait répondu aux critiques samedi sur Twitter. "Pour la scolarisation des enfants handicapés, je veux des solutions adaptées, personnalisées et souples: nous devons agir avec réalisme et générosité", avait-il appelé, se disant désormais "attaché à ce qu'il y ait des passerelles entre scolarisation en établissement spécialisé et ordinaire".