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Présidentielle

Fraude fiscale, retraites, immigration… Anne Hidalgo à l'offensive pour relancer sa campagne

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La candidate socialiste à la présidentielle, quatre jours après son appel en faveur d'une primaire à gauche, donnait un meeting à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales.

Quatre jours après son appel à une primaire à gauche, à quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, Anne Hidalgo donnait ce dimanche un meeting à Perpignan (Pyrénées-Orientales), fief frontiste dont la municipalité est dirigée par l'édile du Rassemblement national (RN) Louis Aliot.

Devant un millier de personnes au Palais des Congrès, défendant l'héritage "qui est celui du progrès, des conquêtes sociales", Anne Hidalgo s'est posée en "candidate d'une colère, qu'(elle) veu(t) transformer en espoir".

"Nous ne pouvons accepter un deuxième quinquennat d'amertume et de division, la France est trop fracturée, trop en colère, il y a trop de mépris, trop d'arrogance", a fait valoir la candidate socialiste à la présidentielle.

La primaire, "seul chemin qui permette de se rassembler aujourd'hui"

"L'union, l'histoire le montre, c'est ce qui fait la gauche, cette France, République, qui agit. Je l'ai dit mercredi et je veux le répéter aujourd'hui devant vous. À quatre mois du scrutin, comment ne pas entendre les Françaises et les Français qui nous appellent à l'union?" a défendu la maire de Paris.

"Comment ne pas entendre le désespoir, l'angoisse, de celles et ceux qui ne peuvent se résoudre à un débat politique, confisqué par deux candidats d'extrême droite et deux candidats de droite? Alors parce que sans union il n'y a pas de destin pour la gauche, mais sans la gauche, ce n'est plus la France, ce n'est plus la démocratie, alors nous allons tout tenter pour réaliser cette union", s'est engagée Anne Hidalgo.

"J'ai pris ma responsabilité, j'ai proposé publiquement sincèrement le seul chemin qui permette de se rassembler aujourd'hui, celui de la primaire avant le premier tour", a-t-elle poursuivi.

"No pasaran!"

Voulant lancer un "appel à l'unité de la France", Anne Hidalgo a fustigé "cette France au passé falsifié (qui) n'est pas la nôtre", évoquant à mots couverts Éric Zemmour. "Notre France, c'est celle des militants de la justice sociale, de la patrie indépendante, du Front populaire, de la résistance, des Justes devant la Nation, mais aussi de la décolonisation et de l'égalité. Notre France, ce n'est pas un petit pays rabougri, dont on nous vanterait le récit falsifié d'une Histoire de faussaires qui en sont à trouver des excuses à Pétain", a-t-elle déroulé.

"Nous sommes les militants de la gauche républicaine, celle qui fait les réformes", a harangué Anne Hidalgo. "Nous sommes la gauche qui défend les travailleurs, celle qui conquiert de nouveaux droits, dont ces puissants ne veulent à aucun prix, qui défend les femmes, qui agit pour l'égalité, la parité, le mariage pour tous", se posant en "candidate de la concorde" et fustigeant également "une droite qui court après l'extrême droite" sur la sécurité.

La candidate a évoqué "dans un cauchemar ultime, une victoire de l'extrême droite", qui "reléguerait la France au rang des petits pays xénophobes et racistes".

"Cette France qui recule n'est pas la nôtre! Cette nation confite dans une nostalgie agressive n'est pas la nôtre! Cette France au passé falsifié n'est pas la nôtre", a-t-elle martelé avant de proclamer: "Sur cette terre qui chante au vent d'Espagne, avec cet accent qui est celui de la liberté, je vous le dis avec toute mon âme: No pasaran!".

Droit de vote à 16 ans et retraite à 62 ans

Reprenant des thématiques chères à la gauche, l'édile de la capitale a défendu "la laïcité, (...) base de la concorde nationale", qui "protège nos libertés".

Anne Hidalgo a également réitéré sa proposition d'ouvrir le droit de vote dès 16 ans. À destination de la jeunesse également, la candidate veut ouvrir "le service civique pour qu'il soit le nouveau creuset de la nation" et valoriser l'engagement des plus jeunes.

"Il comptera dans leur formation, mais aussi dans leur diplôme", a indiqué la candidate à l'égard du service civique, voulant également un minimum jeunesse ouvert dès 18 ans, automatique et inconditionnel.

Sur le plan économique, Anne Hidalgo a évoqué la nécessité d'une réforme des retraites, indiquant vouloir, dans un "serment de Perpignan", sanctuariser "à 62 ans l'âge de départ à la retraite". "Je ne me résignerai jamais à ce que les plus pauvres soient condamnés à mourir avant d'accéder à ce droit", avait-elle indiqué auparavant.

La candidate promet par ailleurs "une lutte implacable contre la fraude et l'optimisation fiscale", veut une hausse de 15% du Smic et défend le fait que "la transition écologique doit figurer en tête des priorités pour un gouvernement de gauche".

"Parce que l'écologie est un humanisme, parce qu'elle suppose une politique de progrès pour tous, parce qu'il s'agit pour nous de transformer nos modes de production, en conjugant le mouvement civique vers une plus grande sobriété", a-t-elle argué.

"Maîtriser les flux migratoires"

Faisant valoir "une politique d'immigration humaine, cohérente et ferme pour obtenir l'intégration", Anne Hidalgo veut "améliorer l'accueil des étrangers en maîtrisant les flux migratoires".

"Nous ne pouvons tolérer que la Méditerranée et la Manche se transforment en cimetière pour ces centaines de réfugiés venus en Europe pour trouver un refuge, un avenir et la paix. (...) Dès mon élection, j'engagerai une discussion dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, une discussion en vue d'une répartition équilibrée des réfugiés entre les différents pays", a exhorté la socialiste.

Anne Hidalgo veut régulariser "les personnes sans papiers établies en France depuis un long délai, disposant d'un travail et d'un logement".

"Une fois la décision prononcée, ceux qui n'ont pas vocation à rester doivent être reconduits chez eux. Nous renégocierons avec les pays d'origine, les conditions de leur rapatriement", a poursuivi la candidate. "Clarifiée, cette politique doit être doublée d'une lutte active contre les passeurs, les réseaux, ces profiteurs de misère, et bien sûr d'une aide au développement accrue en faveur des pays de l'émigration", a-t-elle également défendu.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV